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Ces sportifs engagés avant Kaepernick

Le footballeur américain Colin Kaepernick, qui a refusé de se lever pendant l'hymne, défraie la chronique aux Etats-Unis. Entre critiques et soutiens, le quarterback de San Francisco relance le débat sur le rôle politique des sportifs.
Article rédigé par Hugo Monier
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 5min
Colin Kaepernick est dans la tourmente. (THEARON W. HENDERSON / GETTY IMAGES NORTH AMERICA)

C'est le scandale de l'été aux Etats-Unis ! Le footballeur américain Colin Kaepernick a préféré rester assis pendant l'hymne américain lors d'un match de pré-saison de son équipe des San Francisco 49ers. Une façon de protester contre le racisme aux Etats-Unis et la mort de nombreuses personnes noires. Mais Kaepernick n'est pas le premier à exprimer une revendication politique à travers le sport. 

Mohammed Ali n’a rien contre les Vietnamiens

1966, les Etats-Unis interviennent au sol depuis un an dans la guerre du Vietnam. Mohammed Ali, déjà champion du monde et champion olympique, refuse d’être incorporé. "Je n’ai aucune querelle avec ces ‘Vietcong’. Pourquoi aller leur tirer dessus ? Ils ne m’ont jamais traité de nègre. Ils n’ont jamais violé ma mère, tué mon père. Je ne vais pas aller tuer des pauvres gens, envoyez moi en prison." Un refus qui lui vaut une condamnation à cinq ans de prison, 10 000 dollars d’amende et une suspension de sa licence de boxeur. Ces peines seront finalement annulées par la Cour suprême en 1971. Il aura passé trois ans sans pouvoir boxer.

Le poing ganté de Tommie Smith et John Carlos à Mexico

En 1968, l’Américain Tommie Smith remporte le 200 mètres des Jeux Olympiques de Mexico. Au moment de monter sur le podium, Smith et son compatriote John Carlos, troisième, apparaissent sans chaussures et gantés de noir, signe historiques des militants Black Panthers. Pendant l’hymne américain, ils lèvent le poing et fixent le sol pour protester contre le racisme et la ségrégation, abolie en 1964 mais toujours prégnante aux Etats-Unis. Un geste qui provoquera leur renvoi des Jeux Olympiques et une interdiction de compétition à vie. Le troisième homme de la légendaire photo, l’Australien Peter Norman, a lui aussi dû quitter Mexico pour avoir porté un badge de l’OPHR (Olympic Project For Human Rights), association antiraciste cofondée par Tommie Smith. En honneur à sa mémoire, Smith et Carlos porteront son cercueil lors de son enterrement en 2006. Le geste, au retentissement immédiat, sera imité deux jours plus tard par les trois vainqueurs afro-américains du 400m, Lee Evans, Larry James et Ron Freeman, qui agiteront un bonnet noir sur le podium.

Christian Karembeu et la Marseillaise

Bien avant Kaepernick, Christian Karembeu boycottait déjà l’hymne national. Le footballeur français, né en Nouvelle-Calédonie et international tricolore entre 1992 et 2002, a toujours refusé de chanter La Marseillaise. Une façon pour le champion du monde 98 de protester contre la condition du peuple kanak. Il s’est expliqué dans l’Est-Eclair : "La Marseillaise je l’ai apprise et chantée tout petit. Mon père était enseignant et en Nouvelle-Calédonie, nous apprenions très tôt l’histoire de nos ancêtres les Gaulois. Mais moi, mes ancêtres ce ne sont pas les Gaulois. Mes ancêtres, c’est un peuple qui a souffert pour obtenir sa liberté." Une réaction également aux propos de Jean-Marie Le Pen qui jugeait l’équipe de France "trop noire".

Carlos Delgado préfère rester assis

L’hymne est un moment de choix pour une protestation politique ! Lors de la saison 2004, le joueur de baseball portoricain Carlos Delgado a refusé de se lever pour l’hymne américain, régulièrement joué lors d’une pause en cours de match comme hommage aux troupes en Irak et en Afghanistan. Delgado, opposé au conflit irakien, préférait rester assis dans l’abri des joueurs en bord de terrain. Un choix qui lui a valu les huées régulières du public américain. Carlos Delgado s’était déjà prononcé contre les essais d’armes de la marine américaine au large de l’île portoricaine de Vieques.

Des Jeux de Sotchi multicolores

Le militantisme peut parfois se résumer à un geste, même furtif, devant une caméra. Lors des Jeux olympiques de Sotchi en 2014, la snowboardeuse néerlandaise Cheryl Maas a exhibé un drapeau multicolore sur son gant à la fin de sa manche de qualifications. Un symbole fort en Russie, où une nouvelle loi contre les homosexuels venait d’être mise en place. Maas est mariée à une autre snowboardeuse, la Norvégienne Stine Brun Kjeldaas, et est mère de deux enfants.

Le mouvement Black Lives Matter réveille les consciences sportives

Les gestes politiques se sont multipliés récemment dans le sport américain, avec la montée du mouvement Black Lives Matter contre les violences policières. Après la mort d’Eric Gardner en 2014, les Los Angeles Lakers de Kobe Bryant ont porté des t-shirt "I can’t breathe" (je ne peux pas respirer), en référence aux derniers mots de l’Américain étouffé par des policiers lors de son interpellation. LeBron James et Kyrie Irving, autres méga-stars de la NBA ont également arboré ce t-shirt. En novembre de la même année, les footballeurs américains de Saint-Louis sont rentrés sur le terrain les mains en l’air, en référence à la mort de Michael Brown, à l’origine des émeutes de Ferguson.

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