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Covid-19 : après la bulle sanitaire, le retour du public en NBA ?

La NBA reprend ses droits après avoir conclu l'exercice 2019-2020 dans la bulle sanitaire d'un parc d'attraction à Orlando en Floride. Les franchises ont retrouvé leurs installations et vont réellement jouer à domicile cette fois. Mais avec la crise du coronavirus toujours en cours, la présence du public est un des grands points d'interrogation de la saison.
Article rédigé par Loris Belin
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 5 min
La salle des Minnesota Timberwolves, le Target Center, sans spectateur durant un match de pré-saison contre les Memphis Grizzlies le 12 décembre (HANNAH FOSLIEN / GETTY IMAGES NORTH AMERICA)

Après la bulle, le beau temps ? Si seulement… Un peu plus de deux mois après le sacre des Los Angeles Lakers dans un parc d'attraction privatisé et aseptisé par la NBA, la Covid-19 est loin d'avoir disparu du paysage. Il en fait désormais partie prenante, et oblige les ligues sportives du monde entier à s'adapter, voire à se réinventer. Dans cet exercice de style, le championnat nord-américain a fait fort avec un modèle inédit au succès indéniable. Le niveau de jeu était au rendez-vous avec des play-offs palpitants. Surtout, toutes les mesures préventives contre le virus se sont avérées efficaces, avec aucune contamination sur site. 

Mais le sport ne peut être condamné à rester sous cloche. Pour les émotions tout d'abord, car rien ne vaudra les frissons d'une place en tribunes pour tout spectateur. Pour le portefeuille de la NBA aussi, et surtout. La bulle floridienne a été une rustine de grand luxe. Elle a permis à la ligue d'éviter 1,5 milliard de dollars supplémentaires de perte. Mais elle n'a pas non plus été la solution miracle avec des audiences TV en berne (-37% en play-offs) et au moins 700 millions de dollars envolés suite à l'annulation de quelques 258 matches de saison régulière avant l'arrivée à Orlando. La NBA chiffre à 40% la part de ses revenus correspondant aux jours de match (billetterie, marchandising…). En cas de saison à huis-clos, ce sont autant de pertes d'ores et déjà garanties et un modèle économique intenable sur la durée.

Toronto contraint de "squatter" à Tampa Bay 

Le retour des supporters est donc d'autant plus attendu. Et vite. La NBA a déjà annoncé que l'expérience des "fans virtuels" en visioconférence depuis chez eux et diffusés sur des écrans comme dans les salles de la bulle d'Orlando n'était plus la priorité. Mais cette belle volonté du basket d'avant, tout du moins en gradins, se heurte à une situation sanitaire encore difficilement maîtrisée outre-Atlantique. Les Memphis Grizzlies qui escomptaient remplir environ 20% de la capacité de leur salle (3600 spectateurs) ont vu leurs espoirs réduits à néant dimanche dernier, suite à la recrudescence des cas ces derniers jours dans le Comté de Shelby où se situe la ville.

Cette crise est d'autant plus compliquée pour la ligue qu'elle reste totalement dépendante des décisions des Etats, et non d'une directive commune à tout le pays. Le Texas autorise les formations sportives à remplir jusqu'à 50% de la capacité de leur salle, pendant que l'Ohio a placé la jauge à 300 spectateurs pour toutes les manifestations sportives, peu importe la taille des enceintes. Malgré leurs efforts, seules six des trente franchises vont ainsi pouvoir accueillir du public à la reprise :

• Houston (Texas), environ 25% de la capacité de la salle (4500 spectateurs),
• New Orleans (Louisiane), environ 4% de la capacité de la salle (750 spectateurs), 
• Utah, environ 1500 spectateurs, 
• Cleveland (Ohio), 300 spectateurs,
• Orlando (Floride), jusqu'à 4000 spectateurs (après 5 matches "d'adaptation" a expliqué la franchise),
• et Toronto (Floride), jusqu'à 3800 spectateurs.

La présence des Toronto Raptors sur le sol américain n'est pas une faute de frappe. Mais face à l'impossibilité de pouvoir disputer une saison entre les Etats-Unis et le Canada, avec ses quarantaines obligatoires lors de chaque passage de la frontière, le champion NBA 2019 n'a eu d'autres choix que de "crécher" temporairement à Tampa Bay. La NBA a déjà anticipé le cas similaire d'une aggravation locale de la situation. Si ESPN assure qu'il n'existe pas de "liste officielle", ces alternatives ont été évaluées et le seront également à l'avenir "sur la seule base des questions de santé et de sécurité" précise le média américain. Tant pis pour les fans qui seraient alors privés de leur équipe de cœur quelque temps.

Un plan à 30 millions de dollars la saison ?

Sans les supporters, les rentrées d'argent se raréfient pour la ligue, qui n'envisage désormais pas un retour à la normale, avant… la saison 2021-2022. Si certains, comme le propriétaire des Dallas Mavericks Mark Cuban, se montrent plus optimistes avec l'arrivée des premiers vaccins sur le marché, la propagation du virus reste difficilement prévisible. "Nous procédons à une abondance de précaution et nous faisons notre rôle afin de maintenir la santé et la sécurité de toutes les personnes concernées durant cette crise, se sont expliqués les Phoenix Suns. Cela dit, nous allons surveiller les meilleures données et avancées scientifiques disponibles, et nous allons continuer de consulter des professionnels de la santé et les représentants publics pour nous aider à déterminer quand il sera prudent de ramener le public dans la salle." Alors, aux grands maux, grands remèdes.

La franchise de Golden State s'est dite prête à mettre les moyens et un plan à 30 millions de dollars la saison. Le propriétaire des Warriors Joe Lacob, diplômé en épidémiologie et qui a fait fortune dans la biotechnologie, avait ainsi émis l'idée de contrôler (via des tests PCR ultra-rapides en 15 minutes) toutes les personnes entrant dans le Chase Center de San Francisco, afin de le remplir à moitié de sa jauge.

"On ne peut pas faire vivre la NBA s'il n'y a pas de fans, avait insisté Jacob à ESPN. On peut le faire pour un an, à la limite. Mais imaginez que la situation n'ait pas changé dans un an. Les dégâts financiers seraient trop importants pour beaucoup de gens."

La proposition a été vite retoquée par le département de la santé publique de San Francisco face à la croissance encore importance de la Covid-19. Pour la franchise de la Baie, une saison avec des tribunes vides signifierait un manque-à-gagner de 50 millions de dollars de recettes. En y ajoutant toutes les pertes liées à la situation, l'addition devient particulièrement salée : jusqu'à 650 millions de dollars estime Joe Lacob.

Face à l'incertitude, la NBA n'a pas d'autres choix que d'avancer à tâtons. Elle va tout de même tenter d'être à nouveau en avance dans sa gestion de la pandémie. La ligue a choisi de ne pas faire de la bulle un modèle pérenne, mais elle a néanmoins procédé à des ajustements. Un protocole d'une rigueur drastique (134 pages de guide ont été envoyées aux franchises) a été mis en place. Tous les spectateurs dans les salles devront porter un masque et se tenir à plus de deux mètres d'un autre groupe de personnes. Alors que certaines équipes s'affrontent jusqu'à quatre fois dans une saison régulière, la NBA a rapproché ces affrontements directs au calendrier pour que deux affiches identiques aient lieu consécutivement, et ainsi réduire les déplacements comme vecteurs de contamination. Les matches pourront être reportés ou annulés au dernier moment si besoin est. Avec, ou sans public.

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