Coincée dans l'antichambre de la Jeep Elite, l'ADA Blois dans une colère froide
Une chance sur deux, ou plutôt deux sur quatre. Parmi les quatre propositions mises sur la table par la LNB, deux auraient pu permettre à Blois d’obtenir son billet pour l’élite du basket français, le Graal après lequel les Abeilles courent depuis l’après-guerre (le club créé en 1907 n’a intégré une section basket qu’au lendemain de la seconde guerre mondiale).
A l’arrêt depuis plus de deux mois, les championnats professionnels n’avaient pas encore rendu leur verdict mais Blois avait survolé les débats pendant 23 rencontres sur les 34 que compte la saison régulière. L’ADA comptait deux victoires d’avance sur Quimper et un match en moins. Cette saison, en raison de la réduction annoncée de la Jeep Elite à 16 équipes, seul le champion à l’issue des playoffs gagnait le droit le monter. L’incertitude du sport que Blois espérait plier dans sa salle du jeu de paume.
L’incertitude était au bout d’une autre assemblée générale qui ne rentrera pas dans l’histoire. Un vote pour une drôle de révolution. Un oui pour une négation que Julien Monclar, le directeur sportif blésois, avait senti venir. " J’ai beau tourner la chose dans tous les sens, la solution consistant à tirer un trait sur 2019-2020, la saison blanche serait bien plus qu'une erreur : la négation de ce qu’est notre activité, de son sens, de son économie ", écrivait-il sur les réseaux quelques heures avant l’AG de la Ligue. " Voter la saison reviendrait à nier l’existence de cette saison sportive. (…) Quiconque a senti l’odeur d’un vestiaire, la détresse de la défaite ou le goût de la victoire ne pourra jamais accepter cela. Pas après avoir parcouru 70% du chemin. "
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L’AG avait certainement le nez bouché puisqu’elle a pris fait et cause pour la saison blanche (40 voix sur 75) provoquant un grand désarroi chez le président de Blois Paul Seignolle. "Je suis écoeuré, dégoûté, a soufflé le président de l'ADA. J’ai beaucoup d’amertume. C’est la pire résolution qui a été votée. Les véritables acteurs (les sportifs) n’ont pas été reconnus. Je suis déçu pour eux. La pilule est dure à avaler. J’ai honte de mes paires aujourd’hui. On a été de petits présidents à tous les niveaux. Le sport ne va pas en sortir grandi." Seignolle a aujourd'hui le sentiment de déranger dans le basket hexagonal face à des présidents "irrespectueux" et qui ne "cherche qu'à briller". "Il y a des gens dans le basket français qui n’ont pas trop de morale, ajoute-t-il. Je reprends les propos d’un grand monsieur du basket français Jacques Monclar, c’est la république des copains et des coquins."
Monclar a lui signifié sa « honte » sur twitter devant cette décision de la Ligue avant de reprendre de volée l’AG sur ses futures dispositions, un ranking sur les trois dernières saisons, pour éviter qu’une nouvelle saison blanche se reproduise. " Cette option, c'est la négation du fait sportif, des efforts fournis par toute une organisation, des blessures, de tous ceux qui ont perdu leur emploi à cause notamment de la pression venue avec l'exigence d'une saison à trois descentes en Jeep Elite ", a taclé le DS de Blois dans L’Equipe.
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Le ranking comme juge de paix, l’ADA ne demandait que cela après avoir terminé premier de Pro B en 2018. C’est aussi pour cela que la situation cogne dans les têtes blésoises, déjà sonnées par un autre refus extra-sportif alors que l’ADA avait gagné sur le terrain son passeport pour l’élite. Le champagne avait subitement eu un goût amer lorsque la LNB avait refusé l’accession à Blois pour un centre de formation non homologué alors que le dit-centre attendait l’agrément du ministère des Sports. En 2015, dans la même situation, Monaco avait pourtant été admis en Pro A.
" Le basket Français ne s’honore pas ", nous avait alors confié Paul Seignolle qui avait vu ses meilleurs joueurs quitter le Loir-et-Cher. « À ma connaissance, aucun club n'a traversé ce par quoi on est en train de passer, a lâché Monclar dans L’Equipe. C'est une accumulation délirante. On va recevoir beaucoup de messages de soutien, certains nous traiteront peut-être de pleureuses. Ce n'est pas le moment, mais un jour, bientôt, on mettra en exergue à quel point c'est un double scandale. » Après une saison de transition à reconstruire son effectif (7e), l’ADA avait vite retrouvé la bonne carburation. Il ne lui reste qu’à se remettre une nouvelle fois à l’ouvrage et tendre le ressort encore plus fort pour crever le plafond de verre de l'élite une bonne fois pour toutes.
Comme chaque année, Paul Seignolle va lui reprendre son bâton de pèlerin sur la route de St-Jacques de Compostelle. "Certains présidents qui m’ont manqué de respect me permettront d’avoir des sujets de méditation, indique-t-il en pensant à ses futures marches estivales. J’ai été découragé pendant une heure hier. Je me suis mis des grandes claques dans la gueule devant la glace en me disant non Paul tu n’a pas le droit vis-à-vis de ces gens-là de baisser les bras. Finalement c’est tout ce qu’ils attendent. " Touché par le Covid-19, le président de Blois est ressorti de cette épreuve plus combatif que jamais. " Que les gens de la LNB soit rassurés, ça m’a surmotivé. "
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