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Boxe, cocaïne et provocations : qui est Tyson Fury, le champion du monde des (gros) lourds

Champion controversé, le Britannique a annoncé prendre sa retraite sur Twitter, lundi, avant de se rétracter.

Article rédigé par Camille Caldini
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 6min
Le boxeur Tyson Fury, avec ses ceintures de champion WBA, WBO et IBF, à Dusseldorf (Allemagne), le 28 novembre 2015. (LEE SMITH LIVEPIC / REUTERS)

"La boxe est la chose la plus triste à laquelle j'ai participé, (...) je suis le plus grand et j'ai pris ma retraite", a annoncé le champion du monde des poids lourds, Tyson Fury, lundi 3 octobre, sur Twitter. Une annonce crédible, de la part du boxeur, quelques jours après la révélation d'un contrôle positif à la cocaïne, le 22 septembre.

Quelques heures plus tard, Tyson Fury a changé d'avis. Ou bien était-ce prémédité ? "Hahahaha, vous pensiez pouvoir vous débarrasser du 'Gipsy King' si facilement ! Je suis ici pour rester. Le Plus Grand vous montre juste comment sont les médias", a-t-il tweeté.

Franceinfo revient sur le parcours de ce boxeur à l'esprit punk, marqué par plus de provocations que de victoires par K.-O. (pourtant nombreuses).

Champion du monde du "vide"

A quoi joue-t-il ? Tyson Fury, 2,06 m pour 118 kg, semble imbattable : 25 combats professionnels, 25 victoires, dont 18 par K.-O. En 2015, le boxeur britannique a, en outre, dépossédé à la surprise générale l'Ukrainien Vladimir Klitschko de ses ceintures WBA, WBO et IBF chez les poids lourds. Mais la revanche, prévue cette année, a été plusieurs fois reportée, Tyson Fury se déclarant "médicalement inapte"

Ce faux départ en retraite annonce-t-il le crépuscule d'un champion qui n'a plus d'ambition ? Dans un entretien-fleuve à L'Equipe magazine (article payant), le poids lourd, arrivé au sommet, déclarait notamment qu'il ne souhaitait plus qu'une chose : "Aller au paradis le plus rapidement possible." "Au départ, je rêvais d’être champion. Je le suis devenu. Une fois que tu es au sommet, tu réalises que c’est de la merde. C’est comme une Rolls-Royce, tu en rêves et, une fois que tu en possèdes une, tu t’en tapes", assure-t-il.

Il n’y a rien que j’aime dans la boxe. Pour moi, la boxe, c’est le vide, le trou noir.

Tyson Fury

L'Equipe magazine

A l'écouter, il semble être arrivé là par hasard. Mais pas tout à fait. La boxe est un sport familial chez les Fury. Son père, John, avait décidé que Tyson (ainsi baptisé à cause du grand Mike Tyson), boxerait. Alors Tyson boxa. La presse le dit également "parent", sans plus de précision, de "Bartley Gorman, le 'roi des gitans', qui a régné sur le combat à mains nus dans cette communauté pendant deux décennies", raconte notamment le Telegraph (en anglais). Tyson Fury, qui a repris pour lui ce surnom de "Gipsy King", "ne pouvait prétendre à un autre destin avec un tel lignage", en déduit  20 Minutes.

Contrôlé positif à la cocaïne et pro-dopage

Le 22 septembre, le boxeur a été contrôlé positif à la cocaïne, lors d'un contrôle aléatoire, avait révélé la chaîne américaine ESPN (en anglais). Si le dopage est avéré, le "roi des gitans" pourrait perdre tous ses titres. Et pourtant, là encore, c'est avec provocation plus que contrition que le géant a réagi. Sur Twitter, il a posté un photo-montage de son visage sur le corps de Tony Montana, magnat de la drogue interprété par Al Pacino dans le film Scarface.

Depuis, il n'a pas commenté plus sérieusement ce contrôle positif, mais a laissé la parole, dans une vidéo, à un homme, présenté comme l'avocat américain George Kokkalenios. "Ce qui se passe avec Tyson, c'est une farce. Il se fait avoir. (...) Tu sais comment ce système est corrompu. (...) Il ne prend pas de drogue, il ne se dope pas, mais ce système est corrompu", insiste l'Américain.

Mais le boxeur affiche, par ailleurs, des idées bien à lui sur le dopage. "Pourquoi ne pas légaliser les produits dopants dans le sport ? Comme ça, tout le monde en prendrait et ce serait plus équitable, non ?", avait-il déclaré à la BBC (en anglais), en novembre 2015. 

Odieux avec ses adversaires, les femmes, les homos et le reste du monde

Tyson Fury mène une vie privée tranquille. Marié depuis 2008, père de deux enfants, très croyant, il tient parfois même des propos de vieux sage. "Je sais ce que c’est de ne rien posséder. Je sais aussi ce que c’est de posséder beaucoup, et même plus. Il n’y a pas une grande différence entre les deux", a-t-il notamment déclaré à L'Equipe magazine.

Un homme à l'opposé du personnage public, régulièrement odieux. Face à la presse, il ne manque pas une occasion d'insulter les autres boxeurs. Pour lui, l'ancien champion du monde David Haye est "un pleurnicheur", "une diva" et Wladimir Klitschko "une personne très faible mentalement". Il avait même fait son petit show en conférence de presse en arrivant déguisé en Batman, avant de balancer à son adversaire : "Tu as autant de charisme que mon slip."

A plusieurs reprises, il a également défrayé la chronique avec des propos stigmatisant les femmes et les homosexuels, ce qui lui a valu de faire l'objet d'une enquête policière. Dans une interview, Tyson Fury avait notamment déclaré que la fin du monde était proche à cause de "la légalisation de l’homosexualité, l’avortement et la pédophilie". Il avait déclaré, par ailleurs, que "la position d’une femme, c’est dans la cuisine et sur le dos". Pour tous ces propos, le boxeur a seulement présenté de vagues excuses, sur Twitter.

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