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Basket : grimés en noir, des supporters du club du Portel provoquent un tollé

La Ligue nationale de basket a annoncé avoir "pris acte" des événements, alors que trois supporters ont assisté au match entre Le Portel et Roanne déguisés, et la peau peinte en noir.
Article rédigé par franceinfo: sport, Loris Belin
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6min
L'intérieur de Roanne Yannis Morin lors du match entre son club de Roanne et Le Portel, en Betclic Elite, le 13 janvier 2023 (MAXPPP)

Le match du carnaval du Portel, habituelle fête populaire parmi les plus ferventes du basket français, a cette fois tourné à l'indignation. La rencontre, disputée samedi 4 mars entre l'ESSM et Roanne, pour le compte de la 22e journée de la Betclic Elite, a donné lieu à de vives réactions alors que plusieurs supporters du club des Hauts-de-France étaient en tribunes la peau peinte en noir. Ces incidents pourraient entraîner la saisine de la commission de discipline de la Ligue nationale de basket (LNB), a annoncé l'instance dimanche.

Cette rencontre du carnaval est l'habituel théâtre de manifestations joyeuses, entre déguisements et cotillons. Cette année, trois supporters portelois ont souhaité rendre hommage à l'ancien entraîneur assistant du club, Jacky Périgois, parti il y a quelques mois pour un nouveau projet professionnel en Martinique. Les trois hommes ont assisté au match déguisés en tenue traditionnelle et le visage peinturluré de noir, une pratique nommée "blackface". Un acte considéré comme raciste et qui trouve ses racines dans les spectacles parodiques du XIXe siècle, à l'époque de la ségrégation raciale aux Etats-Unis.

Trois supporters du club du Portel déguisés en habit antillais et grimés en noir lors du match contre Roanne, le 4 mars 2023. La photo, publiée dans un premier temps sur Twitter par l'utilisateur Vincent Coppin, a par la suite été supprimée. (Twitter)

"Lors de mon match contre Le Portel, j’ai eu le malheur de voir trois hommes en bord de terrain, peinture noire, rouge à lèvres rouge, perruques cheveux crépus, habits traditionnels antillais, a déploré l'intérieur roannais Yannis Morin sur Twitter. À quel moment en 2023 peut-on tolérer ce type de déguisement ?"

L'indignation s'est faite générale dans les rangs de la Chorale, de l'entraîneur Jean-Denys Choulet à l'ailier Maxime Roos. "Avoir des gens qui se déguisent en personnes noires, ce n'est plus possible, s'est révolté Maxime Roos à Activ Radio. Ca n'a jamais été possible, et ça l'est encore moins actuellement. C'est impossible que les joueurs du Portel cautionnent ça et que la direction du Portel cautionne ça. Je ne comprends pas." "Quand je rentre dans le vestiaire et que je vois Yannis Morin dans cet état-là, ça me fait chier" s'est pour sa part ému Choulet.

La réaction du Portel "en décalage" pour le président de la LNB

La Ligue nationale de basket a expliqué ce dimanche "prendre acte" des événements. "Le Comité Directeur se réunira mercredi, le 8 mars, afin de statuer sur les suites à donner et sur la possibilité de saisir la Commission Juridique de Discipline et des Règlements de la LNB" a-t-elle précisé. "Ce sont des choses que l'on se refuse d'accepter, a indiqué Alain Béral, président de la LNB, à Franceinfo: sport. On ne le laissera pas passer, jamais. Que ce soient des invectives, des banderoles, ou des agissements à caractère raciste. La Commission de discipline est très sensible là-dessus, on va revisionner tout ça et écouter tout le monde, qui sera convoqué." Cet accident sera suivi de faits, a promis Alain Béral sur franceinfo lundi. Il assure que "deux solutions" apparaissent à la suite de cet événement : "expliquer et sanctionner".

>> A lire aussi : "C'est inacceptable", s'insurge le président de la Ligue nationale de basket

Le club du Portel qualifiait pour sa part la polémique comme une "mauvaise interprétation" de l'hommage fait à Jacky Périgois. "La réaction du club est un peu décalée, considère Alain Béral. Ils ont répondu pour se défendre, mais les images que l'on a vues, ce n'est pas tout à fait ça…"

Interrogé par France Bleu Nord, le président portelois insiste, et ne l'entend pas de la sorte. "Je ne comprends pas la réaction de ce joueur, qui est le seul à s'offusquer d'ailleurs, il n'y a pas de quoi fouetter un chat", déclare Yann Rivoal qui va même plus loin en évoquant "la tradition ancestrale du carnaval qui ne fait de mal à personne". "Atterré par les réactions suscitées par le geste", Rivoal assure que le dossier est "complètement vide", ajoutant qu'"au moins ça occupera les instances dirigeantes".

Cet épisode intervient quelques semaines après des incidents racistes en Nationale 2. Le joueur de Metz Loïc Akono avait en effet été insulté de "bonobo" par un spectateur à Charleville-Mézières. Tout le mois de février durant, un message pour alerter le public était lu avant chaque rencontre disputée sur le territoire. "Cela passe par de l'éducation et par de la sanction, nous explique Alain Béral. On n'est pas là pour gérer la société française, on est là pour appliquer des choses essentielles dans nos enceintes. Qu'est-ce que vous voulez faire quand vous avez des gens qui se permettent ça ? On peut les sanctionner, les interdire de match comme cela a été fait dans d'autres sports. Il y a toujours des gens qui dérapent… Ces comportements partent d'un élément de bêtise basique. C'est de la bêtise humaine, au-delà de la bêtise même."

Les réactions, elles, restent vives depuis la rencontre, bien au-delà des deux clubs concernés. "2023, et ça parle encore d’humour et de "clin d’œil sympathique" face à un cas de blackface dans une salle de basket, a commenté Romain Leroy, coach assistant de Strasbourg. Éduquez-vous, et comprenez que vos actes ont une portée blessante et insultante." "Être antillais n’est pas un costume, être noir n’est pas un costume. Nous sommes en 2023, il est temps de prendre conscience que ce genre de choses choque et représente un manque de respect, s'est pour sa part émue Aurélie Batum, épouse de l'ailier de l'équipe de France Nicolas Batum. Vous aviez sûrement une bonne intention au départ mais à l’arrivée c’est un loupé."

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