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NBA : l'histoire de Kobe Bryant avec la France

Disparu tragiquement ce dimanche soir, Kobe Bryant possède une histoire peu connue avec la France. Dans son enfance, la légende américaine de la NBA a vécu quelques mois à Mulhouse. Son père, Joe Bryant, jouait alors pour le club alsacien. Décrit par ceux qui l'ont connu comme un enfant poli et attachant, le jeune Kobe était déjà un fou amoureux du basket. Témoignages.
Article rédigé par Théo Dorangeon
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 7min
 

Beaucoup peuvent dire qu'ils ont joué avec ou contre Kobe Bryant. Des centaines de joueurs NBA ont eu cette honorable expérience, désagréable le plus souvent pour les adversaires. Thierry Jung peut aussi s'en vanter. Car oui, cet Alsacien de 63 ans a longtemps tapé la balle avec la star américaine, décédé tragiquement dimanche dans un crash d'hélicoptère. C'était au début des années 1990, une époque où Kobe n'était encore qu'un garçon, loin de la gloire que tout le monde connaîtra. 

En 1991, "l'histoire a commencé avec une réservation pour un joueur américain, en l’occurrence Joe Bryant ", nous raconte Thierry Jung, responsable technique du complexe hôtelier l'Espace Squash 3000 de Mulhouse. Joe Bryant, c'est le père de Kobe. A 37 ans, ce joueur américain passé par la NBA allait vivre sa dernière aventure professionnelle au club de Mulhouse. "Fin juillet, un transporteur italien a débarqué pour déposer des affaires, des valises, un flipper, plein de choses. Ils ont posé ça sur le parking. On s'est débrouillé avec, conte Thierry Jung. Deux jours après, Joe, avec sa femme, ses deux filles et Kobe, est arrivé."

"Il avait toujours un ballon de basket avec lui"

La famille Bryant débarquait alors d'Italie, de Reggio Emilia précisément. Durant sept années, Joe Bryant a évolué dans différents clubs italiens, et le jeune Kobe suivait le parcours de son père. Agé de treize ans, il arrivait donc dans la commune française, sans parler la langue de Molière. Bien entendu, le garçon découvrait une nouvelle ville, un nouveau pays. Mais vite, il a trouvé le lieu où il allait passé des heures et des heures.

Thierry Jung, qui gérait le complexe hôtelier où vivait la famille américaine, se souvient : "On avait un terrain de basket, et j'y jouais parfois dans la semaine. Quelques jours après l’arrivée des Bryant, je vois ce gamin arriver et me dire : 'Est-ce que je peux jouer au basket avec toi ?'". En anglais, évidemment."J'ai répondu simplement que oui. J'ai vite compris qu'il avait beaucoup de talent. Il était phénoménal. En un contre un, j'étais minable car il avait déjà une certaine technique."

Cette habileté balle en main, déjà, Kobe l'a travaillée inconsciemment au quotidien. Pas encore le bourreau de travail qu'il est devenu par la suite, il tâtait pourtant le ballon chaque jour. "Kobe avait plein de basket dans les mains. Quand il se levait, prenait son petit-déjeuner, se baladait, il avait toujours un ballon de basket avec lui", note Thierry Jung. Jamel Benabid, coéquipier de Joe Bryant à Mulhouse, possède le même souvenir : "Quand j'ai vu la nouvelle de sa mort hier (dimanche), j'ai eu ce flash du garçon qui tapait la balle sans arrêt. Il venait souvent avec son père à l'entrainement. Il était sur le côté, toujours avec un ballon en train de dribbler, de shooter. Avant l'entrainement, Joe jouait avec son fils." L'ancien joueur mulhousien enchérit : "C'était en lui. On voyait qu'il était attiré par le basket. On voyait qu'il était doué. Mais de là à penser qu'il allait faire cette carrière...

"Il respirait la joie de vivre"

"Les Bryant vivaient à l’hôtel. Il y avait eu des plaintes, car les clients entendaient un ballon taper contre le mur ou au sol, en pleine nuit : c’était Kobe qui s’entraînait dans les couloirs", nous confiait Chris Singleton, alors entraîneur de Mulhouse, dans notre grand format sur Kobe Bryant. «On voyait déjà le feuIl voulait défier tout le monde. Il allait souvent voir Jimmy Vérove (un joueur de Mulhouse) en lui disant ‘ball’. Ça voulait dire, ‘on joue’. C’était sa phrase. Il était vraiment différent, très mature. A 13 ans, il avait déjà ciblé ce qu’il voulait faire dans la vie : jouer en NBA».

Amoureux déjà de la balle orange, Kobe n'en restait pas moins un garçon attachant, selon les dires de ceux qu'ils l'ont connu. "C'était un gamin très aimable et très poli. Il allait rentrer dans l'adolescence. Il était très gentil. Même sur le terrain, il était respectueux", dépeint Thierry Jung. "C'était un garçon qui respirait la joie de vivre. Il était attachant et pas timide", confesse Jamel Benabid.

S'il vivait à Mulhouse avec sa famille, le jeune Kobe n'a pourtant pas connu l'école en France. "Son père était venu me voir. Il lui fallait une école pour ses enfants, qui ne parlaient pas français", explique Thierry Jung.". Mon épouse travaillait à l'école de commerce à Bâle. Par son intermédiaire, on a trouvé l'école américaine de Bâle." En 2017, lors d'un passage à Paris, Kobe Bryant avait été interrogé sur sa courte vie en France. "Ce sont de très bons souvenirs", avouait alors le néo-retraité. Mais il regrettait avec ses sœurs de ne pas être allé dans une école française. "Nos parents ne voulaient pas car nous étions trop âgés. Mais on voulait baigner dans cette culture."

Mais le passage de la famille Bryant en France fut assez bref. Seulement quelques mois. "Début 1992, le club s'est séparé de son père, indique Thierry Jung. Quand la famille est partie, Joe m'a dit 'tu nous a rendu des services, tu nous as aidés, est-ce qu'il y a un service que je peux faire pour toi ? Qu'est-ce qui te ferait plaisir ?' Je lui ai dit que j'aurais aimé une paire de baskets, quand il jouait à Philadelphie. Quelques mois après, j'y pensais plus, j'ai reçu les baskets de Joe."

Toutefois, Thierry Jung et Jamel Benabid n'ont jamais revu Kobe Bryant par la suite. Mais sans jamais l'oublier pour autant. "Je suivais sa carrière en NBA, je regardais les matches à la télévision", confie Thierry Jung. "Quand j'ai su qu'il était décédé, j'ai eu un profond malaise, j'étais sidéré. Tous les souvenirs me sont revenus. Je revois le gamin devant moi." Pour l'homme de 63 ans, Kobe restera cet enfant de 13 ans qui lui a demandé de jouer au basket avec lui.

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