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Coronavirus : La génération 2005 de l'INF Clairefontaine entre frustration et espoir

L’Institut national du football (INF) de Clairefontaine est un centre de préformation pour les jeunes footballeurs âgés de 13 à 15 ans. Il s’agit d’une passerelle entre le monde amateur et le début d’une éventuelle carrière professionnelle. L’objectif pour les jeunes est de trouver un club à la fin des deux années de formation. Mais en raison de la pandémie de Covid-19, la Fédération française de football a décidé de fermer l’INF jusqu’à nouvel ordre. Si cette décision n’a pas empêché certains de signer un contrat, pour d’autres, la situation se complique.
Article rédigé par Paul Giffard
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 8min
  (FRANCK FIFE / AFP)

"Nous sommes déçus et tristes de ne pas dire au revoir aux camarades de la promotion 2005. On aurait préféré une autre fin. C’est dommage.Maxence Agnoly, Leny De Fanti et Samuel Baguidy sont unanimes. La décision prise par la Fédération française de football la semaine passée de fermer l’Institut national du football (INF) n’a pas ravi les jeunes footballeurs qui terminent leurs deux ans à Clairefontaine. "C'est une aventure humaine et sportive unique, disent tous deux Maxence et Samuel. C'est comme si on nous enlevait 4 mois de formation." Leny ajoute que cette fermeture "est un coup de massue".

Ce centre technique national qui porte le nom de l'ancien président de la FFF Fernand Sastre est un centre de préformation. Les enfants y entrent à 13 ans, pour deux saisons, après avoir réussi une série de tests. Entre le football et le collège, les futurs joueurs, et peut-être l’avenir du football tricolore, sont formés dans l’espoir de faire décoller leur carrière via un club professionnel à leur sortie, comme avant eux Thierry Henry, William Gallas, Alphonse Areola ou encore Kylian Mbappé par exemple.

"Je peux aborder la fin de saison avec l’esprit léger"

Clap de fin donc pour la génération 2005 à l’INF. Il est à présent temps de se tourner vers l’avenir. Et pour les joueurs qui ont trouvé un club pro, nous pouvons dire que leur futur est presque tracé. A savoir que la FFF ne rentre pas dans les négociations entre le footballeur et le club. "Je serai tenté de dire que pour les jeunes qui ont la possibilité de signer dans un club professionnel, c’est un accord entre lui et le club", explique le DTN Hubert Fournier.

C’est le cas de Leny et Maxence. Le gardien de but et le milieu de terrain central ont signé, respectivement à Troyes un contrat aspirant, et au Stade Malherbe de Caen un contrat stagiaire, avant même de rentrer à Clairefontaine. Maxence qui rejoindra donc Caen a déjà été observé par de grands clubs européens à l’image de Manchester United ou encore de l’Inter Milan, mais il reste humble. "Les entraîneurs attendent beaucoup de moi. Cependant ils m’ont expliqué que je n’avais aucune pression à avoir. Je vais continuer à travailler pour être le plus performant possible." Que ce soit Leny ou Maxence, les deux se disent "rassurés d’avoir déjà trouvé un club. Nous pouvons entamer la fin de saison avec l’esprit léger." Mais ce n'est pas le cas de tous leurs camarades.

"Il n’y a pas qu’un seul chemin pour devenir professionnel"

Si la fermeture de l'INF ne change pas grand chose pour ceux qui ont déjà trouvé un club, la fin de saison s'annonce bien plus angoissante pour les autres. "Il faudra que les joueurs trouvent un club amateur pour continuer à jouer au football et croire encore à une seconde chance pour leur futur proche", a souligné le DTN. La Fédération accompagne tout de même les jeunes. "En ce qui concerne le pôle espoir, nous pouvons les orienter dans des structures comme des sections sportives de second cycle pour les aider à garder une pratique régulière." 

Cette "seconde chance", Samuel compte bien la saisir. "Il n’y a pas qu’un seul chemin pour y parvenir". Le latéral gauche n’a pas encore eu l’occasion de signer avec une équipe pro, mais il reste déterminer à faire de son rêve une réalité. "C’est compliqué de voir tous ses amis partirent pour vivre une aventure. Pendant un moment, je ne savais pas quoi penser. Mais j’essaye de trouver de nouveaux objectifs en travaillant dur. Il faut que j’arrive à être pro."

Cependant, il a déjà été en contact avec deux clubs. "J’ai réalisé une détection avec l’AJ Auxerre et un rassemblement avec le Stade Brestois. Je n’étais pas encore prêt pour l’AJA, que ce soit mentalement, physiquement et techniquement. En revanche, je n’ai pas encore eu de réponse de l’équipe brestoise." En attendant, l’adolescent jouera à l'US Torcy la saison prochaine, dans la plus haute division de sa catégorie : le championnat national U17. Un club par lequel est passé un certain Paul Pogba.

"Je m’entraîne avec ma balle de tennis que je lance contre un mur"

L’été ne sera pas de tout repos. La nouvelle saison va arriver très vite et il faudra être en condition. Les trois jeunes travaillent bien à l’école et ont déjà leur brevet en poche. Tout en continuant de faire leurs devoirs, ils profitent de leur famille, jouent aux jeux vidéo avec les copains de promos mais le football n’est jamais très loin. Il n’y a pas que les professionnels qui s’adaptent en période de quarantaine.

Avec un entraînement quotidien de 2h minimum, l’objectif est de ne pas perdre le niveau. Maxence "compte bien arriver à Caen au top". Leny va "travailler dur pour arriver dans les meilleures conditions". Quant à Samuel, "il veut redémarrer la saison en pleine forme".

En revanche, le travail n’est pas le même pour tout le monde. Si Leny s’entraîne avec une balle de tennis qu’il lance contre un mur pour travailler ses réflexes de gardien de but, les deux autres joueurs possèdent du matériel (plots, échelles, etc.) afin d’axer leurs séances sur la technique et la vitesse. Samuel, qui a conscience qu’il doit travailler davantage, s’inspire des meilleurs à son poste (Jordi Alba, Marcelo, David Alaba, Patrice Evra) en regardant des vidéos sur Internet. "Je me concentre sur mes points faibles qui sont le placement et l’anticipation."

Entre impatience et stress, Maxence et Leny vont rejoindre leur club respectif en juillet. "J'ai hâte d'y être, de montrer mon potentiel", indique Maxence. "Porter le maillot d’une équipe pro, ça me stimule. J’ai envie de commencer rapidement, explique Leny. Je vais y aller étape par étape. Je veux réaliser de bonnes performances, travailler en silence en espérant que ça le fera." Garder la tête sur les épaules, tout en sachant que le plus dur reste à faire...

L’INF, le berceau des souvenirs pour un jeune footballeur

Pour chacun d'entre eux, c'est une aventure qui s'arrête de manière prématurée, mais les souvenirs restent bien ancrés. "Je me souviens de chaque instant", sourit Samuel qui "n'oublie rien car cela forge l'expérience". Maxence veut retenir quant à lui "toutes les personnes qui nous ont aidés à progresser pendant ces deux ans." Et "s'il y a eu des moments difficiles, je m'en servirai pour progresser à l'avenir", assure-t-il. Même son de cloche pour Leny pour qui "les mauvais moments seront une aide pour le futur" et qui conserve "que des bons souvenirs sur le plan humain." A Clairefontaine, le livre de la génération 2005 se referme avec un goût d'inachevé. Mais passée cette période un peu floue, un nouveau chapitre s’ouvrira bientôt à eux.

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