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Ça s'est passé un 17 juillet 1994 : Roberto Baggio, l'Italien maudit de la Coupe du Monde

Le 17 juillet 1994, le Brésil et l'Italie se retrouvent en finale de la Coupe du Monde organisée aux États-Unis. Après 120 minutes d'un combat sans grande envolée, le score est toujours nul et vierge. Pour la première fois de l'histoire de la compétition, la finale va se jouer aux tirs au but. Meilleur joueur du monde à l'époque, Roberto Baggio va pourtant rater son pénalty et offrir aux Auriverde leur 4e couronne mondiale.
Article rédigé par Jules Boscherini
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 4 min
  (OMAR TORRES / AFP)

24 ans après leur dernier affrontement en finale de la plus prestigieuse des compétitions de football, l'Italie et le Brésil, trois fois vainqueurs de la Coupe du monde chacun, se retrouvent avec l'objectif ultime de décrocher une 4e étoile sur leur maillot. Au Rose Bowl, devant près de 95000 supporters, l'enjeu est tel qu'aucune des deux équipes ne parvient à prendre le meilleur sur l'autre. Emmenée par un Roberto Baggio étincelant tout au long de la compétition, la Squadra Azzura balbutie son jeu et va se louper sur la plus haute marche du tournoi.

Baggio sauveur d'une nation...

Si l'Italie atteint la finale de l'épreuve, sa préparation n'est pas idéale et le sélectionneur transalpin, Arrigo Sacchi ne semble pas avoir de style de jeu défini, ni d'équipe type en tête. En sa qualité de Ballon d'Or 1993, Roberto Baggio reste titulaire indiscutable. Pour son joueur fétiche, la préparation n'est pas des plus brillantes non plus... Le Turinois sort d'une saison vierge avec la Vieille Dame qui n'a pu finir que dauphin de l'intouchable Milan AC. Mais c'est bien Baggio qui va porter sa nation, inscrivant un total de 5 buts durant ce Mondial organisé au pays de l'Oncle Sam.

Trop souvent à la dérive, l'Italie s'en remet à son sauveur qui ne peut rien faire lors du premier match de son équipe face à l'Irlande qui s'impose sur la plus petite des marques (1-0). La Squadra Azzura parvient à rallier de justesse la phase à élimination directe de cette 15e édition de la Coupe du Monde malgré une 3e place de son groupe (ndlr : à l'époque seules 24 équipes sont qualifiées pour la phase finale du Mondial et les quatre meilleures équipes classées troisièmes de leur poule sont repêchées pour compléter le tableau des huitièmes de finale). Grâce à son indéniable talent, Roberto Baggio va guider son équipe nationale jusqu'en finale. Deux buts décisifs face au Nigeria (2-1) en huitièmes, un autre contre l'Espagne (2-1) en quarts et un nouveau doublé en face à la Bulgarie (2-1) dans le dernier carré. Pour cette ultime rencontre, l'Italie retrouve le Brésil, qui avait pris le meilleur sur les Transalpins en 1970.

... Et héros malheureux de tout un peuple

Longtemps incertain à cause d'une élongation à la cuisse, le joueur de la Juventus Turin est finalement aligné. Face aux favoris, Baggio s'avance en héros de ce Mondial. La rencontre est fermée, physique et décevante. Soucieuse de maintenir leur défense hermétique, aucune des deux formations ne trouvent la faille. Ni Baggio, ni le duo brésilien Bebeto - Romario, pourtant très efficace lors des matches précédents, ne parviennent à faire la différence. Pas de but au terme des 90 minutes, on joue donc la prolongation. Sur une dernière occasion, Roberto Baggio a l'opportunité d'offrir le titre suprême à son équipe mais écrase sa frappe qui finit sans trop de difficulté, dans les bras de Cláudio Taffarel.

Pour la première fois dans l'histoire de la Coupe du Monde de la FIFA, on doit avoir recours aux tirs au but pour décider du sort de la finale. Pagliuca et Taffarel sortent chacun un penalty, mais en ne cadrant pas sa frappe, Franco Baresi compromet les chances de son équipe. Quand Baggio s'avance sur le point de pénalty, il sait qu'il doit impérativement marquer. Sous le soleil étouffant de Californie, son visage est fermé. Il met un certain temps pour placer le ballon. Il cogite. Lorsqu'il lève la tête, il sent la pression sur ses épaules. Un premier regard vers l'arbitre, un deuxième puis, il s'élance. Taffarel ne bouge pas jusqu'à son dernier appui puis fait un bond en avant pour perturber le buteur italien juste avant son tir. Baggio force un peu trop sa frappe enveloppée qui passe finalement au-dessus du cadre. C'est la stupeur côté italien. Celui qui a été le fer de lance de toute une équipe se transforme en l'espace d'une demi-seconde en héros malheureux. "Il Divin Codino", tête baissée, voit son rêve de Coupe du Monde s'envoler dans le ciel de Pasadena. Comme en 1990 face à l'Argentine, l'Italie s'écroule lors des tirs au but.

Roberto Baggio disputera une dernière Coupe du Monde quatre ans plus tard en France. En quarts de finale contre les Bleus, Baggio réussit son tir lors de la séance de tirs au but, mais si Lizarazu rate le sien, Albertini et Di Biagio ratent le leur et la France l'emporte (0-0 (4-3 tab). Sur les 3 Coupes du Mondes disputées par Baggio, l’Italien connaît trois fois l’élimination lors de la terrible séance des tirs au but. Jamais il ne parviendra à prendre le meilleur sur l’épreuve de la mort subite et cette image de joueur maudit en Coupe du Monde lui colle depuis à la peau. Comme un symbole, la Squadra Azzura atteindra une nouvelle fois, 12 ans plus tard, la finale de la Coupe du Monde et remportera aux tirs au but, face à la France de Zinédine Zidane (1-1, 5-3 tab), son 4e titre mondial.

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