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L'histoire d'Elia Fontaine, basketteuse belge de 18 ans, amputée à cause du Covid-19

Le 18 mars dernier, Elia Fontaine, joueuse de basket belge de 18 ans, contracte le coronavirus. Mais pour elle, il ne s’agit pas d’une forme asymptomatique, comme la plupart des jeunes contaminés, bien au contraire. Elle reste dans le coma plus de trois semaines et doit être amputée. Une épreuve que cette jeune femme ne pensait jamais avoir à vivre. Elia a accepté de nous raconter son histoire, en voici le récit.
Article rédigé par Apolline Merle
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 7min
Elia Fontaine, jeune femme belge de 18 ans, a dû être amputée après avoir développé une infection liée au covid-19.

Le 18 mars 2020, la vie d’Elia Fontaine, jeune basketteuse belge de 18 ans, bascule. Ce jour-là, la jeune femme, originaire de Wanze, commune située dans la région wallonne dans la province de Liège, au sud-est de Bruxelles, contracte le coronavirus. Si les formes graves de Covid-19 sont rares chez les jeunes, elles existent. “Ce 18 mars, je me suis sentie mal, j’avais froid et j’avais la nausée. On a pris ma température et le thermomètre affichait 32,4°. Mes parents m’ont alors emmenée à l’hôpital”, raconte Elia. Mais son état ne s’améliore pas. Dans la nuit du 18 et 19 mars, les médecins la plongent dans le coma. “Je suis restée plus de trois semaines dans le coma. Une machine remplaçait la fonction de mon cœur et de mes poumons”, confie la joueuse de l’Union Huy Basket, équipe évoluant en Régionale 2.

Ce n’est que le 15 avril que la jeune femme sort du coma. “Quand je me réveille, je ne comprends rien. Je vois juste la date. Quand je suis arrivée à l'hôpital, il n'y avait que 4 décès liés au Covid-19, quand je me réveille, il y en avait plus que 4000", se rappelle Elia Fontaine. “Physiquement, je me sentais très faible. J’arrivais à peine à tourner la tête et je ne pouvais plus parler car j’avais une trachéotomie qui m’en empêchait. Ma maman a pu venir me voir et m’a expliquée ce qui s’était passé. Ça a été très dur d’assimiler toutes ces choses... Il a fallu plusieurs jours pour que je comprenne ce qui m’était arrivé”, se souvient Elia Fontaine. A son réveil, la jeune femme découvre qu’elle a dû être amputée des orteils à cause d’une infection. “Les médecins m'ont expliqué que c’était une question de vie ou de mort”, précise Elia.

“Je ne pensais jamais devoir prendre cette décision à 18 ans” 

Mais cette première opération se révèle vite insuffisante. Au fur et à mesure, son pied n'est plus fonctionnel et n’a plus de sensibilité. Son état se dégrade et Elia Fontaine doit prendre une décision difficile. "Les médecins m’ont donc expliqué que mon pied était considéré comme élément mort. Ils m’ont parlé de l’amputation tibiale. J’étais seule dans ma chambre à ce moment-là et je me suis effondrée, parce que je ne pensais jamais devoir prendre cette décision à 18 ans”, témoigne la jeune femme. “Instinctivement, j'ai pensé au basket, c'est mon sport, et au fait que j’allais devoir arrêter. Je me suis dit : 'est-ce que je vais pouvoir jouer au basket alors que je n'ai plus de pied ?' Ça a été dur émotionnellement”, avoue Elia.

Plus de 60 000 euros récoltés 

Aujourd’hui, Elia Fontaine remarche grâce à une prothèse et continue la rééducation, commencée début juin. “Je me suis fait opérer le 25 mai, et le 22 juin j’ai remarché pour la première fois ! C’était vraiment un moment magnifique pour moi”, explique-t-elle. Malgré les épreuves que la jeune femme a dû vivre, elle reprend chaque jour des forces et avance petit à petit, avec un mental de fer. “Après plus de trois semaines de coma, j’étais vraiment au plus mal. Même tenir ma bouteille d’eau, je n’y arrivais pas. On perd très rapidement tous nos muscles. Aujourd’hui, je me sens très bien. Et chaque chose que je réussis à faire est une petite victoire pour moi. J'étais au plus mal alors, me voir évoluer un peu plus chaque jour est vraiment quelque chose d'incroyable pour moi !”, confie-t-elle. 

Pour l’aider dans cette épreuve, un de ses amis, Zakaria, a organisé une collecte de fonds afin qu’elle puisse bénéficier des prothèses adaptées, dont une pour jouer au basket, et également lui permettre d’effectuer des aménagements dans sa maison, comme celui de la salle de bain afin qu’elle retrouve son autonomie. Lancée le 12 juillet dernier, la cagnotte a dépassé son objectif, fixé à 50 000 euros. Zakaria a ainsi récolté 60 571 €. “L’élan de solidarité a été énorme. C’est incroyable. Je suis très émue. Tous les donateurs font aujourd’hui partie de ma vie et de mon avenir à tout jamais”, remercie Elia.

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Retrouver les parquets le plus vite possible

Sa détermination lui permet aujourd'hui de se relever de cette épreuve. Et à seulement 18 ans, son courage n’est plus à démontrer. “A partir du moment où j’ai fait mon choix à l’hôpital, je me suis sentie prête à affronter tout ça le plus positivement possible. Je me dis qu’après tout ce que j’ai vécu, l’amputation ce n’est pas grand-chose. Ça aurait pu être pire... Je le prends bien et mes progrès en rééducation me permettent de rester positive”, indique-t-elle. A présent, son but est de retrouver les parquets dès qu’elle le pourra.

Même peu de temps après son opération, la jeune joueuse, évoluant au poste d’ailier, n’était pas loin de sa passion, qu’elle a commencée à l’âge de 4 ans. “Au centre de rééducation de Fraiture, en Belgique (région wallonne dans la province de Liège), ils m’ont installé un panier de basket, donc j’ai pu un peu rejouer”, raconte-t-elle. D’ailleurs, elle n’a jamais perdu le contact avec son club, l’Union Huy Basket, et a même déjà parlé de la reprise. “Je commencerai d’abord en Provincial 2 pour espérer ensuite retrouver le Régional 2. Ils m’ont tous toujours soutenue et attendent mon retour”, souligne Elia Fontaine.

"Ma priorité est de retrouver les terrains de basket. Si j’y arrive, je pense que ça sera ma plus grande victoire"

Si elle rêvait de faire carrière dans le basket, Elia a aujourd'hui changé d’objectif. “Maintenant, ma priorité est de retrouver les terrains de basket. Si j’y arrive, je pense que ça sera ma plus grande victoire. En tout cas, je fais le maximum pour reprendre ma passion et retrouver mes coéquipières !”, espère Elia Fontaine, tout en prenant son temps. “Je ne veux pas précipiter les choses car mon corps a subi un lourd traumatisme et il faut qu’il récupère aussi." Avant de conclure, pleine d'espoir : "je veux vraiment reprendre ma vie là où je l’avais laissée le 18 mars.”

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