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Adam Silver : Jusqu’ici, tout va (très) bien

Héritier de David Stern, parti à la retraite en février dernier après 30 ans de règne, le nouveau patron de la NBA, Adam Silver, réalise pour l’instant un parcours sans accroc. A l’aube de sa première saison complète à la tête de la Grande Ligue, le néo-Commissionnaire peut déjà se targuer d’avoir géré l’affaire Sterling avec beaucoup de sang-froid.
Article rédigé par franceinfo
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Adam Silver lors de la dernière Draft NBA (MIKE STOBE / GETTY IMAGES NORTH AMERICA)

Avant de prendre les rênes de l’Association, le 1er février dernier, Adam Silver était ce personnage étrange, long, fluet mais étrangement charismatique que la foule acclamait tous les ans, le soir de la Draft. Alors que David Stern se faisait copieusement huer pendant qu’il annonçait les noms des trente premiers heureux élus, le grand chauve, inconnu du grand public, s’occupait de divulguer le second tour de la loterie sous les hourras de la foule.

Aujourd’hui, plus personne ne prend à la rigolade les annonces d’Adam Silver, le nouveau patron de l’une des ligues sportives les plus puissantes au monde. En quelques mois, l’ancien avocat, bras droit de David Stern depuis 1992 (c’est dire s’il connaît les affaires courantes du Championnat…) et depuis adoubé par son mentor, a su solidifier sa réputation et asseoir sa crédibilité auprès des dirigeants, des joueurs -même les stars- et du public NBA.

Sans pitié pour Sterling

Il faut dire que le nouveau Commissionnaire n’a pas eu droit à un round d’observation pour se mettre en jambes. Deux mois après sa nomination, il devait prendre en main la polémique provoquée par le propriétaire des Los Angeles Clippers, Donald Sterling. Dans un enregistrement, le milliardaire reprochait à sa compagne de se montrer "à côté de noirs", dont Magic Johnson. "Tu peux coucher avec, tu peux les faire venir chez toi, tu peux faire ce que tu veux avec eux, mais la moindre des choses est de ne pas en faire la publicité et les amener à mes matchs", entendait-on dans l’enregistrement rendu public par le site TMZ.

Devant la gravité des propos tenus et l’ampleur du scandale, Adam Silver n’avait pas fait dans la demi-mesure : donnant raison à la grande majorité des joueurs (dont ceux des Clippers) et de certains dirigeants NBA, le Commissionnaire décidait de suspendre Sterling à vie, lui infligeant en outre une amende maximale de 2,5 millions de dollars. Silver fera verser la somme à "des associations qui luttent contre la discrimination", car la NBA est "une ligue multi-culturelle et multi-ethnique". Premier gros coup de l’homme à la main de fer dans un gant de velours, dans la parfaite tradition de son prédécesseur.

Avec Isaiah Austin

Deux mois plus tard, le soir de sa première Draft en solo, Silver marquait une nouvelle fois les esprits en accueillant Isaiah Austin, jeune intérieur prometteur annoncé en NBA, à qui on venait de diagnostiquer une maladie rare incompatible avec la pratique du basket. Pour lui rendre hommage, le Commissionnaire l’invitait sur scène devant les caméras du monde entier pour lui offrir un travail dans la ligue.

Début octobre, il frappait un gros coup économique en signant un juteux contrat avec les principaux diffuseurs (ABC, ESPN, TNT) : 24 milliards de dollars pour les neuf prochaines années, soit une augmentation de 300% des droits TV annuels !

Vers la gestion d'un nouveau lockout? 

Pour autant, Adam Silver va bientôt devoir s'attaquer à des chantiers qui feront inévitablement polémique. Parmi les plus en vogue, il y a celui de la réduction (demandée par certains joueurs) de la durée de la saison régulière, voire de celle des matches. Pour parfaire l’internationalisation de la ligue amorcée et portée par David Stern, l’avocat a aussi intérêt à retrousser les manches : réussira-t-il à accomplir le rêve de son successeur en formant une division européenne sur le Vieux Continent ? Parviendra-t-il à endiguer l’explosion des salaires que risque d’entraîner la hausse des droits TV ? A réformer la loterie ? Comment se comportera-t-il à l’été 2016, date où le salary cap devrait considérablement augmenter ? Et en 2017, date de fin de l’accord collectif susceptible de provoquer un nouveau lock-out ? Pour continuer à régner, Silver devra aussi accepter de diviser.

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