Bernard, la fin des doutes ?
Avec son mètre quatre-vingt-seize, sa carrure imposante, et son sourire aux lèvres, Alain Bernard respire la sérénité et la confiance. Mais cette apparence n'a pas toujours été sa vérité intérieure. Ses petites défaillances en relais, ses échecs pour le titre sur 100m aux championnats de France en 2009 (Bousquet), 2010 et 2011 (Gilot), sa non-qualification pour les Mondiaux-2011 sur 100m, l'apparition puis la disparition des combinaisons en polyuréthane, et une concurrence accrue en France comme ailleurs, tout cela avait miné le moral du champion olympique 2008 du 100m. "Quand tu es seul derrière un plot et que tu as des gars à côté de toi en forme, et qui n'ont qu'une envie, c'est de taper devant, et que toi tu es fatigué et que tu fais ça depuis des années, t'as pas envie de te laisser faire mais tu n'as pas les moyens de réagir, tu es seul", explique-t-il à l'AFP.
"On a survécu à cette période"
Mode d'emploi de la sélection olympique - Sur 100m nage libre,il faut finir parmi les deux premiers de la finale en nageant auminimum 48"82 en finale. Quatre Français figurent parmi les 15meilleurs temps mondiaux de l'année 2012: Yannick Agnel (48"80), AlainBernard (49"04), Fabien Gilot (49"26) et Amaury Leveaux (49"28). MaisWilliam Meynard, Jérémy Stravius, Florent Manaudou ou Grégory Mallet nesont pas hors course. Pour tous, le gros temps, c'est jeudi qu'ilsdevront le réaliser, et c'est pour ce jour là qu'ils se sont préparés.
De ces moments difficiles, de ses chronos décevants par rapport à ses espoirs, de ses problèmes techniques à gérer les combinaisons, tout cela l'a presque mené à l'abandon. Des regrets ? "Le seul que je puisse avoir est de ne pas avoir tout envoyé balader ! Ca m'est passé plus d'une fois par la tête. J'aurais très bien pu arrêter du jour au lendemain. Au final, ce n'est pas un regret mais une satisfaction. Notre stratégie était d'arriver en septembre 2011 en se disant que c'était possible de se qualifier pour les Jeux et d'y être compétitif. On a survécu à cette période!"
S'il dit "on", c'est qu'Alain Bernard est indissociable de Denis Auguin, son entraîneur. Malgré tous ces remous, les deux hommes sont restés ensemble, unis, même si parfois l'un ou l'autre pouvait s'interroger. "Je fonctionne en me posant des questions", note l'Antibois. "C'est énormément de doutes à tel point que ce doute a pris le dessus ces quatre dernières années. Il y a plus de doutes que de certitudes parce que j'avais du mal à accepter de faire moins bien que le top de ce que j'avais fait". Moins bien, c'est aussi une médaille d'argent lors des Mondiaux-2009 de Rome, derrière un Cesar Cielo couronné également sur 50m. "Rome a été personnellement presque un échec. Parfois, j'ai eu l'impression de nager presque pour rien. Ca en devient démoralisant".
"Impatient d'en découdre"
Pourtant, le chef de file de la natation française, qui avait brillamment pris le relais de Laure Manaudou à Pékin, conservait ce sourire. Et à l'aube des Championnats de France 2011, il sait ce qui l'attend. Avec l'obligation de finir parmi les deux premiers de la finale du 100m pour voir Londres cet été, Alain Bernard n'a plus le choix. "Depuis septembre, je n'ai laissé aucune place pour le doute. Je suis assez impatient de pouvoir en découdre", annonce-t-il avec gourmandise, tout en ayant conscience du temps qui passe et de la cible qu'il a toujours derrière le dos, contrairement à son dernier sacre national en 2008: "Cette fois il faut résister à la meute qui arrive derrière. Et ce n'est pas juste 2 ou 3 personnes... Quand tu es en haut, c'est tout le monde ! Après avec l'âge, tu récupères moins bien aussi. Ca ne fait pas longtemps que je me rends vraiment compte que physiquement c'est plus difficile". Mercredi, il devra une nouvelle fois enchaîner les séries le matin et les demi-finales en fin de journée, avant la finale lendemain.
Après quatre années de résistance, Alain Bernard veut passer à l'offensive. Ces France, c'est la porte vers les Jeux Olympiques de Londres, mais c'est beaucoup plus que cela pour lui.
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