Biarritz à l'usure
Le BO se relance
Même s'ils ont parfois péché dans la finition, les Biarrots ont livré un beau combat, en mettant au supplice le pack anglais durant toute la première période conclue sur le score étonnant de 0-0. Les deux équipes se sont en effet longtemps affrontées devant, sans oser donner de l'air au ballon, par crainte d'un contre assassin. A ce jeu-là, les Basques ont usé les joueurs du Saracens, grâce à une troisième ligne omniprésente, qui a su dynamiser le jeu. En l'absence de Yach vili, les Biarrots ont sans doute eu le tort de trop se précipiter, multipliant les en-avants à plusieurs reprises alors qu'ils étaient à quelques centimètres de la ligne adverse. Il leur a manqué un peu de précision, un peu de lucidité aussi sur une double série de +pick and go+ avant la pause qui auraient pu et dû lui permettre de prendre l'avantage.
Au lieu de ça, le 0-0 sanctionnant le premier acte était plutôt positif pour les Saracens, jamais aussi dangereux que lorsque les phases durent et le jeu se débride. Le travail de sape biarrot a tout de même fini par payer en deuxième période. Après l'ouverture du score sur une pénalité de Farrell, les Biarrots n'ont douté que quatre minutes, le temps d'enclencher une relance de 100 mètres conclue dans l'en-but par un Harinordoquy esseulé et admirablement trouvé par une passe au pied en diagonale d'Haylett-Petty (5-3, 57). Le poteau trouvé par Farrell sur pénalité était aussi un signe car, en moins de deux minutes, les Rouge et Blanc enfonçaient leurs visiteurs, d'abord par Peyrelongue sur pénalité, puis par Ngwenya, servi sur ses 40 mètres par une croisée de Bosch, qui slalomait puis accélérait pour un essai sous les perches (15-3, 65). L'écart était fait et les hommes de Lagisquet faisaient montre de beaucoup d'abnégation et d'engagement pour ne pas se laisser piéger. En fin de partie pourtant, les Anglais montaient à l'abordage, et parvenaient à marquer leur seul essai dans les arrêts de jeu.
La victoire basque aurait donc pu être plus franche, sans les erreurs de la première période et cet essai londonien de fin de partie, mais elle ne souffre d'aucune contestation tant les Biarrots ont dominé les débats. Ce succès, combiné au match nul des Ospreys à Trévise (26-26), laisse la poule totalement ouverte avec les Gallois et les Anglais à 6 points et les Basques à 5 points. Il relance en tout cas un BO qui en avait bien besoin.
La désillusion de Castres
Courageux en diable, les Castrais ont longtemps pensé tenir une victoire face au Munster, et rester en course pour la qualification. Mais s'ils sont restés très longtemps devant, en faisant preuve de beaucoup d'engagement à l'image de leur capitaine Chris Masoe, ils se sont petits à petit étiolés dans le jeu au sol. Les Irlandais, comme d'habitude d'ailleurs, ont souvent interprété les règles du hors jeu et du plaqueur-plaqué sous l'oeil bienveillant de M.Barnes, plutôt laxiste en la matière, et ont sérieusement ralenti les actions des Français. Après une bonne première mi-temps, le CO était mis en mal dans la deuxième, mais n'a pourtant pas abdiqué, insistant dans le mouvement. Mais ils ont été trop souvent pénalisés et voyaient tous les efforts faits pour avancer alors réduits à néant. D'autant qu'ils ont aussi commis quelques fautes fatales en défense, qui ont permis aux Irlandais de franchir deux autres fois la ligne.
Les Castrais ont alors vu leur avance fondre. Mais il était dit que la réussite n'était pas de leur côté. dans une fin de match très serrée où leurs efforts n'ont pas été récompensés. Les deux équipes étaient encore égalité 24-24, quand un drop de l'Irlandais Ronan O'Gara, a crucifié les Castrais à la dernière seconde.(24-27). Après cette deuxième défaites en deux matchs, il est déjà quasiment fini des chances de qualification pour le club tarnais.
Toulouse sans problème
Le Stade Toulousain a conforté sa position en tête de la poule 6 après sa deuxième victoire en deux journées (36-10), remportée dans la province irlandaise du Connacht mais en oubliant un point de bonus offensif qui paraissait à sa portée. Pour leur 120e match dans la compétition, les Toulousains arrivaient en terrain inconnu, face à une équipe novice dans la compétition qu'ils n'avaient jamais affrontée et dans un environnement d'un autre temps au cynodrome de Galway. Ils ont globalement maîtrisé leur sujet en assurant leur succès en première période (22-3).
Ils ont écarté toute possibilité d'euphorie locale d'entrée de match en monopolisant le ballon et en imposant leur rythme, dans le sillage d'une charnière Burgess - Beauxis plutôt pertinente dans ses choix de jeu. Les Irlandais ont été très rapidement dépassés par leur vitesse et la puissance toulousaines.La domination du pack Rouge et Noir a permis d'inscrire deux essais, sur une sortie de mêlée adverse bien exploitée par la troisième ligne toulousaine (22), puis sur une mêlée enfoncée (47). Menant 29 à 3, les Stadistes auraient pu briguer le bonus offensif mais les nombreuses rotations opérées peu avant l'heure de jeu ont perturbé leur jeu et redonné confiance aux Irlandais... qui ont pris leur revanche en obtenant un essai de pénalité sur mêlée. L'ultime essai de Nyanga (77) n'aura fait que renforcer les regrets d'un point de bonus supplémentaire abordable mais oublié, qui leur aurait assuré seul la première place. Mais l'essentiel est assuré. Les quadruple champions d'Europe (1996, 2003, 2005, 2010) disputeront la première place lors de la double confrontation face au co-leader, les Harlequins de Londres, le 9 décembre en Angleterre et le 18 décembre au Stadium.
Déclarations
Patrice Lagisquet (directeur de rugby de Biarritz): "Enfin une victoire à Aguilera et quelle victoire car on bat le champion d'Angleterre qui est une équipe assez exceptionnelle. Pour les battre il a fallu marquer deux essais énormes, un essai de 100 m, un autre de 80 m. On va la chercher malgré le fait qu'on n'a pas de buteurs en réussite, qu'on domine en première mi-temps, qu'on se précipite un peu avec des fautes de main. Il n'y a pas encore la confiance nécessaire. C'est pour cela qu'elle est d'autant plus appréciable.Laurent Labit (co-entraîneur de Castres): "C'est pour gagner de l'expérience que nous participons à cette compétition et on espère que cela nous sera profitable pour la suite du Top 14 qui reste le principal objectif du club. On savait qu'il faudrait plus qu'un exploit pour sortir de cette poule vraiment corsée. Maintenant il faut se servir des quatre rencontres qui restent pour continuer notre apprentissage du haut niveau. Il y a très peu d'écart entre les deux équipes si ce n'est cette expérience qui permet de mieux gérer certains moments d'un match. Les joueurs étaient très déçus mais on leur a dit qu'avec ce comportement là en Top 14 nous gagnerons des matches".
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