"Ce qui bloque, c'est l'arme" : le biathlon, populaire mais toujours confidentiel dans la pratique
Le biathlon séduit un large public mais il ne compte encore qu'un très faible nombre de licenciés.
Le biathlon est l’un des sports les plus suivis, notamment à la télévision, l'un des plus populaires aussi. Les Championnats du monde de la discipline débutent jeudi 13 février dans la station italienne d’Antholz-Anterselva. Et si le biathlon séduit autant, c’est en grande partie grâce aux résultats des athlètes français. Malgré cette réussite, le biathlon reste une discipline confidentielle sur le terrain avec très peu de clubs et de licenciés.
Moins de mille licenciés
La neige tombe à gros flocon sur le Grand-Bornand, une station située à 1 000 mètres d’altitude en Haute-Savoie. Une épaisse couche blanche recouvre le pas de tir, au pied d’une forêt de sapins. C’est dans ce décor féérique que les biathlètes du club du Grand-Bornand, l’un des plus importants des Alpes, s’entraînent. Il compte une soixantaine de licenciés, de 12 à 25 ans, tous destinés à la compétition. Sidonie Perrillat-Monet, 19 ans, pratique le biathlon depuis 4 ans en plus de ses études à Annecy : "J’ai choisi le biathlon parce que j’adore tirer. Que l’on fasse du ski de fond ou du biathlon, dans tous les cas il faut skier."
La différence, c’est le tir et c’est ça qui a motivé ma décision.
Sidonie Perillat-Monet, licenciée au Grand-Bornandà franceinfo
"Quand les gens me disent : 'tu as vraiment de la chance de faire du biathlon', c’est là qu’on se rend compte que ce n’est pas quelque chose qui est donné à tout le monde. C’est bien de pouvoir pratiquer ce sport", poursuit Sidonie Perrillat-Monet, l’une des licenciés du Grand-Bornand.
Encore anonyme il y a 25 ans, le biathlon a connu une croissance vertigineuse. Ce sport d’origine militaire crève l’écran avec des audiences supérieures au million de téléspectateurs et des succès à foison. Les Français cumulent 33 podiums cette saison. Et pourtant, on compte moins de mille licenciés (7 600 si l’on ajoute la pratique en loisir, à peine 7% des effectifs de la Fédération française de ski). Ce total a presque doublé en une décennie mais les effectifs n’ont pas explosé, comme on aurait pu s’y attendre.
Un sport tourné vers le haut niveau
"Ce qui bloque pour que ce soit vraiment un sport ouvert à tous, c’est le problème de l’arme, explique Joanny Rochet, entraîneur ski de fond et biathlon du club du Grand-Bornand. Une 22 long rifle (le modèle utilisé en compétition) coûte 4 000 euros et ce n’est pas à la portée de tout le monde. On a aussi besoin pour s’entraîner d’infrastructures au niveau de la sécurité. C’est là-dessus que ça freine un petit peu. Enfin, on a besoin d’un encadrement professionnel pour pouvoir progresser".
On ne peut pas faire ça n’importe où, en forêt ou dans son jardin
Joanny Rochet, entraîneur de biathlonà franceinfo
Le biathlon ne sera jamais un sport de masse aussi parce qu’il est tourné uniquement vers le haut niveau. Pour l'entraîneur Joanny Rochet, "si on compare avec d’autres sports, comme le tennis ou le football, on peut les pratiquer au niveau d’un village, d’un département ou d’une région. Le circuit est vraiment national ou international. On n’a pas de compétitions régionales. Et du coup, ça peut refroidir certaines personnes."
Un public de passionnés
Au Grand-Bornand qui a accueilli trois fois une étape de la Coupe du Monde, on mesure combien ce sport est devenu incontournable malgré sa confidentialité dans la pratique. "Ça a fait prendre conscience aux gens que le biathlon, ça dépassait le cadre des montagnes", indique Yannick Aujouannet du comité d’organisation de la Coupe du Monde au Grand-Bornand.
"Les gens viennent de tous les horizons pour voir du biathlon et se déplacent longtemps, pendant toute la semaine des épreuves, poursuit Yannick Aujouannet. Ce sont vraiment des passionnés : ils viennent de partout en France et même de l’étranger, de Russie ou de Norvège. Le biathlon est sur une pente ascendante. Forcément à un moment donné, il y aura un plateau. Je m’interroge sur l’avenir du biathlon mais aujourd’hui, tous les feux sont au vert".
Pour ouvrir cette discipline à un public plus large, les clubs multiplient les initiations au biathlon, en hiver et de plus en plus en été.
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