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Miami-San Antonio : l’heure de vérité

Après avoir respectivement joué 102 et 104 matches en moins de huit mois, Spurs et Heat se disputent le trophée de champion NBA sur 48 petites minutes. Le « Game 7 » des Finales NBA, dans la nuit de jeudi à vendredi (3h) à Miami, conclut six affrontements de haute volée (3-3) aux scénarios parfois étourdissants. Qui de Tony Parker, en quête du quatrième titre de sa carrière, ou de LeBron James, à la poursuite d’un deuxième sacre d’affilée, sortira vainqueur ? Présentation du match de l’année en quatre questions-clés.
Article rédigé par franceinfo
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LeBron James et Danny Green à l'entre-deux (GARRETT ELLWOOD / NBAE / GETTY IMAGES)

Peut-on gagner un Game 7 à l’extérieur ?

C’est bien simple : dans le format actuel des Finales (2-3-2), jamais une équipe visiteuse n’a remporté le Match 7 de l’ultime série. Les Lakers en 1988 et en 2010, les Rockets en 1994 et les Spurs en 2005, poussés au bout des sept confrontations, ont tous gagné le match du titre devant leur public. Avant 1985, sous des configurations différentes, les Celtics (1969, 1974) et les Bullets (1978) avaient accompli l’exploit de s’imposer en dehors de leurs terres, trois exceptions parmi les dix-sept matches décisifs joués dans l’histoire des Finales NBA.

Le défi des Spurs s’annonce donc immense, d’autant que le Heat est irréprochable à la maison cette saison régulière. Avec 4 petites déconvenues pour 37 succès à l’Americain Airlines Arena, le Heat est de loin l’équipe la plus solide à domicile de toute la ligue… bien qu’elle ait montré des signes de faiblesse lors des phases finales. Depuis un mois, Chicago, Indiana et San Antonio ont ainsi tous quitté l’antre de LeBron James avec une victoire dans la poche.

LeBron James sera-t-il à la hauteur ?

LeBron James

Rares sont les joueurs, dans l’histoire de la ligue, qui ont supporté autant d’attentes – du public, des médias, mais aussi de ses coéquipiers – que LeBron James. L’homme à tout faire de Miami (23,3 points, 10,7 rebonds et 7,5 passes décisives de moyenne dans ces Finales), clé de voûte de l’effectif d’Erik Spoelstra, n’a tout simplement pas le droit à la moindre erreur. Une défaillance, même le temps d’une mi-temps, et c’est tout le Heat qui s’écroule. Un mauvais match, et le public se fait une joie de lyncher « l’ennemi public numéro un » outre-Atlantique. Un statut lourd à porter pour ce phénomène physique aux statistiques éblouissantes, capable d’évoluer aux cinq postes, mais si frustrant par moments. 

Trop jeune lors des Finales 2007 (4-0 contre San Antonio), encore trop tendre en 2011 (4-2 contre Dallas), LeBron James est arrivé à maturité l’an passé. Champion NBA pour la première fois de sa carrière, il a peaufiné son basket pour gagner en régularité et peser dans les moments chauds. Pour autant, le « King » a encore tendance à déjouer : lors du Match 6, il réalise trois quart-temps indignes de son rang, avant de prendre les choses en main pour écraser la quatrième période de son talent. Puis, dans la dernière minute, il perd deux ballons et dévisse un shoot décisif… avant de sauver la peau du Heat derrière l’arc pour terminer en triple-double. Pour montrer son « vrai » visage lors du Match 7, James devra oser prendre ses responsabilités, provoquer les fautes des Spurs, jouer avec agressivité pendant 48 minutes, et vite se mettre en confiance pour empêcher Kawhi Leonard ou Boris Diaw de le ralentir. Il renforcerait ainsi son statut de joueur le plus prolifique de l’histoire NBA (près de 32 points de moyenne) dans les matches à élimination directe. Bien que dans son cas plus encore que dans un autre, sans la victoire au bout, les chiffres ne signifient pas grand-chose.

