Copa Libertadores - River-Boca : la gloire ou l'humiliation
"En Argentine, on vit le football comme nulle part ailleurs. Celui qui perd portera cette défaite comme une croix, toute sa vie", a résumé sur la chaîne Fox Sports, l'ancien attaquant chilien de River Plate, Marcelo Salas, à propos de cette première finale de la plus importante compétition de clubs latino-américaine opposant les ennemis héréditaires du football argentin. Dernier signe de la folie ambiante, l'entraînement de Boca Juniors jeudi s'est disputé dans une Bombonera pleine à craquer. Une heure avant l'arrivée des joueurs, les 50.000 places avaient déjà été prises d'assaut. Sur ordre des autorités municipales, les dirigeants du club ont même dû fermer les portes à de nombreux supporters qui avaient répondu à leur appel: "La finale, nous la jouons tous!"
"C'est ma vie. Boca c'est tout pour moi! Le reste n'existe pas. Boca champion et les Poules (surnom de River) vont encore plus pleurer que quand ils sont descendus en 2e division" en 2011, a déclaré à l'AFP Mateo Romero, un vigile qui avait troqué son uniforme pour les couleurs bleu et jaune de Boca, club du quartier populaire du même nom. Samedi, il devra se contenter de suivre le match à la télévision car les déplacements de supporteurs ont été bannis en Argentine, en raison des affrontements violents réguliers entre "barrabravas" (les hooligans locaux).
Pas de buts à l'extérieur
Double champion d'Argentine en titre, Boca, privé de son ailier international Cristian Pavón, blessé, veut décrocher une 7e Copa Libertadores, qui en ferait le détenteur du record de victoires, à égalité avec un autre club argentin, Independiente. En face, River, club du quartier cossu de Nunez, compte sur l'appui de son public pour conquérir une 4e couronne, trois ans après celle de 2015, avec déjà Gallardo sur le banc. Samedi soir, l'ancien Monégasque sera toutefois en tribune, en raison d'une suspension qui l'avait déjà privé de l'aller. River devra également se passer de son attaquant colombien Rafael Santos Borré, suspendu, mais récupère son capitaine et milieu Leo Ponzio, absent à l'aller.
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Les deux équipes s'étaient alors neutralisées 2 à 2, malgré une action de classe du vétéran de Boca Carlos Tevez qui a failli faire basculer la rencontre en fin de match. Au retour, les compteurs sont remis à zéro, puisque la règle des buts à l'extérieur n'est pas en vigueur. En cas de nul, quel que soit le score, il y aura donc prolongation et éventuellement tirs au but. De quoi pimenter encore un peu plus cette finale qui relègue tout au second plan en Argentine, y compris le G20 de la semaine prochaine auquel assisteront Donald Trump, Vladimir Poutine ou Emmanuel Macron. "Les conséquences du G20, on les connaît, mais pas le résultat du Clasico", fait remarquer Martina Saporiti, une enseignante de français de 60 ans, supportrice de River. "Le G20, c'est déjà plié. Donc je préfère penser au match. Je veux que River gagne, pas tant parce que j'en suis supporter, mais parce que je veux le battre lui", dit José Cao, kiosquier, en référence au président argentin, Mauricio Macri, qui a surfé sur son passé de dirigeant de Boca pour se lancer en politique.
Sur le terrain, la pression sera à son comble. "Si tu perds, tu ne peux pas sortir de chez toi pendant trois mois. Quel qu'il soit, le résultat, il te marquera à jamais", assure Américo "Tolo" Gallego, champion du monde avec l'Argentine en 1978. C'était au Monumental, théâtre samedi de cette "finale du siècle" au pays de Diego Maradona.
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