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Camille Muffat, disparition d'une étoile filante

Retraitée des bassins à 24 ans, Camille Muffat a trouvé la mort dans un crash d'hélicoptère en Argentine, où elle participait au tournage d'un jeu télévisé. Elle n'avait que 25 ans. Championne olympique du 400m nage libre, vice-championne olympique du 200m NL et médaillée de bronze du relais 4x200m, la Niçoise avait éclaboussé de toute sa classe les Jeux de Londres en 2012. Elle n'avait que 22 ans.
Article rédigé par Thierry Tazé-Bernard
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 3min
Camille Muffat tout sourire après son sacre olympique à Londres en 2012 (LEON NEAL / AFP)

C'était une jeune femme droite, sérieuse, appliquée. Son regard était toujours franc, comme ses propos. Camille Muffat savait ce qu'elle voulait. Et son rêve, c'était l'or olympique. En 2012, à Londres, elle y parvient alors qu'elle n'a que 22 ans.

Le portrait de Camille Muffat en vidéo : 

Camille Muffat, portrait d'une grande championne

Douée mais surtout très travailleuse, elle nageait alors dans le bassin de Nice aux côtés de Yannick Agnel, l'autre héros français des JO 2012. Les deux étaient alors inséparables, et sa disparition a fortement secoué le champion olympique, comme tant d'autres. Une complicité énorme les unissait alors, sous la férule de Fabrice Pellerin, qui avait pris la nageuse sous sa coupe alors qu'elle était âgée de 15 ans. Lorsque le champion olympique est parti du club azuréen pour tenter l'expérience américaine, elle n'a pas cillé officiellement. C'était avant les Mondiaux en 2013 à Barcelone, une épreuve qu'elle a en partie raté (3e du 200m nage libre et 3e du 4x200NL), notamment après des tensions entre son entraîneur et l'agent de la nageuse, Sophie Kamoun. Mais jamais elle ne s'est plaint. Ce n'était pas son genre. Lorsqu'elle évoquait les cadences infernales dans l'eau, elle ne donnait jamais l'impression de trouver cela énorme. C'était son quotidien.

"J'ai une vie plus que normale"

Et son quotidien, elle le trouvait tout aussi banal que celui des autres. "J'ai une vie bien plus normale que la plupart des gens", glissait-elle dans  un sourire. "Je suis très gamine, j'adore mon chat, j'en suis gaga. Le week-end,  j'aime faire les magasins, aller au resto avec mon copain, aller voir mes  parents le dimanche, voir mon frère et ma soeur, mes grands-parents... Et  j'aime faire des puzzles. Ouais et alors?" Le tout dit avec sa voix qui pouvait en impressionner plus d'un, comme son gabarit (1.83m). "C'est vrai que je peux faire peur. C'est ce qu'on me dit, ce n'est pas ce  que je veux: le fait de ne pas être forcément démonstrative, être assez fermée  et paraître froide quand je suis concentrée... Et d'être aussi un peu  imposante. Mais j'en joue parfois aussi!", assurait-elle.

A 15 ans, elle fait ses débuts dans les bassins nationaux, dans le sillage de la reine de l'époque, Laure Manaudou. Une ombre qui l'a, au début, encombrée. "Je n'étais pas du tout prête à ça. Du fait que c'était Laure, tous les  médias se sont emballés. C'était difficile d'être comparée tout le temps à  elle. On la montait contre moi, j'avais trois ans de moins, je me disais qu'un  jour elle allait m'insulter!", racontait-elle en 2012. En 2009, alors que la première championne olympique de natation française a pris une première retraite, Camille Muffat dispute ses premiers Championnats du monde, à Rome. Elle n'a que 19 ans. Et sa présence en finale ne lui suffit pas. A la sortie du bassin, elle fulmine de n'avoir pas réalisé la performance qu'elle attendait. C'est cette rage de vaincre, de repousser ses limites, qui l'a menée jusqu'au sommet de la natation mondiale. C'est son insatiable envie de gagner qui a fini par la lasser de la natation et de ses contraintes pour prendre sa retraite sportive à 24 ans. C'est cette soif de découvrir qui l'a poussée à participer à ce jeu d'aventure. Et y trouver la mort à seulement 25 ans.

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