Les Spurs sont-ils cuits ?

Il ne s’agit évidemment pas de se demander si le trio de leaders trentenaires de San Antonio (Parker, 31 ans, Duncan, 37, Ginobili, 35) possède encore les jambes pour évoluer au top niveau. Qualifiés pour les Finales après avoir battu les géants blessés de Los Angeles (4-0), les jeunes feux follets de Golden State (4-2) et l’armada de Memphis (4-0), les Spurs ont joué cette année encore avec la même énergie, ou presque, que lors du sacre de 2003. Mais le Match 6, dans la nuit de mardi à mercredi, a laissé des traces. Avec 5 points d’avance à moins de 30 secondes du buzzer final, les Texans avaient une main sur le trophée Larry O’Brien. Les organisateurs du match, dans l’arène floridienne, en étaient tellement convaincus qu’ils avaient commencé à préparer le vestiaire des Spurs pour le titre, et entouré le parquet d’une bande jaune de sécurité en vue des célébrations. C’était avant que LeBron James puis Ray Allen, en quelques secondes, n’offrent au Heat un sursis salvateur.

Un gros coup sur le casque des joueurs de Popovich, dévastés après la rencontre. Éreintés physiquement, à l’image d’un Duncan héroïque en première mi-temps (25 points) et transparent en deuxième, mais surtout mentalement. « Dure défaite », confiait Parker à l’issue de la rencontre. « On a loupé une belle opportunité. Il faut trouver les moyens d’oublier et de rebondir. C’est difficile à digérer, mais on n’a pas le choix ». Pour se remobiliser, toute l’équipe s’est retrouvée au restaurant, où a été évoquée l’incroyable défaite subie par Parker et Diaw, sous le maillot tricolore, contre la Grèce en demi-finale de l’Euro 2005.  Défaits après avoir menés de 7 points à 30 secondes de la fin, ils s’étaient remobilisés le lendemain pour décrocher le bronze. Une expérience dont ils feraient bien de s’inspirer pour surmonter l’épuisement.

Qui pour jouer le rôle de facteur X ?

Danny Green shoote sur Ray Allen

Tout au long des six premiers affrontements, Spurs et Heat ont certes pu miser - sans régularité d’ailleurs, à l’image de Wade et Ginobili - sur leurs deux « Big Three », mais se sont également appuyés sur leurs seconds couteaux. Ces derniers ont même parfois joué un rôle plus important que les cadres des deux franchises. Lors du Game 3, à San Antonio, Tony Parker a pu tranquillement se reposer, effacé par l’adresse insolente de Danny Green (27 points) et Gary Neal (24 points), généralement habitués aux rôles de faire-valoir. Côté Heat, Mike Miller (Game 2) ou Shane Battier (Game 6) se sont avérés extrêmement précieux en sortie de banc. Une action suffit parfois, comme le tir miraculeux de Ray Allen mardi soir.

Parmi tous ces « roles players », l’apport de Danny Green, le plus important d’entre eux (il a même battu le record du nombre de tirs à trois points réussis sur une Finale NBA) sera sans doute le plus décisif. Absent lors du Match 6 (3 points à 1/7), il a brillé lors des deux derniers succès des Spurs (24 et 27 points), jusqu’à se faire une réputation de potentiel MVP des Finales. S’il sort vainqueur de son duel avec les gâchettes du Heat (Ray Allen notamment, aux nerfs les plus solides), San Antonio prendra une option.

A l’inverse, accoutumés aux premiers rôles, Manu Ginobili et Chris Bosh ont déçu, l’un trop inconstant, l’autre trop concentré dans ses tâches défensives face à Tim Duncan. Quasi-absents des schémas offensifs lors du dernier match, leur capacité à réagir cette nuit s’annonce déterminante. Preuve, s’il le fallait encore, que la NBA n’avait pas vu telle opposition, si intense et indécise, depuis bien longtemps.

Vidéo: A un match du sacre

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