Comment Rafael est redevenu Nadal
A l'image de Rome, le retour de Rafael Nadal ne s'est pas fait en un jour. Disparu des radars de l'ATP depuis ses blessures récurrentes aux genoux, le Majorquin avait manqué la majeure partie de la saison 2012 après Wimbledon ainsi que le début 2013 où il faisait également l'impasse sur l'Open d'Australie. A cette époque, le Majorquin suscitait les interrogations. Reverrait-on un jour l'Espagnol à son meilleur niveau ? Les plus pessimistes allaient même jusqu'à se demander si on le reverrait un jour sur un court de tennis... les observateurs mettaient en exergue son jeu, tellement peu économe en efforts sur les articulations, pour expliquer ses genoux en compote. Pour eux, l'ex numéro 1 mondial avait clairement trop tiré sur la corde. Pourtant, à force de courage et d'obstination, Nadal, s'entraînait en serrant les dents. Dans l'ombre.
Premiers pas hésitants au Chili
Alors, quand l'homme aux 11 titres du Grand Chelem annonçait enfin son retour à la compétition, en février dernier, ils étaient nombreux à l'attendre au tournant. Le scepticisme était de mise, y compris dans le clan Nadal. C'est pour cela que, malin, l'Espagnol choisissait sa surface de prédilection, la terre battue, et un tournoi peu huppé et pas tellement relevé pour signer son come-back. A Vina del Mar, au Chili, c'était un Nadal presque timide qui refaisait ainsi son apparition à la lumière. Les premiers pas étaient pour le moins hésitants. Face à son premier adversaire, l'Argentin Federico Delbonis, modeste 128e joueur mondial, on avait peine à reconnaître la terreur de l'ocre. Des appuis hésitants, une longueur de balle anémique, le protégé de Toni Nadal était manifestement en manque de repères. Et de confiance. Ces derniers allaient finir par revenir progressivement puisque, sans jouer un tennis de rêve, il se hissait jusqu'à la finale où il s'inclinait contre Horacio Zeballos (7-6, 6-7, 4-6).
Cette finale était déjà une victoire en soi. Contre lui-même, contre les doutes. L'odeur de la terre avait réveillée la bête. Dès lors, l'Espagnol enchaînait deux succès sur deux autres tournois "mineurs", à Sao Paulo et Acapulco, avec des victoires en finales sur Nalbandian et Ferrer, pour se gorger d'énergie positive. Avant son coup de maître, celui qui faisait dire que le boss était bel et bien de retour. A Indian Wells, premier Masters 1000 de la saison, et sur une surface autrement plus exigeante avec ses genoux que la terre battue, le "Taureau de Manacor" entrait dans l'arène et encornait tous ses adversaires, Federer compris, jusqu'à la victoire finale.
De l'encre à l'ocre
La suite est connue. Retour sur terre (battue) et nouvelles victoires à Madrid et Barcelone. Finalement, le seul "accroc" reste cette défaite en finale de Monte-Carlo face à Novak Djokovic. Mais, à ce niveau-là, et quand on sait d'où Nadal revient, peut-on parler un seul instant d'"accroc" ? L'intéressé lui-même s'étonne de la fulgurance de son retour au premier plan. "Si vous m'aviez dit il y a cinq mois que je remporterais six titres, je vous aurais répondu que vous êtes fou. Gagner cette année trois Masters 1000 et deux ATP 500 que j'adore (NDLR : Acapulco et Barcelone), c'est plus que je ne pouvais rêver." D'autant que, quand l'Espagnol, désormais revenu à la 4e place mondiale et nouveau leader à "the race", brille par sa régularité, ses concurrents directs flanchent à tour de rôle. Le Serbe, impérial pendant l'absence de Nadal, connaît des hauts et des bas, Federer a perdu de sa superbe et Murray, en délicatesse avec son dos, apparaît provisoirement distancé, en tout cas sur terre battue. Bref, le rescapé est en train de mettre tout le monde à ses genoux. Des genoux qui auront fait couler beaucoup d'encre mais qui supportent toujours le roi de l'ocre.
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