Tony Yoka : "Devenir le premier champion du monde français des poids lourds"
Quel est votre sentiment au moment de passer chez les pros?
Tony Yoka : "Il y a un peu de pression évidemment mais aussi de l'excitation : il y a un engouement autour de cette carrière chez les professionnels parce que j'ai annoncé que je veux devenir le premier champion du monde français des poids lourds. J'ai envie de bien faire. Un premier combat chez les pros, c'est forcément important. En plus, j'ai tenu à l'organiser en France et pas à l'étranger".
Quel premier bilan tirez-vous de votre travail avec Virgil Hunter?
T Y : "J'ai vraiment eu l'impression de beaucoup progresser pendant ces trois mois. J'ai à coeur de montrer ce que j'ai appris. Virgil est dans le milieu depuis près de quarante ans. J'apprécie son aura, sa philosophie de la boxe... Il m'avait repéré et je suis parti le voir en février 2016 avant les JO, parce que je savais que j'allais être champion olympique et qu'il fallait que je choisisse un bon coach
pour être tranquille ensuite. Il a une boxe qui est basée d'abord sur la défense et ensuite sur la contre-attaque. C'est exactement ce que je faisais chez les amateurs".
Et votre nouvelle vie près d'Oakland en Californie?
T Y : "Je suis dans une petite ville calme. Je m'entraîne, je rentre, je mange, je dors, je ne fais que ça, je ne sors pas, à part une fois tous les 15 jours un petit truc à San Francisco. Je peux aller faire les courses, personne ne me reconnaît. J'ai une vie très paisible, tout l'opposé de la vie à Paris. C'est pour ça que j'ai tenu à m'éloigner".
La ceinture WBC reste-t-elle votre objectif prioritaire?
T Y : "C'est la meilleure pour moi. Mon modèle a toujours été Mohamed Ali, j'ai grandi avec lui, c'est pour ça que j'ai cette boxe assez aérienne. Ensuite, il y a Lennox Lewis, qui pour moi a eu la carrière quasiment parfaite: champion du monde junior, champion olympique, champion du monde pro. Il a perdu deux fois contre des adversaires qu'il a re-battus par la suite. Et il est parti avec sa ceinture".
Deontay Wilder, Joseph Parker, Anthony Joshua, et peut-être Tyson Fury s'il revient: la catégorie n'a pas été aussi disputée depuis longtemps...
T Y : "Joshua est le meilleur. Il l'a démontré face à Klitschko. Il n'a pas froid aux yeux. J'avais un peu peur il y a quelques années. Je me disais que j'allais être champion olympique et qu'ensuite il n'y aurait personne de l'envergure de Klitschko à affronter chez les pros. Là, avec Joshua, Wilder et Parker cela fait penser à la génération Lewis, Tyson, Holyfield ou celle de Ali, Norton, Foreman, Frazier... Il faut des adversaires forts pour grandir. Tu deviens une légende quand tu bats une légende. Klitschko-Joshua, c'était le premier combat chez les lourds depuis Tyson-Lewis où on ne savait pas qui allait gagner. Malgré +Canelo+, Mayweather ou Pacquiao, les poids lourds ça reste les poids lourds. Voir 90.000 personnes à Wembley, tout le monde en parlait en France, alors que normalement ce n'est pas
le cas".
Justement, estimez-vous que la boxe a perdu de son aura dans l'Hexagone?
T Y : "Ce n'est pas que les Français n'aiment pas la boxe. C'est ce qu'on a voulu nous faire croire pendant des années. C'est vrai que la boxe a perdu un peu de ses lettres de noblesse en France. Mais j'ai fait plus de sept millions de téléspectateurs à Rio, j'étais le pic d'audience des Jeux, pour un boxeur amateur c'est énorme. Donc je me dis pourquoi pas? Si je deviens champion du monde et qu'on fait un Yoka-Joshua au Stade de France, il sera rempli".
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