La France s'offre un cadeau empoisonné
Le Match
S'il y avait un scénario à éviter lors d'une dernière journée marquée par de nombreux calculs dans les différentes rencontres du jour, c'était bien celui-là. Car aller battre la Turquie dans son antre nécessitera un exploit encore plus grand que celui qui a valu aux Bleus de dominer le champion du monde espagnol lors de la première journée. Il faudra notamment affronter la furie de 15000 supporteurs et mettre à terre une formation toujours invaincue au premier tour. Même si la Turquie a plutôt réussi à la France ces derniers temps, comme au Mondial-2006 et aux Championnats d'Europe 2007 et 2009.
Les Bleus ont vraiment donné l'impression qu'ils n'en voulaient pas de cette victoire face aux Néo-Zélandais. Le plan était visiblement de terminer sur une défaite de moins de onze points pour finir troisième du groupe et tomber sur la Russie. Et résultat, une défaite de douze points... Manquant d'expérience et de sérénité, la France s'est brûlée les doigts en jouant à ce jeu là. Elle a laissé échapper dans les vingt dernières secondes, notamment après une grossière erreur de Nicolas Batum, une défaite respectable après avoir pourtant fait le plus dur en ramenant le déficit de quinze à sept points dans les dernières minutes.
Sur l'ensemble du match, la France a raté un nombre impressionnant de paniers de près et défendu deux fois moins fort que d'habitude, malgré le retour de Florent Pietrus. Avec 14 points de retard à la pause (25-39), la France n'a pu totalement se remettre à flots. Les 13 points de Bokolo et les 12 points de Gelabale n'ont pas été suffisant pour impulser l'équipe vers le haut. Après trois victoires lors des trois premiers matches, elle a perdu jeudi sa deuxième rencontre d'affilée, après celle, la veille, contre la Lituanie. Ce retour en arrière ne constitue en soi pas la meilleure manière de préparer un huitième de finale.
Les autres rencontres
L' Espagne et la Grèce, finalistes sortants, vont se retrouver dès les huitièmes de finale. Lors de sa défaite face à la Russie (73-69), la Grèce a visiblement tout fait pour éviter la deuxième place du groupe C en pensant ainsi esquiver l'Espagne. Mais la défaite de la France a complètement bouleversé la donne et finalement provoqué le choc entre le champion du monde sortant et son dauphin. L'autre grand choc opposera la Croatie à la Serbie, qui a soufflé la première place du groupe A à l'Argentine (84-82) malgré 32 points de Scola, le meilleur marqueur de ce premier tour. Un autre derby s'annonce brûlant, celui entre les deux équipes sud-américaines avec l'Argentine qui retrouve le Brésil, facile vainqueur de la Croatie (92-74) et qui compte comme l'un des outsiders du tournoi.
Ce sera probablement plus tranquille pour les Etats-Unis, opposés au modeste Angola, sans doute l'équipe la plus faible encore en lice avec la Chine qui affrontera la Lituanie de son côté. Il faudra donc sans doute attendre les quarts de finale pour en savoir davantage quant à leurs chances de décrocher leur premier titre mondial depuis 1994. En cinq matches, ils se sont imposés avec un écart moyen de 24,8 points mais leur premier tour recoupe des réalités bien différentes. En dominant la France qu'elle coiffe d'un point dans la triangulaire avec l'Espagne, la Nouvelle-Zélande s'offre, elle, le gros lot à travers une Russie affaiblie par les absences de Kirilenko, Holden et peut-être Khryapa. La Slovénie et l'Australie composent le dernier huitièmes de finale.
Réactions:
Nicolas Batum (ailier de l'équipe de France): "On a montré une sale, sale image du basket français aujourd'hui. On a trop pensé aux calculs, trop pensé à l'adversaire en huitièmes. On n'approche pas ce match comme il faut. On se bat bien en deuxième mi-temps mais dans l'euphorie c'était dur de les stopper. Dans les vestiaires on voulait gagner le match. Bon, au fur et à mesure on sentait que le match nous échappait. On a ce qu'on mérite."
Florent Pietrus (ailier-fort de l'équipe de France): "Individuellement et collectivement on n'était pas prêts. On fait peut-être trop attention à l'adversaire en huitièmes. On voulait gagner mais l'entame du match nous a montré le contraire. On n'a pas l'impression d'avoir joué un match à la vie, à la mort. Maintenant il faut assumer ce qu'on a fait et aller créer l'exploit face à la Turquie. On n'aura rien à perdre. Il faut qu'on montre une meilleure image. Depuis hier (mercredi) on donne l'image d'une équipe faible mentalement."
Vincent Collet (sélectionneur de l'équipe de France): "C'est une désillusion totale. Plus que le résultat c'est surtout la façon dont on a abordé le match, en particulier ce deuxième quart-temps. On a eu une attitude laxiste, confortable. Manifestement tout le monde n'avait pas compris la difficulté de ce match. Quand on l'a fait il était déjà un peu trop tard. Et sur la fin de match on a refait des erreurs presque inimaginables. Sur les dernières possessions on commet des erreurs successives. On ne fait pas la dernière faute à quinze secondes de la fin. C'est notre manque de maturité. Je pensais qu'on avait franchi un cap. Maintenant on est face à un Everest. Il faut qu'on digère tout ça. Faut qu'on fasse le point et qu'on tente l'exploit."
Boris Diaw (capitaine de l'équipe de France): "C'est dommage. Je pense qu'il y a des paniers +alléluia+ sur la fin de match, ça peut pencher d'un côté comme de l'autre. C'est avant ça qu'il fallait faire un meilleur match. On a baissé de régime. Aujourd'hui, on mérite d'être à la quatrième place, on joue de moins en moins bien, jour après jour. On a un peu sombré. Mais on sait que ce n'est pas fini."
Tableau des Huitièmes de finale
Samedi: Serbie - Croatie
Samedi: Espagne - Grèce
Dimanche: Turquie - France
Dimanche: Slovénie - Australie
Lundi: Etats-Unis - Angola
Lundi: Russie - Nouvelle-Zélande
Mardi: Lituanie - Chine
Mardi: Argentine- Brésil
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