Nanterre en David, la SIG en Goliath
Ils devaient jouer le maintien, limiter les dégâts… et les voici en finale du championnat de France avec, qui plus est, de sérieuses ambitions. Depuis deux semaines, les joueurs nanterriens écrivent avec brio l’une des plus belles pages de l’histoire du basket français. Avant-dernier budget de Pro A, le club familial de la JSF s’est d’abord offert le scalp du BCM Gravelines-Dunkerque, premier de la saison régulière, puis l’Elan Chalon, champion de France en titre. Le tout sans perdre le moindre match. De quoi donner aux hommes de Pascal Donnadieu de sérieuses raisons d’y croire face à l’ogre strasbourgeois.
« Ce n’est pas de la chance »
Pour espérer soulever le massif trophée de champion de France d’ici une dizaine de jours, les franciliens devront maintenir leur adresse extérieure, insolente de réussite depuis le début des phases finales (29/50 longue distance sur la série contre Chalon) à l’image des intenables Chris Warren, David Lighty et Trenton Meacham. « Ca prouve que le travail paie », estime Xavier Corosine qui a connu la montée en Pro A. « Beaucoup de gens pensaient qu’on avait eu de la chance sur le premier match à Chalon mais on a réussi à confirmer cette adresse sur le match retour. Ce n’est pas de la chance, c’est notre fond de commerce ». Quant à l’engagement collectif, qui a déjà prouvé sa capacité à soulever des montagnes, il est devenu la marque de fabrique des Verts.
Pour autant, les outsiders restent lucides. « Il ne faut pas s’enflammer. On a fait vraiment du bon boulot parce qu’on se qualifie en quatre manches pour la finale, mais Strasbourg est une grosse écurie programmée pour aller au bout », explique Corosine, prudent. Un avis partagé par Stephen Brun, qui se souvient des deux confrontations de saison régulière où lui et ses coéquipiers n’ont « pas existé ». « Strasbourg c'est grand, c'est dur », prévient-il. Et c’est peu de le dire.
L’effet Collet
Avec son secteur intérieur d’une densité physique inégalée dans l’Hexagone (Alexis Ajinça, 2,13 m et 112 kg, Romain Duport, 2,17 m et 115 kg), la SIG ne manque pas d’arguments. L’Américain Ricardo Greer, qui était déjà du groupe alsacien lors du sacre en 2005 à Bercy, décrit « une famille, où tout le monde vit ensemble. C’est beau, et c’est important pour l’équipe. Le coach a fait du très bon travail avec nous ».
« Le coach », il n’en est pas à son coup d’essai. Champion de France avec Le Mans (2006) et l’ASVEL (2009), actuel sélectionneur de l’équipe de France, Vincent Collet n’a pas pris job strasbourgeois à la légère : après une première saison 2011-2012 de transition, il a ramené le club alsacien sur le devant de la scène basket, et a bâti en un temps record un effectif varié, riche et soudé. Et incroyablement serein dans les moments décisifs.
Le vétéran Aymeric Jeanneau, qui tirera sa révérence après les finales, admet que « la complémentarité de l’équipe est très forte cette saison. On joue à 10, 12 joueurs. Tout le banc est prêt à apporter, On interchange les joueurs et il y a toujours quelque chose d’efficace qui arrive. Cela permet de pianoter sur plus de systèmes, plus d’options offensives aussi ».
Nanterre délocalisé
Incontestable favorite, la SIG aura l’avantage du terrain. D’abord parce qu’elle jouera ses deux premiers matches (et une éventuelle dernière manche) chez elle, mais aussi parce que son adversaire, même à domicile, jouera à l’extérieur ! Le Palais des Sports Maurice Thorez de Nanterre (1500 places) ne remplissant pas les exigences du cahier des charges de la ligue, l’équipe jouera le match 3 (et un éventuel match 4) à Coubertin où les joueurs n’ont pas leurs marques habituelles. « On ne peut pas se lamenter là-dessus », assure pourtant Trenton Meacham. « Nos fans feront le déplacement, ils vont nous supporter et puis au final, tous les terrains sont les mêmes, quelle que soit la salle, cela reste un terrain de basket. Donc il ne faut pas commencer à chercher des excuses ».
Un message clair, que les Strasbourgeois ne peuvent pas se permettre de prendre à la légère. « En France, culturellement on aime que le petit tape le gros », rappelle Aymeric Jeanneau, conscient qu’il jouera face à des mort-de-faims qui n’auront strictement rien à perdre. Sur un match comme sur cinq manches avec la JSF, tout semble possible, même l’impensable.
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