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Clémence Calvin : "C'est la première fois que je suis attaquée de la sorte"

Au cœur d’une vive polémique impliquant un présumé manquement à un contrôle antidopage survenu au Maroc le 27 mars dernier, l’athlète française Clémence Calvin s’est présentée à la presse ce mercredi. Si ses avocats ont expliqué avoir reçu de l’Agence Française de Lutte contre le dopage (AFLD) une notification de "no-show" ainsi qu’une suspension provisoire à titre conservatoire, la marathonienne estime avoir été "attaquée". " À aucun moment je n’ai pensé que ces personnes voulaient me contrôler" s’est défendue Clémence Calvin. De son côté, l'AFLD a nié ces informations, parlant d'"invraisemblances dénuées de tout fondement".
Article rédigé par Emilien Diaz
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 7min
 

De l’ombre à la lumière. Après n’avoir donné aucun signe de vie pendant sept jours, Clémence Calvin s’est exprimée ce mercredi, lors d’une conférence de presse organisée au cabinet de son avocat, Me Arnaud Péricard. Soupçonnée de s’être soustraite à un contrôle antidopage le 27 mars dernier, à Marrakech, la vice-championne d’Europe du marathon a tenu à revenir sur les faits. Rappelons que selon plusieurs sources différentes, ce contrôle inopiné se serait déroulé sur la voie publique, et aurait entraîné une altercation entre le compagnon de la marathonienne, l’athlète Samir Dahmani, et des agents de l’AFLD.

« Le 27 mars, j’ai vécu tout sauf un contrôle antidopage. C'était d'une grande violence. Nous étions à Marrakech depuis deux jours avec mon mari. Nous sommes allés récupérer mon fils à la garderie. Samir m'a laissé quelques instants. J'étais dans la rue quand des gens sont arrivés par derrière et m'ont saisi par le bras en me disant "Police française, où est monsieur Dahmani ?" Sur le coup, je n'ai pas compris" a relaté Clémence Calvin, 'Nous sommes ensuite allés voir mon mari, et là, une personne m’a frappé violemment le bras.  J’ai fait tomber mon enfant sur le sol. C'était un moment difficile. J'ai relevé mon fils et mon mari a commencé à se disputer avec les agents. Ensuite nous sommes partis pour soigner mon fils. Je n'ai jamais vécu cela. J'ai été attaquée", a poursuivi l’athlète.

Deux notifications pour manquements

Clémence Calvin a précisé qu’elle ne savait pas, au moment des faits, que les personnes qui cherchaient à  l’interpeller étaient trois agents de l’AFLD. "Les agents ne se sont pas présentés comme des agents. Ils se sont présentés comme des représentants des forces de police françaises. Je n'ai reçu aucun document, on ne m'a rien présenté. Ils m'ont tout de suite demandée où était mon mari (...) J’ai eu peur, je me suis dit qu'on voulait m'enlever mon fils", s’est alarmée la jeune femme devant la presse, précisant qu'elle avait ensuite quitté la rue où s'est déroulée l'altercation avec son mari, "sans prendre la fuite" selon les propos de son avocat. 

Silencieuse depuis quasiment une semaine et la révélation des faits, Clémence Calvin s’est tournée vers Me Arnaud Péricard, avocat du boxeur Tony Yoka, également impliqué dans une affaire de manquement à des contrôles antidopage. Devant les médias, Me Péricard a expliqué avoir reçu ce jeudi matin de l’AFLD deux notifications. La première faisant état d’un "no-show", autrement dit d’un manquement aux obligations de géolocalisation de l’athlète au Maroc. "Elle n’était pas là où elle devait être le soir du 27 mars après 20h, c’est-à-dire chez elle", a reconnu l’avocat. Une absence justifiée par l’athlète, qui a expliqué être rentrée vers minuit à son domicile après avoir emmené son fils se faire soigner. Deuxièmement, Clémence Calvin s'est vue notifier par l'AFLD une suspension provisoire à titre conservatoire, dans le cadre d'une procédure disciplinaire qui est motivée par une soustraction, "à un prélèvement d'échantillon", a également expliqué Me Arnaud Péricard.

"Nous allons engager dans les heures qui viennent un certain nombre de procédures, notamment de recours, qu'ils soient administratifs ou judiciaire, afin de faire lever cette suspension provisoire" a expliqué Me Péricard, qui a précisé que le Conseil d'Etat pourrait être saisi prochainement. L'avocat de Clémence Calvin a aussi rappelé que le compagnon de sa cliente, Samir Dahmani, s'était lui aussi vu notifier une suspension provisoire à titre conservatoire. "Mon mari n'est jamais intervenu. Il est d'ordinaire très calme. Il a éclaté... dans la voix. C'était une dispute. Quand je lui ai demandé qui sont ces gens, il m'a dit : « Je ne sais pas, ils sont fous, je ne sais pas ce qu'ils veulent", s'est défendue la principale intéressée.

Pas de marathon de Paris ? L'AFLD réplique

Une suspension provisoire qui, de facto, prive la Française d’une participation au marathon de Paris, qui a lieu ce dimanche 14 avril. Une course importante, à laquelle Clémence Clavin tenait à participer : "Je souhaite courir le marathon de Paris. Je n'ai jamais eu de problème avec l'AFLD ni avec mes localisations, ou des données biologiques anormales. J'ai toujours été contrôlée, même pendant ma période de grossesse" a également rappelé l'athlète de 28 ans. Pour l'heure, la vice-championne d'Europe de la spécialité ne pourra donc pas courir le marathon de Paris ce dimanche. 

Dans une conférence de presse organisée ce mercredi, peu après la prise de parole de Clémence Calvin, Matthieu Téoran, secrétaire général de l'AFLD est revenu sur les conditions de contrôle d'un athlète de haut niveau. "Contrôler à l’étranger est tout à fait normal et légal. Nous avons prévenu l’agence marocaine qu'un contrôle pourrait avoir lieu" s'est-il justifié, "Les prélèvements peuvent avoir lieu au domicile, dans un hôtel, une rue, un stade, un espace public, etc. L’agence est libre de contrôler le sportif où et quand elle veut. Il y a obligation pour le sportif de se soumettre au contrôle et de se plier au prélèvement. Sinon nous déclarons une soustraction à prélèvement" a-t-il poursuivi. En cas de refus, le sportif risque une amende pouvant s'élever à 45.000 euros.

Concernant les propos de Clémence Calvin, Matthieu Téoran a parlé "d’invraisemblances graves et dénuées de tout fondement, infamantes pour l'agence". "Concernant les qualités des agents qui se seraient fait passés pour la police, c'est  faux et l’agence va donner des suites judiciaires à es allégations. Nos agents ont des années d’expérience internationales. Jamais un préleveur de l'AFLD n'use de la force. L’agence leur apporte tout son soutien", a conclu le secrétaire général, en précisant que l'AFLD avait tenté de contrôler Clémence Calvin deux fois après l'altercation, mais que sa localisation n'avait pas permis d'effectuer ces contrôles. 

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