Guerre en Ukraine : Vitali Klitschko, de champion du monde de boxe à maire de Kiev, itinéraire d’un combattant
Multiple champion du monde poids lourds dans les années 2000, l’ancien boxeur Vitali Klitschko mène aujourd’hui un combat bien plus important : celui pour la liberté de sa ville, lui le maire de Kiev.
Sur le ring, Vitali Klitschko laissait en général peu de chance à ses adversaires. Roi du KO, l’Ukrainien multiple champion du monde dans les années 2000 a remporté 45 de ses 47 combats, dont 41 par avant la limite. Sauf qu’aujourd’hui, Vitali Klitschko ne boxe plus dans la même catégorie. Maire de Kiev et de ses 3 millions d’habitants depuis 2014, l’ancien poids lourd fait face à un adversaire qui le dépasse : Vladimir Poutine et l’armée russe.
Des rings à la mairie de Kiev
Près de dix ans après son dernier combat, Vitali Klitschko remonte sur le ring, mais sans ses gants. "Je défendrai Kiev, les armes à la main", promettait le maire de Kiev avant l’invasion russe : "Je m'entraîne tout le temps, je fais des formations en tant qu'ancien officier et chef de la défense territoriale. Je n'ai pas perdu mes acquis, je me perfectionne tout le temps. Je sais tirer avec presque toutes les armes. (...) Tout agresseur doit le savoir : ce ne sera pas une balade, cela va lui coûter cher, nous ne nous rendrons pas."
Deuxième figure politique d’Ukraine derrière le président Volodymyr Zelensky, "Ironfist" se sait écouté. Lui et son frère Wladimir - également ancien boxeur, et récemment engagé dans l’armée - sont des figures de poids en Ukraine, comme aucun sportif retraité ne l’a jamais été en France. Les frères Klitschko usent de cette notoriété pour servir leur pays, et sensibiliser à l’internationale, à l’image d’un récent post instagram où ils déclarent : "Nous devons rester unis face à cette agression, contre l'agression russe. Ne laissez pas cela se produire et continuer cela en Ukraine. Ne laissez pas cela se produire en Europe, à la fin, dans le monde entier. Unis, nous sommes forts. Soutenez l’Ukraine."
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Main dans la main, les deux frères, qui ont grandi dans la région de Tchernobyl où leur père, général soviétique, était chargé de la décontamination du site radioactif, ont décidé de prendre les armes face à l’invasion russe. S’ils n’ont jamais combattu face à face en promesse à leur mère, enseignante, les Klitschko se retrouvent aujourd’hui côte à côte, face à la Russie. Tout sauf un hasard pour Vitali, engagé en politique depuis près de quinze ans.
Leader d'Euromaïdan
Docteur en sciences et techniques des activités physiques et sportives, Vitali Klitschko s’est porté candidat à la mairie de Kiev dès 2006, avant d’être élu député pro-européen en 2012. Lors de la révolution Euromaïdan de 2014, le boxeur s’est imposé comme l’un des principaux leaders du mouvement, au point même d’envisager de se présenter à la présidentielle de 2014, avant de se retirer au profit de Petro Porochenko, finalement élu. A la place, Ironfist s’est emparé de la mairie de Kiev, à laquelle il a depuis été réélu deux fois.
"C'est plus facile d'être champion du monde des poids lourds que maire", expliquait-il au Guardian en 2018. En politique, il n'y a pas de règles. On vous frappe dans le dos, sous la ceinture. C'est très dur. Et vous êtes responsable 24h/24, 7 jours sur 7. (…) Vous devez savoir exactement où aller. Il faut avoir la volonté et le courage d'y arriver." Deux qualités qu’on retrouve chez l’ancien boxeur, à qui Rammstein avait dédié une chanson pour en faire sa musique d’entrée sur le ring.
Son combat pour la liberté
A l’époque, Vitali Klitschko était en effet la terreur des poids lourds. Après une carrière amateur tonitruante (195 victoires pour 5 défaites), l’Ukrainien avait manqué les JO d’Atlanta en 1996 pour un contrôle positif à la nandrolone. Il avait soutenu qu’il s’agissait d’un traitement pour soigner sa jambe. Aux Etats-Unis, c’est son frère Wladimir qui s’empara de l’or.
Pas de quoi freiner Vitali, qui lançait dans sa foulée sa carrière professionnelle. Le début d’une pluie de ceintures de champion du monde poids lourds WBO (1999-2000) et WBC (2004-2005, 2008-2013) avec le deuxième plus gros pourcentage de KO de l’histoire (87,23%). Désigné "champion emeritus" en 2013 par la WBC, il pourrait disputer le titre WBC à n’importe quel moment s’il décidait de revenir sur le ring. Mais à 50 ans, Vitali Klitschko a entamé un autre combat bien plus important : celui pour la liberté de sa ville et de son pays.
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