Une enquête dénonce les mauvais traitements dans les académies NBA en Chine
La Ligue de basket nord-américaine a ouvert des académies à travers le monde en 2016, dont trois en Chine avec pour objectif de trouver "le nouveau Yao Ming", l'ancienne star chinoise des Houston Rockets. Un marché chinois qui représente 5 milliards de dollars pour la NBA, selon ESPN. Mais, dans l'enquête, de nombreux entraîneurs ont dénoncé des châtiments corporels, notamment dans l'académie NBA du Xinjiang (ouest), la vaste région où la Chine est accusée d'atteintes aux droits de l'Homme contre la minorité musulmane ouïghoure.
"Voir un enfant de 13-14 ans et son entraîneur de 40 ans qui le frappe: nous sommes complices."
La NBA assure avoir coupé les ponts avec le Xinjiang "depuis plus d'un an" mais la Ligue la plus populaire au monde continue de gérer des académies dans les provinces de Shandong et de Zhejiang (est), dans des installations sportives tenues par le gouvernement chinois. La plupart des anciens employés ont parlé dans cette enquête sous couvert d'anonymat car ils craignaient de nuire à leurs chances de trouver un futur emploi. Les responsables de la NBA ont demandé aux employés actuels et anciens de ne pas parler. Le média américain relève d'ailleurs que "dans un courriel adressé à un ancien entraîneur, un responsable des relations publiques a ajouté: 'Veuillez ne pas mentionner que la NBA vous a conseillé de ne pas répondre.'"
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Un ancien entraîneur a déclaré à ESPN avoir vu un homologue chinois lancer un ballon au visage d'un jeune joueur et lui "donner un coup de pied dans le ventre". "Voir un enfant de 13-14 ans et son entraîneur de 40 ans qui le frappe: nous sommes complices. La NBA est complice", a-t-il dit. Un autre, parti avant la fin de son contrat, explique : "Je ne pouvais pas continuer à me présenter tous les jours, à regarder ces enfants et à savoir qu'ils finiraient par devenir des chauffeurs de taxi".
L'éducation était censée être un élément central de ces académies mais aucun enseignement formel n'y était dispensé, selon ESPN. L'enquête décrit les conditions de vie exiguës, où les chambres destinées à deux personnes en accueillaient jusqu'à dix.
Relations tendues entre NBA et Chine
Selon Bruce Palmer, chargé d'évaluer ces académies pour la NBA, ce projet était "fondamentalement imparfait", les employés de la NBA étant placés sous autorité chinoise. Le commissaire adjoint de la NBA, Mark Tatum, a indiqué à ESPN que seule une "poignée" de plaintes pour abus avait été reçue, précisant que la Ligue "réévaluait" actuellement son programme d'académies en Chine. "Nous ne supervisons pas les entraîneurs locaux, les programmes ou les conditions de vie", a-t-il regretté, reconnaissant que la Ligue a été "moins impliquée que nous l'aurions voulu". Et d'ajouter : "Une des leçons que nous avons apprises ici est que nous devons avoir une surveillance plus directe et la capacité de faire des changements de dotation le cas échéant."
Cette enquête intervient à un moment où les relations entre la NBA et la Chine sont tendues. Depuis le mois d'octobre dernier, la chaîne de télévision publique CCTV a cessé de diffuser les matches de la NBA après un tweet d'un cadre des Houston Rockets en soutien aux manifestants pro-démocratie à Hong Kong.
Avec AFP
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