LaMarcus Aldridge, arrête-le si tu peux
Kevin McHale a tout tenté. Après la petite claque reçue il y a trois jours, le coach des Rockets s’était promis de ne pas recevoir la même leçon au match 2. Il a donc intimé à Dwight Howard l’ordre de se montrer plus agressif en attaque, et exigé de tout son bloc défensif de venir gêner davantage la tour de contrôle de Portland (2,11m). LaMarcus Aldridge a donc d’abord eu sur son dos un "D12" aggressif, provocateur et déterminé à justifier son statut de triple meilleur défenseur de l’année (2009, 2010, 2011). Pour faire souffler sa star, McHale a ensuite envoyé au charbon le massif Omer Asik (2,13m, 116kg). Mais il n’y avait décidément rien à faire.
L'intérieur des Blazers a continué sa promenade de santé. Il a baladé Howard en lui présentant l’étendue de sa palette de mouvements dos au panier, car Aldridge est un joueur puissant et délié, qui possède des fondamentaux impressionnants en termes de placement et d’appuis. Il a écœuré Asik en l’emmenant loin de la raquette, là où le pivot turc n’est pas à l’aise mais où Aldridge s’éclate car son tir mi-distance est d’une efficacité dévastatrice, même contesté. Les supporters du Toyota Center, refroidis, n’avaient plus qu’à constater les dégâts : 43 points à 18/28 pour "LMA", et une nouvelle défaite des Rockets (112-105) qui, bien que mieux classés en saison régulière, se retrouvent déjà dos au mur.
Voir sur Twitter
Aldridge (44,5 points et 13 rebonds de moyenne après deux matches de playoffs à l’extérieur), fait lui le bonheur des statisticiens qui doivent revenir plusieurs années en arrière pour retrouver pareilles performances. Il est ainsi le premier joueur, depuis LeBron James en 2009, à enchaîner deux matches de playoffs à plus de 40 points. Le dernier à passer deux fois de suite le seuil des 43 unités ? Tracy McGrady, il y a onze ans. En inscrivant 89 points lors des deux premiers matches d’une série de playoffs, il rejoint même une caste rare, où seuls Michael Jordan, Jerry West et Allen Iverson ont fait encore mieux.
Il n'a jamais passé un tour de playoffs
On avait pourtant déjà oublié les qualités de Portland et de son intérieur. Auteur d’un deuxième tiers de saison fabuleux (26,1 points et 13,1 rebonds de moyenne en janvier), Aldridge avait ensuite suivi la dynamique de sa franchise en levant le pied. Il était sorti des discussions pour le trophée de MVP, en même temps que les Blazers avaient perdu l’étiquette de sérieux outsider à l’Ouest. Un temps, on a même douté de leur qualification pour les playoffs. Comme on a longtemps remis en question les qualités de leader d’Aldridge, joueur toujours solide mais jamais franchise player, incapable de porter les siens plus haut qu’un premier tour de playoffs.
Pourtant, le phénomène sait tout faire. Il a d’abord dominé par sa taille : adolescent, il était -de son propre aveu- "horrible, incapable de shooter", ne marquant des paniers que "parce que tous les autres étaient plus petits que (lui)". Il a ensuite appris à se placer sous le cercle, à shooter, et à utiliser sa robustesse pour devenir l’un des joueurs les plus complets du pays dès ses années universitaires. En 2006, c’est un phénomène physique -2,26m d’envergure, le deuxième joueur le plus long de l’histoire des Blazers- qui débarque en NBA, dans une franchise habituée au bas de tableau.
Avec Brandon Roy d’abord, puis aujourd’hui aux côtés de Damian Lillard et Nicolas Batum, LaMarcus Aldridge n’a cessé de progresser mais n’a jamais gagné. En huit saisons, il ne s’est qualifié pour les playoffs qu’à trois reprises. Il n’a jamais passé le premier tour, toujours sèchement sorti en six manches. Sa quatrième tentative sera peut-être la bonne : les Blazers mènent 2-0 avant les deux prochains affrontements dans la bouillante arène de Portland. Pour ne plus être en vacances dès le mois de mai, Aldridge, dans la forme de sa vie, rappelle qu’il doit "rester humble et affamé". James Harden est déjà au bord de la crise d’indigestion (14/47 aux tirs sur les deux rencontres).
Nous, on en redemande.
Voir sur Twitter
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.