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Clément Lefert, 24 ans, médaille d'or de natation... et retraité

Faute d'envie et de contrat publicitaire, le champion a décidé de tourner la page et de se consacrer à des études de finance.

Article rédigé par Pierre Godon
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
Le nageur Clément Lefert (à droite) aux côtés de Yannick Agnel, lors d'un défilé organisé par la mairie de Nice pour fêter les médaillés aux Jeux olympiques de Londres, le 10 août 2012. (VALERY HACHE / AFP)

SPORTS - Champion olympique du relais 4 x 100 m à Londres en août, retraité en septembre. Clément Lefert a annoncé, jeudi 13 septembre à Nice Matin, son intention de raccrocher le bonnet de bain. Une décision qui pourrait paraître un rien prématurée pour un athlète de 24 ans, mais mûrement réfléchie. Voici pourquoi.

Parce que nageur de haut niveau, ça ne paye pas toujours

C'est la motivation première de Clément Lefert : se mettre à l'abri du besoin. "Ce n'est pas une décision que j'ai prise du jour au lendemain, explique-t-il dans Nice Matin. Je sais que la natation ne me mettra jamais à l'abri du besoin. Je ne suis pas Camille Lacourt, Yannick Agnel ou Laure Manaudou." En natation, c'est hors du bassin que les champions touchent le jackpot, grâce aux contrats publicitaires. Mais tout le monde n'en profite pas : Clément Lefert souffre d'un déficit de notoriété qui ne lui permet pas de s'afficher en 4 x 3 sur les panneaux publicitaires. Et pour le combler, il aurait sans doute fallu attendre les prochains Jeux olympiques, en 2016 à Rio (Brésil). Quatre ans d'efforts et de sacrifices pour un bénéfice très incertain.

Pourtant, Clément Lefert a brillé aux Jeux olympiques de Londres. Mais collectivement. De l'or sur le relais 4 x 100 m nage libre, de l'argent sur le 4 x 200 m. Deux performances entrées dans l'inconscient collectif comme celle du "relais français" ou de "Yannick Agnel et le relais français". Un autre relayeur français méconnu, Hugo Mallet, médaillé sur 4 x 200, expliquait début septembre au JDD : "Comme c’est tellement rare de gagner de l’argent dans notre sport, je vais le placer, pour préparer l’après-natation." Tout le monde n'a pas la chance d'avoir des sponsors qui se battent pour s'associer à votre image après une olympiade réussie.

 

Clément Lefert (en bas à gauche de l'affiche) aux côtés des champions olympiques niçois sur une affiche les félicitant de leurs performances à Londres, le 3 août 2012. (VALERY HACHE / AFP)

Parce que la natation française est surchargée de stars

Jean-François Salessy, agent de nageurs, expliquait dans Le Figaro en 2011 que chaque nageur a besoin de trouver son positionnement dans la jungle des contrats publicitaires.

La belle gueule de son poulain, Camille Lacourt, lui a valu des contrats publicitaires à cinq ou six chiffres auprès de marques de parfum et de cosmétiques. Ses agents ont clairement choisi un positionnement haut de gamme. Comme le signalait L'Equipe en décembre 2011, ils ont écarté la proposition d'une marque de papier toilette dont le slogan de campagne était : "jetez- vous à l'eau avec Camille Lacourt". Pas raccord avec l'image du champion.

Camille Lacourt doit sa notoriété à une moisson de médailles aux championnats d'Europe et à un titre mondial décroché à Shanghai en 2010, à égalité avec Jérémy Stravius. Ce dernier est un excellent nageur qui ne bénéficie pas de la même notoriété. Après son titre mondial, les sponsors de Stravius ne se sont pas bousculés. Pourtant, d'après Jean-François Salessy, il dégageait une image "rassurante" qui pouvait intéresser des banques ou des assurances, voire des entreprises du secteur de l'énergie. Manque de chance, Alain Bernard occupe déjà ce créneau. La fédération a tout juste aidé Benjamin Stravius à trouver un équipementier plus rémunérateur...

Pendant ce temps, Camille Lacourt est passé en un an de 5 000 euros annuels versés par Arena à près de 100 000 euros de la part de Tyr, une autre marque de maillots de bain. D'où cet euphémisme, lâché en interview : "avant, je roulais en Fiat Punto". Beaucoup de nageurs, même à très haut niveau, ne dépassent pas ce stade.

Parce qu'il n'y a pas que la natation dans la vie

C'est humain : Clément Lefert a d'autres centres d'intérêt que la natation. Prochainement, il va se rasseoir sur les bancs de l'EDHEC, une école de commerce de Nice, où il a déjà effectué une partie du cursus. Dans une interview au site américain ESPN en 2010, année où il s'est exilé à Los Angeles, il trouvait déjà que le quotidien d'un sportif qui nage 10 heures par jour et compte les petits carreaux dans le fond de la piscine n'était pas très excitant. "J'ai besoin d'activité intellectuelle, aller en classe, aller au boulot. Se borner à nager, c'est dur. Je me lève, je vais nager, jouer à la Playstation, dormir, et nager encore. Pour moi, c'est important de rester dans la société. Quand on est un athlète de haut niveau, on n'en fait pas partie." 

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