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Ça s'est passé le 29 juillet 2012 : Camille Muffat décroche l'or olympique sur le 400 m nage libre, huit ans après Laure Manaudou

Le 29 juillet 2012, la regrettée Camille Muffat décroche l'or olympique dans l'Aquatics Center de Londres, débloquant ainsi le compteur de médaille d'or de la délégation tricolore. Il s'agit du troisième titre de la France sur le 400 m nage libre après Jean Boiteux et Laure Manaudou. Deux ans après avoir dit adieu à la polyvalence du quatre nages, la Niçoise de 22 ans se hisse parmi les meilleures nageuses mondiales. Hommage à une grande dame de la natation française.
Article rédigé par Paul Giffard
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 5min
 

"J'ai toujours rêvé d'une médaille olympique. Depuis deux ans j'y pense et depuis un an je me dis que je veux être la meilleure." 20h26, c'est l'heure de gloire pour Camille Muffat. S'il n'est pas toujours évident d'endosser le costume de favori, la jeune Niçoise a parfaitement assumé son statut. Détentrice de la meilleure performance mondiale de l'année (4'01''13) sur 400 m nage libre, et meilleur temps des demi-finales, la nageuse de l'Olympic Nice Natation est venue à Londres conquérir le titre qui lui était promis. 

Partie de la ligne d'eau numéro 4, l'athlète de 22 ans réalise la course parfaite. En étant relâchée sur sa nage, elle dompte les ardeurs de sa principale concurrente pour la victoire finale, Allison Schmitt. La Britannique Rebecca Adlington complète le podium. Avec un chrono de 4'01''45 à l'issue de la course, elle s'empare également de la meilleure performance olympique de l'histoire (Katie Ledecky pulvérisera ce temps à Rio en 2016 : 3'56'46, ndlr).  Une juste récompense après tant de sacrifices. 

Plus rapide que Laure Manaudou

Championnat d'Europe de Budapest en 2010, le tournant de sa carrière. S'alignant sur le 200 m nage libre individuel, le relais 4x200 m NL ainsi que le 4x100 m quatre nages, les objectifs planifiés ne sont pas atteints pour la native de Nice, et une remise en question est nécessaire. Seulement quatrième des deux courses en solo, la médaille d'argent en équipe ne lui suffira pas. Son entraîneur, Fabrice Pellerin, lui impose de faire un choix entre le quatre nages et le crawl. Une décision qui va s'avérer payante.

Désormais spécialiste du crawl, elle s'adjuge le titre mondial en petit bassin sur le 200 m nage libre à Dubaï quelques mois plus tard. Une véritable montée en puissance qui se concrétisera par deux nouvelles médailles mondiales (bronze) sur 200 et 400 m, en grand bassin cette fois, à Shanghai. Deux distances dominées par la reine Frederica Pellegrini. Peu avant les Jeux olympiques, elle améliore les deux records de France de Laure Manaudou. Plus rapide que la championne olympique 2004 d'une seconde sur 400 m (4'1''13), et de plus de six dixièmes sur 200 m (1'54''87). Deux chronos impressionnants qui vont la propulser au sommet de la natation mondiale. 

Cinquième française à remporter un titre olympique en natation

Le 29 juillet 2012, Camille Muffat ne laisse que des miettes à ses adversaires. Dans sa bulle, concentrée sur cette médaille qu'elle attendait tant, elle nage les 150 premiers mètres sur les bases du record du monde avant de résister au retour de l'Américaine Schmitt. Sportive réservée, la Française a tout de même savouré après la course. "J'ai du mal à réaliser. J'ai réussi à rester sereine. C'était vraiment dur dans les derniers mètres", a-t-elle confié. Elle qui voulait être la meilleure, c'est à présent chose faite. Celle qui culmine à 1,83 m rapporte la première médaille d'or à la France lors des Jeux de Londres. Coralie Balmy, autre française engagée dans cette finale, termine à une frustrante sixième place (4'05''95). Longtemps à la lutte pour la troisième place, la Martiniquaise est heureuse pour sa copine : "Elle a confirmé que c'était la meilleure".

Coralie Balmy félicite Camille Muffat après sa médaille d'or sur le 400 m nage libre (FABRICE COFFRINI / AFP)

En remportant la médaille d'or, Muffat rejoint au palmarès Jean Boiteux et Laure Manaudou qui s'étaient imposés, respectivement à Helsinki (1952) et Athènes (2004), sur la même distance. Par la même occasion, elle devient la cinquième tricolore à conquérir le Graal olympique individuel en natation après Charles de Vendeville (60 m sous l'eau à Paris en 1900), et Alain Bernard (100 m nage libre à Pékin en 2008).

2012, l'année Muffat

"S'il fallait en choisir une (médaille d'or), c'était celle-là. Tout ce qui peut arriver maintenant, ce n'est pas grave. C'est fait !', explique la jeune Niçoise. Pour elle, les Jeux se concrétisent par deux nouvelles médailles. En argent, d'abord sur le 200 m nage libre derrière sa rivale Schmitt, puis, en bronze avec le relais du 4x200 m nage libre (Charlotte Bonnet, Ophélie-Cyrielle Étienne et Coralie Balmy). Trois médailles lors d'une olympiade, tout comme... Laure Manaudou. La boucle est bouclée, mais l'année n'est pas terminée. Au cours des championnats de France en petit bassin, à Angers en novembre, la protégée de Fabrice Pellerin pulvérise le record du monde du 800 m nage libre de plus de trois secondes (8'01''06). Quelques jours plus tard, elle s'adjuge trois médailles d'or lors des championnats d'Europe en petit bassin à Chartres (200 m nage libre, 400 m nage libre et relais 4x50 m nage libre, ndlr) battant un autre record du monde. Celui du 400 m nage libre (3'54''85).

Après une saison 2013 en demi-teinte, elle annonce sa retraite en juillet 2014, à seulement 24 ans. Elle décédera tragiquement, quelques mois plus tard, dans un accident d'hélicoptère en compagnie de Florence Arthaud et Alexis Vastine, ainsi que sept autres personnes, en plein tournage de l'émission de télévision Dropped. De part son histoire et ses performances sportives, Camille Muffat restera à jamais dans l'histoire du sport français.

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