Coronavirus : Ces joggeurs toujours plus contraints par le confinement
"Dès le début du confinement, j’ai compris que nous, coureurs, allions être regardés d’un mauvais œil si l’on continuait nos sorties, et même être considérés par certains comme des chantres de l’incivisme." Depuis cinq jours donc, Guy Briche, 68 ans dont plus de quarante de pratique assidue et quotidienne de la course à pied, 37 marathons de Paris au compteur, a "tout arrêté". "J’ai réduit progressivement la durée et le kilométrage des entraînements pour éviter un arrêt brutal. J’en profite pour faire du rangement, du bricolage, j’essaie de rester actif. Pour l’instant, physiquement et moralement, les sorties ne me manquent pas trop mais je ne sais pas combien de temps ça va durer... Je le vis un peu comme une blessure. Il m’est déjà arrivé de devoir m’arrêter de courir trois ou quatre mois en raison d’un problème physique. Là, c’est un peu pareil, sauf que je me rassure en me disant que je n’ai rien! C’est l’occasion de se régénérer un peu. De toute façon, nous, coureurs, avons un devoir d’exemplarité. Il faut accepter la situation. Il n’y a pas de discussion possible, compte tenu du danger que l’on vit."
"J'ai rangé mes baskets au placard, même si ça me coûte"
Présentateur de Questions pour un champion et adepte de la course à pied depuis 25 ans, Samuel Étienne est sur la même ligne. "Les premiers jours du confinement, j’ai continué à courir en respectant les consignes de sécurité mais à un moment je me suis dit: 'dans l’esprit de ce qu’on nous demande, il faut arrêter'. Soit il y a confinement, soit il n’y a pas de confinement. Si chacun y va de sa petite exception, tout le monde est dehors ! Et là, au contraire, il faut que personne n’y soit ! Donc j’ai rangé mes baskets au placard, même si ça me coûte énormément."
Certains ont même stoppé toutes sorties dès la première annonce du confinement la semaine dernière, comme notre confrère de France 3 Occitanie Denis Clerc, alias Zinzin reporter, ultra-trailer et marathonien. "J’ai très vite compris que c’était grave, cette histoire, et qu’il ne fallait plus sortir de chez soi. J’ai de la famille en Italie, un cousin atteint par le coronavirus et ma compagne est enceinte de 7 mois... Ça m’a paru tout de suite inconcevable de continuer à m’entraîner comme si de rien n’était." Mais Denis Clerc n’a pas arrêté la course à pied pour autant. Disposant d’une grande terrasse de 58 mètres, il a même effectué un marathon chez lui dimanche dernier (42km195 soit 727 tours de terrasse effectués en 5h10!) "Mon message était double: ne sortez pas de chez vous et soyez solidaires. Faites un beau geste !" À l’arrivée, par l’entremise des réseaux sociaux, 2386 euros collectés que Denis va prochainement remettre au personnel soignant du CHU de Montpellier. "J’ai l’impression d’être un petit soldat à l’arrière du front qui apporte modestement sa contribution à l’effort de guerre."
A la limite de la légalité, voire au-delà
Mais certains "accros", qui ne disposent pas de jardin privatif et ne s'imaginent pas faire le tour de leur terrasse ou balcon pour continuer à assouvir leur passion, sont très embarrassés par ces nouvelles restrictions. Ainsi Loïc H., qui court tous les jours depuis 20 ans, échafaude des plans pour pouvoir continuer à courir, malgré tout, et un peu plus que la limite autorisée. "J’ai besoin de courir un minimum sinon je vais vraiment être comme un lion en cage. Je ne tiendrai pas 45 jours comme ça en appartement à Paris, c’est impossible pour moi ! Comme je continue de me déplacer pour aller travailler, n’étant pas concerné par le télétravail, je pense y aller en courant, en jean et baskets avec un sac-à-dos léger. Comme ça, au premier contrôle venu, je m’arrêterai et me mettrai à marcher, ni vu ni connu! Je pense aussi aller courir à l’aube, vers 5h-5h30, à l’abri des regards et de façon un peu clandestine. Si j’arrive à faire six jours par semaine sans amende, ce sera bien!" Plus que d’autres durant le confinement, les amateurs de course à pied pourraient trouver le temps très long.
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