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Sterling met le feu aux Clippers !

Depuis la révélation de ses propos racistes à l'encontre de Magic Johnson et des noirs, le propriétaire des Clippers Donald Sterling est dans l'œil du cyclone. Les condamnations s'enchaînent et la NBA va ouvrir une enquête. On en oublierait presque que l'équipe de Los Angeles dispute le 1er tour des playoffs face au voisin californien Golden State.
Article rédigé par Xavier Richard
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 5min
Donald Sterling, le propriétaire des Clippers (ROBYN BECK / AFP)

A LA, on ne parle plus beaucoup de basket. En plein playoffs où sont engagés les Clippers, la balle orange a été éclipsée par un sujet brûlant : le racisme. Plus vieux propriétaire d'une franchise NBA (Il a acheté les Clippers en 1981, ndlr), le patron des Clippers Donald Sterling s'est "lâché" lors d'une conversation avec sa maîtresse V. Stiviano. La jeune femme d'une vingtaine d'année a enregistré Sterling lui reprochant d'avoir publié une photo avec l'ancienne gloire des Lakers Magic Johnson. "Sur ton Instagram de merde, tu n'as pas à te montrer à côté de noirs. Tu peux coucher avec (des noirs), tu peux les faire venir chez toi, tu peux faire ce que tu veux avec eux, mais la moindre des choses est de ne pas en faire la publicité et de les amener à mes matches", avait-il notamment lancé à sa maîtresse, elle-même d'origine mexicaine et noire américaine. La publication de cet enregistrement par le site people tmz.com a immédiatement mis le feu aux poudres.

Sterling est un récidiviste

Ce n'est malheureusement qu'une déclaration de plus dans la sombre carrière de Donald Sterling jonchée de procès pour racisme. En 2006, le milliardiaire avait été poursuivi par le département de la justice des USA pour discrimination. Sterling avait imposé des critères de race pour louer des appartements dans ses immeubles, domaine où il a fait fortune. Il refusait notamment l'accès aux non-Coréens dans le quartier de Koreatown et aux Afro-Américains à Bervely Hills. Les Hispaniques étaient également montré du doigt car ils "fument, boivent et flânent autour de l'immeuble » tandis que « les locataires noirs ont des odeurs et attirent la vermine". L'affaire s'est réglée avec une amende de 2,7 millions de dollars et le paiement de la totalité des frais d'avocat. Habitué des remarques racistes jusque dans son club des Clippers, Sterling a longtemps évolué en toute impunité, s'offrant même le "luxe" d'insulter ses joueurs comme l'a révélé Baron Davis. En 2009, l'un des dirigeants Elgin Baylor a accusé son patron de l'avoir viré en raison de sa couleur de peau. Il ne manquait qu'un coup de vent pour attiser ces mauvaises braises.

Condamnations en série

De Barack Obama au syndicat des joueurs, dont le président est Chris Paul, un joueur des Clippers, les commentaires indignés ont plu sur Sterling qui se terre depuis samedi. L'affaire ne devrait pas en rester là puisque la NBA a diligenté une enquête. Son nouveau président Adam Silver veut authentifier le document audio et auditionner Sterling et V. Stiviano avant d'infliger des sanctions. La plupart des acteurs du basket sont unanimes et demandent sa radiation de la NBA. Au cœur du débat, Magic Johnson demande ainsi qu'il "n'ait plus le droit d'être propriétaire d'une franchise NBA. Je le considérais comme un ami. Qu'il fasse des commentaires sur moi, sur les noirs américains et les autres minorités, c'est inacceptable dans notre société et dans notre Ligue." Autre grande figure du basket US, Michael Jordan, lui aussi propriétaire d'une franchise (Charlotte), a enfoncé le clou. "Je suis dégoûté qu'un autre propriétaire d'équipe puisse avoir des idées aussi offensantes et blessantes (...) En tant qu'ancien joueur, je suis totalement  scandalisé. Il n'y a pas de place en NBA et nullement ailleurs pour cela. Je suis simplement absourdi qu'une telle ignorance existe encore dans notre pays et au plus haut-niveau de notre sport, dans un championnat avec une majorité de joueurs noirs américains".

Et maintenant ?

Sur le parquet, la situation est bien plus compliquée pour les joueurs des Clippers, empêtrés dans un 1er tour serré contre les Warriors. "Ce n'est pas quelque chose qui nous met très à l'aise, mais notre meilleure façon de protester sera de gagner notre prochain match", avait déclaré l'entraîneur noir-américain des Californiens Doc River. Réunis en crise, les joueurs avaient décidé de jouer le match 4 mais en signe de protestation, ils ont jeté au sol leurs vestes portant le nom de leur équipe et revêtu un maillot sans inscription lors de l'échauffement. Durant le match, ils ont joué avec des chaussettes et brassards noirs. C'était visiblement trop lourd à porter puisqu'ils sont tombés à domicile 118-97. "Tout ce qui s'est passé ces dernières heures ne peut être une excuse pour cette défaite ", a insisté Doc Rivers. Tant que l'incendie ne sera pas éteint, les Clippers auront du mal à refaire surface. Absent du match 4, Donald Sterling va-t-il vendre sa franchise pour apaiser les tensions ? Pas le genre du bonhomme… Dans ses statuts, la NBA ne peut pas le contraindre à le faire sauf à prouver que son image nuit à la ligue. De ce côté, il y a davantage qu'un cliché Instagram contre lui.

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