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Blatter s'accroche à la FIFA

Un peu plus de trois mois après avoir annoncé qu'il démissionnait de la présidence de la Fédération internationale de football (FIFA), en pleine tourmente sur fond d'opérations de corruption présumée, et ce quelques jours après avoir été réélu au cours d'un scrutin très tendu, Joseph Blatter a indiqué lundi qu'il comptait rester président de la FIFA.
Article rédigé par Christian Grégoire
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 2 min
 

"Le président Blatter s'est adressé au personnel de la Fifa aujourd'hui, et lui a dit qu'il coopérait avec les autorités et répété qu'il n'avait rien fait d'inapproprié ou d'illégal, et affirmé qu'il allait rester président de la FIFA", indique un communiqué publié par ses avocats. 

La commission pourrait ouvrir une enquête

Ceci alors que la semaine qui débute pourrait être celle de tous les dangers pour lui,  car la chambre d'instruction de la commission d'éthique de la FIFA pourrait s'auto-saisir  et ouvrir une enquête devant la gravité des faits qui lui sont reprochés, "gestion déloyale" (soit abus de biens sociaux) et "abus de confiance", sur lesquelles elle affirme disposer de suffisamment d'éléments pour suspendre Blatter et le pousser vers la sortie plus vite que prévu.

Les faits reprochés par la justice suisse à Blatter sont gravissimes et passibles d'une peine de prison: le Suisse de 79 ans aurait notamment vendu très en-dessous des prix du marché les droits de diffusion TV des Mondiaux-2010 et 2014 au sulfureux Jack Warner, alors à la tête de l'Union caribéenne de football en 2005, qui les aurait revendus avec un confortable bénéfice à la clé

Selon certains proches de la l'instance du football internationale, il est probable que Blatter va être suspendu. "La Fifa n'a pas le choix, elle se trouve dans une telle situation". Mais elle se trouve aussi aussi face un dilemme, à la fois pratique et juridique: cela n'aide pas la FIFA de suspendre Blatter maintenant, à cinq mois de l'élection présidentielle mais d'un autre côté, sur le plan juridique, les faits sont assez graves pour suspendre Blatter. Après instruction de l'affaire par sa chambre d'investigation, la chambre de jugement de la commission d'éthique devra prendre une décision. Impossible de savoir quand celle-ci pourrait tomber. Mais cette même commission d'éthique n'avait pas perdu de temps en mai, mettant à peine 24 heures pour suspendre tous les hauts dirigeants de la FIFA interpellés le 27 au matin à Zurich à la demande de la justice américaine, sur fond de soupçons de corruption.

Une manoeuvre dilatoire de Blatter ?

Ainsi donc pour sortir de l'ornière et éviter une vacance du pouvoir, il avait été proposé de nommer un président intérimaire "qui quitterait ses fonctions au bout de deux ans". Mais les cadres de la FIFA ne veulent pas entendre parler d'un membre extérieur, et indiquent que cet éventuel président par intérim doit être membre du comité exécutif de la FIFA. Autrement dit, quelqu'un qui depuis toutes ces années a travaillé aux côtés de Blatter.

C'est peut-être pour mettre en évidence l'imbroglio administratif et juridique qui se profile, et dans un but de retarder les choses que Blatter a tenu à revenir sur son intention de démissionner et s'accroche au pouvoir à la tête de la FIFA. Toutefois il n'est pas certain que ce revirement soit du goût de la commission d'éthique... ni de nature à altérer son jugement. 

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