Cet article date de plus de cinq ans.

Copa Libertadores : Dans la fièvre des supporters de Boca et de River à Madrid avant la finale

Pour la dernière finale de la Copa Libertadores disputée en match aller-retour, Boca Juniors et River Plate, les deux clubs rivaux d'Argentine, s'affrontent ce dimanche soir au stade Santiago-Bernabeu de Madrid. Un épilogue d'une confrontation tendue, reportée pour son deuxième acte à deux reprises en raison des violences entre supporters. Mais dans la capitale espagnole, l'ambiance est pour le moment à la fête de chaque côté. Tout a été fait pour éviter des débordements. Plongée dans les dernières heures précédant le match tant attendu.
Article rédigé par Thierry Tazé-Bernard
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 6min
 

Il y a de la ferveur. Et même plus que ça. Sous le soleil de Madrid, comment pourrait-il en être autrement pour cette finale retour de la Copa Libertadores ? Après deux reports, des discussions sans fin, des violences autour de cette rencontre, Boca Juniors et River Plate ont rendez-vous ce dimanche soir à Madrid. L'épilogue d'une histoire comme seule la trop grande passion pour le ballon rond peut en créer. Les deux clubs les plus titrés d'Argentine n'ont jamais pu disputer leur deuxième face-à-face au stade Monumental: trop de violences, pas assez de sécurité, le bus de Boca caillassé avec des joueurs blessés... Après le (2-2) de l'aller à la Bombonera, c'est donc le stade Santiago Bernabeu qui accueille ce duel, pour une 7e Copa Libertadores si Boca l'emporte, une 4e si c'est River.

Chaque camp bien séparé

Les deux équipes sont arrivées en milieu de semaine. Boca a pris ses quartiers d'entraînement dès mercredi à Las Rozas, les installations de la fédération espagnole. River l'a imité le lendemain, mais du côté des installations du Real Madrid, à Valdebabas. Côté supporters, tout est également fait pour séparer les possibles belligérants. D'abord, seulement 5000 places mises en vente en Argentine pour chaque camp, avec des prix débutant à 70 euros. Pour le niveau de vie en Amérique du Sud, cela est dissuasif. D'ailleurs, sur les 10 000, 3000  n'auraient pas trouvé preneur. Mais cela ne va pas priver Bernabeu d'ambiance. 20 000 places vendues à l'extérieur du pays pour chaque camp, cela a fait recette. "Nous avons trouvé le lieu où il y a le plus d'Argentins qui vivent", a expliqué Alejandro Dominguez, le président du Conmebol (confédération sud-américaine) qui organise la compétition, dans le quotidien El Pais. "Aucun autre pays en Amérique du Sud a autant de population argentine que l'Espagne". Même dans l'enceinte du stade, une distance de sécurité sera respectée, avec une tribune laissée volontairement vide entre les deux clans pour éviter tout contact.

Voir le post sur Instagram

Effectivement, dans les rues de la capitale espagnole, les voitures aux plaques d'immatriculation ibères mais aux couleurs des deux clubs sont nombreuses. Rouge et blanc d'un côté, bleu et jaune de l'autre.

Devant l'hôtel de l'équipe de Boca, ils sont plusieurs centaines massés pendant plus de 3h. Des chants pour attendre le retour de l'équipe de l'entraînement. Dans la joie, ils mettent un peu d'Argentine en plein coeur de Madrid. Dans la soirée, c'est sur la Plaza del Sol que ceux de River Plate se sont donnés rendez-vous. Là-aussi ça chante, ça danse. L'atmosphère est très éloignée des violences de Buenos Aires. Ce match délocalisé ? "C'est une honte pour nous", regrette Juan, venu d'Argentine avec sa fille.

"Une honte"

Certains ont la valise à leur pied, et le bâillement régulier, signe que le voyage n'a pas été reposant. Mais ils chantent, ils installent les banderoles où ils peuvent. Ces cinq amis ont loué un appartement pour 200 euros par nuit. Ils sont des fervents supporters de Boca et avaient déjà des places pour le match retour. Ils n'auraient pas manqué celui-là. Fabio, avec son fils Tomas, étaient à la Bombonera mais n'avait pas pris de place pour le match retour. Ce match en Espagne a été une chance: "Mon ami Diego habite ici, et ce match c'est aussi l'occasion de le voir, et de visiter un peu l'Europe", dit-il. Mais il y a ce sentiment de honte qui perce: "Vous savez, il y a toujours un peu de violence autour des matches en Argentine. Mais là..." Selon l'association Salvemos al Futbol, 94 personnes auraient trouvé la mort en dix ans en Argentine en marge du football.

Voir le post sur Instagram

Pour faire face, les autorités espagnoles ont mis en place un gros dispositif. Dans le stade Santiago-Bernabéu, le Real, propriétaire des lieux, a dépêché 1700 agents de sécurité. A l'aéroport, 800 membres de la Guardia Civil sont chargés de sécuriser les lieux, avec des vols de retour aux horaires très différentes pour les supporters des deux équipes, et deux terminaux distincts. Cette semaine, certains membres des Barras Bravas (les plus violents) ont été interceptés à leur arrivée en Espagne et reconduits en Argentine. Un signal envoyé aux plus radicaux, même si les autorités attendent 200 "radicaux" pour chaque équipe. Au total, 2000 policiers sont mobilisés, soit plus que pour un Clasico Real-Barça. 

Les yeux du monde rivés sur Madrid

Mais comme le résume Santiago, un vrai "Madriliste" (supporter du Real) espagnol qui soutient Boca: "A la fin du match, il y aura un camp déçu. C'est là que cela pourrait être délicat." Il se réjouit néanmoins "pour le tourisme" de ce match à Madrid, et rêve d'une chose: "Que Boca gagne, et que le Real les retrouve en finale du Mondial des Clubs. On a encore de la place dans notre vitrine à trophées." Signe du destin, c'est à Santiago-Bernabéu que s'était disputée la première Coupe Intercontinentale (ancêtre du Mondial des Clubs)  de l'histoire, en 1960.

Preuve que ce match intéresse la terre entière: Leonardo. C'est un jeune Brésilien de 20 ans, qui étudie l'architecture en Allemagne. Il n'a pas hésité à faire 1h de train, prendre l'avion de Berlin jusqu'à Paris, et le lendemain rebelote pour un Paris-Madrid, afin d'assister à ce match. "Vous savez, pour nous Sud-Américains, c'est un match très important. Aller en Argentine, je ne l'aurais pas fait. Mais là, ça vaut le coup". Il a acheté sa place à 125 euros, et est arrivé à Madrid en ayant pratiquement pas dormi, avec l'espoir de trouver un hôtel. Pour le retour, il fera encore Madrid-Amsterdam, Amsterdam-Berlin, et encore 1h de train. La passion n'a pas de prix.

De notre envoyé spécial

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.