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Mamignan Touré : "Les JO vont permettre au basket 3x3 de passer dans une autre dimension"

Les équipes de France féminine et masculine de basket 3x3 vont tenter d'obtenir leur billet pour les Jeux olympiques de Tokyo lors du tournoi de qualification olympique (TQO), à partir de vendredi à Vienne.

Article rédigé par franceinfo: sport, Apolline Merle
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5 min
La Française Mamignan Touré, championne d'Europe en 2018 et 2019, face à l'Espagne, le 1er septembre 2019. (ZSOLT CZEGLEDI / MAXPPP)

Le basket 3x3 fera partie des petits nouveaux cet été à Tokyo. Une intégration dans la famille olympique qui permettra sans doute à ce sport, né dans la rue, d'entamer une vraie professionnalisation. Mamignan Touré, 26 ans, joueuse de l'équipe de France et numéro 2 mondiale (lire plus bas), nous parle de sa discipline à la veille du début du tournoi de qualification olympique (TQO), qui se déroule du 26 au 30 mai en Autriche et sera diffusé en direct sur france.tv.

Les Françaises affronteront les États-Unis, l'Allemagne, l'Uruguay et l'Indonésie en phase de poules. Les deux meilleures équipes se qualifieront en phase finale. Pour obtenir un ticket pour les JO, les Françaises devront atteindre et gagner une demi-finale ou remporter le match pour la troisième place.

>> Le basket 3x3, qu'est-ce que c'est ? La réponse en vidéo

Qu'est-ce qui vous a donné envie de jouer au basket 3x3 ?
Mamignan Touré : La première chose que j'ai aimée, c'est la liberté d'expression offerte par le jeu ainsi que l'autonomie sur le terrain. On a aussi une grande responsabilité. On ne peut pas se cacher car nous ne sommes que trois sur le terrain. Donc on ne refuse pas un shoot, il faut le prendre avec confiance. C'est aussi un jeu très intense.

Dans quel état d'esprit se trouve l'équipe de France à la veille de ce TQO ?
On est déterminées. C'est un objectif qu'on souhaite atteindre depuis plusieurs années maintenant. En 2017, le basket 3x3 a été ajouté aux compétitions olympiques. Alors, pour nous, à ce moment-là, c'était l'obtention d'un Graal supplémentaire qui nous a confortées dans notre amour de cette discipline. Depuis 2017, on charbonne pour essayer de gagner le maximum de points. Malheureusement, on n'en a pas eu assez pour se qualifier directement pour les Jeux. Mais on a quand même la chance d'avoir le TQO. On est vraiment motivés. Même si le challenge est dur, l'objectif est toujours atteignable.

Qu'est-ce que cela représente pour vous de faire partie de la première équipe de France 3x3 qui pourrait aller aux Jeux olympiques ?
En tant qu'athlète évidemment, aller à Tokyo, concourir pour aller chercher une médaille, c'est vraiment l'objectif principal. Tout le chemin qu'il y a eu en amont pour en arriver là m'anime, et je suis fière de dire que nous sommes en campagne olympique. Toutefois, je suis plutôt du genre à avancer étape par étape. Donc on a déjà un premier challenge avec le TQO. Et si on arrive à se qualifier, là ce sera vraiment le top.

Est-ce que le fait de rejoindre la famille olympique peut, selon vous, permettre à votre discipline de franchir un cap et d'entamer une vraie professionnalisation ? 
Le fait de devenir un sport olympique lui permettra de passer dans une autre dimension, de passer d'un sport universel à olympique. Et je pense que ce nouveau cap va inciter beaucoup de nations à poursuivre leurs efforts dans le développement de cette discipline et dans la recherche de construction d'équipes ultra compétitives. Car aujourd'hui, il est difficile de combiner une double pratique [le 5x5 avec leurs clubs, Lattes-Montpellier pour Mamignan Touré, et le 3x3 avec l'équipe de France]. On ne peut pas pratiquer exclusivement le 3x3 car il n'y a pas de circuit professionnel. On ne peut donc pas encore en vivre professionnellement. Mais je pense, et j'espère, qu'avec l'aventure olympique, le 3x3 va aller un peu concurrencer le 5x5.

Les Françaises Marie-Ève Paget, Mamignan Touré, Laetitia Guapo et Ana Filip savourent leur trophée de championnes d'Europe de basket-ball 3x3, le 1er septembre 2019. (ZSOLT CZEGLEDI / MAXPPP)

Le basket 3x3 étant né dans la rue, pensez-vous à l'inverse que son arrivée dans les sports olympiques le fasse entrer dans un moule et qu'il y perde son esprit de liberté ?
Je pense que son arrivée dans la famille olympique n'est que positive. Le CIO a gardé son identité de From the streets to the olympics ("de la rue jusqu'aux Jeux olympiques"). On garde cette identité de playground (terrain de jeu), d'origine de "rue". Je ne pense pas que cette identité va se perdre. Sa différence avec le 5x5 est même pour moi une plus-value. D'ailleurs, d'autres sports comme le beach-volley ou le rugby à VII sont des sports avec une identité forte, et ils n'ont rien perdu en intégrant les Jeux.

Dans de nombreuses disciplines, les sections féminines ont été développées bien après celles de leurs homologues masculins. Cela a-t-il été le cas dans le basket 3x3 ?
Le basket 3x3 est une belle discipline car la mixité a été présente d'entrée. Il y a quelques années, il y avait encore des championnats du monde mixte, avec des équipes composées de deux femmes et deux hommes. L'équité a toujours été promue entre hommes et femmes, à l'image du ballon utilisé dans le 3x3, qui est une taille 6, donc la taille utilisée chez les femmes, avec le poids d'un ballon taille 7, utilisé pour les hommes. C'est dans cette perspective là que le 3x3 est en avance.

Après Tokyo, les Jeux de Paris en 2024 sont-ils aussi un de vos objectifs ? 
Oui, les Jeux à Paris sont forcément un objectif. On a évidemment envie d'aller chercher un titre à la maison. On a un groupe très compétitif, très fort, avec de très belles joueuses. On travaille dur et chacune mérite de pouvoir représenter la France au plus haut niveau. 


Le classement mondial individuel en basket 3x3 décrypté

Le classement individuel des joueurs et joueuses est un élément caractéristique du basket 3x3, bien qu'il s'agisse d'une discipline collective. Chaque joueur et joueuse a son propre classement, calculé à partir des neuf meilleurs résultats obtenus lors de compétitions jouées pendant les douze derniers mois.

Ce classement dépend de la performance de l'équipe – son classement final et ses résultats en phase de poules – ainsi que de la performance individuelle. Sur cette dernière donnée, la Fiba prend en compte les cinq matchs où chaque joueur ou joueuse a marqué le plus de points.

Chez les femmes, la France a la mainmise sur le classement puisque les trois premières joueuses mondiales sont françaises : Laetitia Guapo, Mamignan Touré et Ana Filip. Chez les hommes, le numéro 1 français, Kevin Corre, se situe au 49e rang mondial d'un classement largement dominé par les Lettons et les Serbes.

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