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Ça s'est passé un 6 mai 2017 : La F1 Kipchoge affole le chrono à Monza

6 mai 2017. Au petit matin, une Formule 1 rouge et noire fend le bitume de l'Autodrome de Monza. Une course contre-la-montre que le Kenyan Eliud Kipchoge entend enfin gagner. Repousser les limites du corps humain et passer pour la première fois sous la barre des deux heures sur un marathon.
Article rédigé par Xavier Richard
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 3min
 

2 heures. Une barre mythique. Elle est aux marathoniens ce que les dix secondes ont représenté pour les sprinteurs, jusqu’à ce que la répétition des performances des Formule 1 de l’athlétisme la banalise. Ce 6 mai 2017 à 5h45 du matin, c’est un autre gros moteur taillé pour l’endurance qui se présente sur la grille de départ du circuit de Monza. Vêtu de rouge, élancé et sec comme un coton-tige, le Kényan Eliud Kipchoge s’attaque au record du monde du marathon avec une idée en tête : casser ce fameux mur des 2 heures. Vu les conditions, le record ne sera pas homologué par la fédération internationale. Organisée avec le concours de son équipementier américain, cette tentative ne peut recevoir l’aval de l’IAAF tant les innovations technologiques et les « aides » sont nombreuses.

Une F1 kenyane sur la piste

Accompagné de l’Ethiopien Lelisa Desisa et l’Erythréen Zernesay Tadese, Eliud Kipchoge n’a plus rien du coureur lambda. Ses vêtements favorisent l’écoulement de l’air, ses chaussures Nike Zoom Vaporfly Elite, qui allient  légèreté, rigidité et aérodynamisme grâce notamment à de la fibre de carbone, font économiser de l’énergie au coureur et lui en redonnent pendant la propulsion. Si on ajoute deux plaques sur les mollets en guise d’ailerons, on comprend mieux pourquoi l’équipe du Kényan a choisi l’un des temples de la F1, réduit à une boucle de 2,4 km, pour hôte. Comme en voile, le créneau horaire n’a pas été choisi par hasard. Température, humidité de l'air, force du vent, tout a été analysé pour optimiser la performance de Kipchoge. Des moyens exceptionnels que le marketing de la marque se chargera de gommer au maximum si l’exploit est au rendez-vous.

Au pied du mur

Le tour de chauffe a eu lieu deux mois plus tôt. Un semi-marathon en 59 minutes et 17 secondes qui laisse augurer que le mur va enfin tomber. Au moment du départ, un camion ouvre la piste pour créer un phénomène d’aspiration ou au moins limiter l’impact de la pénétration dans l’air. Tout au long des 42 km 195, une armée de lièvres se relayent pour « tracter » Kipchoge. Le Kényan est sur un fil jusqu’au 30e kilomètre. Il est à la seconde près sur une base de 2 heures pile. Le mur et la souffrance sont là. 5 bornes plus loin, il accuse cinq secondes retard. Le chrono est impitoyable. A l’arrivée, Kipchoge explose le record du monde officiel de Dennis Kimetto (2h02’57’’) mais échoue dans sa tentative pour 25 petites secondes. Le coup est rude alors que l’exploit est immense. 

Le Kényan visait l’Everest, il n’a établi qu’un camp de base. Mais les enseignements de son expérience lombarde seront précieux et payeront à Berlin en 2018 pour un record officiel à 2h01’39’’avant la performance ultime dans le parc du Prater à Vienne. Ce 12 octobre 2019, Kipchoge efface le souvenir de Monza en courant à 21,1 km/h de moyenne. « Nous avons écrit l’histoire ensemble », lance-t-il après avoir franchi la ligne en 1h 59 minutes et 40 secondes.

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