Le 30 mars 1990, Christophe Tiozzo devient champion du monde de boxe des super-moyens
Une joie intense ! Christophe Tiozzo bondit sur le ring dressé pour l’occasion au coeur du Palais des Sports de Gerland acquis à sa cause. Déclaré vainqueur après arrêt de l’arbitre, le boxeur français "disjoncte complètement pendant une demi-seconde" avant de revenir sur terre. Au centre du ring, les membres du clan Tiozzo passent alors sous les cordes les uns après les autres pour enlacer leur champion. Et pas n’importe lequel, leur champion du monde WBA des super-moyens !
"Ce n'est pas comme si on gagnait au loto"
Opposé au détenteur de la ceinture mondiale de la catégorie, le Sud-Coréen In-chul Beak, Christophe Tiozzo n’a qu’une chose en tête : repartir avec le titre. À l’issue du combat, c’est donc une satisfaction immense mais pas une surprise. "Quand on est champion du monde, ce n'est pas comme si on gagnait au loto, nous explique-t-il. On s’attend à le devenir car on travaille pour ça."
Exilé aux Etats-Unis pour s’entraîner depuis qu’il est passé professionnel, le médaillé de bronze aux Jeux olympiques de Los-Angeles en 1984 se présente dans les meilleures conditions pour performer. "J’étais parti à Miami pour m’entraîner. Je boxais dans l’ancienne salle de Mohamed Ali sur Miami Beach. C’était le cadre idéal car je faisais mon footing sur la plage, on s’entraînait à une heure de l’après-midi dans la salle. Ce sont de bons souvenirs."
Dans un Palais des Sports de Gerland chauffé à blanc pour le soutenir, Christophe Tiozzo fait pourtant abstraction de la pression. "C’était important d’avoir le public avec soi. Il y avait une superbe ambiance avec un public de connaisseur, savoure encore l’homme de 57 ans. C’était la fête."
Veste violette sur le dos et capuche remontée sur la tête, Tiozzo est décontracté. Relâché. Outsider, il n’a rien à perdre face au petit coréen. Un gros frappeur mais plus limité techniquement. Diffusé à l’époque sur la première chaîne, devant des millions de téléspectateurs, et commenté par l’illustre Thierry Roland, l’ancien champion se souvient parfaitement de son combat. "La première et deuxième reprise étaient assez facile parce que mon adversaire ne faisait pas trop de pressing encore. Donc je sortais bien à distance avec mon direct du gauche et je touchais avec ma droite.", décrit le boxeur aux 33 victoires en 35 combats professionnels.
Bien en place dans sa boxe, le Français domine le Sud-Coréen mais le combat s’annonce âpre. "Je crois qu’il n’avait jamais perdu avant la limite, s’interroge Christophe Tiozzo. Je partais un peu dans l’inconnu". Les coups s’enchaînent, mais In-chul Beak ne faiblit pas malgré les reprises qui défilent. "Il sentait qu’il était dominé donc il essayait au fil des rounds de faire de plus en plus de pressing. À ce moment là je me disais : "Ça ne va pas être facile. Si ça dure pendant 12 rounds comme ça, ça va être compliqué."
"Je lui fais sauter le protège dents"
Pourtant, Tiozzo trouve la faille au milieu du combat. Dans la sixième reprise, le boxeur de Saint-Denis met fin aux espoirs de son adversaire. "Heureusement pour moi, j’essayais d’être à distance et j’enchaînais les coups." Jusqu’au dernier salvateur ! "Sur un uppercut, je lui fais sauter le protège dents et je lui ouvre l’arcade."
Protège dents à ses pieds, le Sud-Coréen voit l’arbitre mettre fin au combat et le renvoie dans son coin pendant que le nouveau champion du monde WBA des super-moyens exulte. Christophe Tiozzo vient de rentrer dans l’histoire. Plus de 40 ans après Marcel Cerdan, il devient le premier boxeur français de sa catégorie à devenir champion du monde.
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