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Ces conflits qui gâchent un Mondial

L'équipe de France l'a vécu il n'y a pas si longtemps que cela, les petits conflits au sein des équipes nationales peuvent rapidement tourner au vinaigre, voire au cauchemar, lors d'une compétition qui dure plusieurs semaines. Et ce Mondial 2014 n'échappe pas à ce phénomène malheureux.
Article rédigé par Romain Bonte
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 4min
 

Les "Lions indomptables" n'ont peut-être jamais si bien porté leur nom. Outre l'affaire des primes non réglées, et la situation personnelle d'un Samuel Eto'o qui voit son statut de star égratigné, les conflits au sein de la sélection camerounaise n'ont fait qu'empirer après les deux défaites face au Mexique (1-0) et à la Croatie (4-0). Désemparé, le sélectionneur allemand Volker Finke a surtout compris que son équipe avait touché le fond lorsqu'Assou Ekotto donna un coup de tête à Moukandjo à la fin du match contre les Croates. Avec une telle ambiance, réaliser un grand Mondial aurait relevé d'un miracle.

Il y a toujours eu des clans dans une équipe. Que ce soit entre joueurs, ou envers le staff, comme Raymond Domenech a pu le déplorer il y a quatre ans, des tensions existent et existeront encore. Les différences de point de vu, d'éducation, d'âge, mais aussi et peut-être surtout de statut, génèrent inévitablement des rancœurs qui se trouvent décuplées pendant les quelques semaines de vie en communauté. Mais tant que les résultats sont au rendez-vous, tout va pour le mieux, dans le meilleur des mondes.

Les Oranje de Robben, la Mannschaft de Beckenbauer

Bruno Martins Indi et Arjen Robben s'échauffent...

Habitués à ces conflits en interne, les Néerlandais affichent pour le moment un sourire de façade. Arjen Robben est radieux, mais il n'a récemment pas apprécié un tacle trop viril de Bruno Martins Indi, et lui a fait savoir en laissant traîner sa jambe avant une remise en jeu… Dans le passé, les Oranje ont souvent défrayé la chronique avec des faits similaires. En 1994, la guerre ouverte entre Ruud Gullit (qui préféra rester à la maison) et son sélectionneur Dick Advocaat, aura par exemple terni le beau parcours d'une équipe prometteuse, battue en quart de finale par le Brésil.

D'autres sélections ont eu à vivre de pareilles situations, comme l'Allemagne de 1974. A l'époque les joueurs du Bayern Munich s'écharpaient en coulisses avec ceux de Mönchengladbach. Sous la pression d'un influent Franz Beckenbaueur, le sélectionneur Helmut Schoen avait évincé Günter Netzer pour favoriser le Munichois Wolfgang Overath. Pour Netzer qui n'aura joué qu'une vingtaine de minutes, ce Mondial 1974 ne restera pas forcément comme le plus grand souvenir de sa carrière. Mais cela n'aura toutefois pas empêché la Mannschaft de triompher.

L'union sacrée des Espagnols  

Face à ces tensions, d'autres ont eu des réactions plus intelligentes. Sentant que la situation allait s'envenimer, les cadres de l'équipe d'Espagne composée d'un côté de Madrilènes et de l'autre, de Barcelonais, avaient décidé de jouer l'union sacrée en juin 2010. Tout s'était finalement décidé au cours d'une discussion qui aura duré près de quatre heures. Après une victoire étriquée face au Honduras, les Espagnols devaient impérativement gagner contre le Chili. C'est donc dans le club de cricket de leur hôtel de Potchefstroom, que Xavi, Casillas, Xabi Alonso et Marchena, puis Iniesta et Capdevilla ont crevé l'abcès qui les rongeait, et décidé d'unir leurs forces pour remporter le premier titre mondial de la Roja.

Lorsque Didier Deschamps hérite de l'équipe de France en 2012, il sait pertinemment que sa mission principale sera de reconstruire l'image des Bleus auprès du grand public. Mais l'ancien capitaine des Tricolores sait aussi mieux que quiconque, que c'est en bâtissant une équipe avec des joueurs plus soucieux du collectif que de leur petite personne, qu'il parviendra à obtenir des résultats. En écartant Samir Nasri de son groupe des 23, Deschamps sait bien qu'il se prive d'un joueur talentueux, mais il sait aussi et surtout qu'il s'épargne un problème d'égo à gérer en interne. Ce qui aurait pu devenir compliqué à gérer avec la non-titularisation de Giroud, a aussitôt été pris en charge par son talent de communicant. La personnalité du joueur et la diplomatie du sélectionneur ont ainsi permis d'évacuer un petit souci qui aurait pu faire boule de neige. Pour le moment, tout semble aller pour le mieux.  

Giroud ronge son frein, aux côtés de Koscielny et Sagna

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