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Coronavirus : Les clubs de football amateurs, autres victimes de l'épidémie

Depuis les annonces successives d’Emmanuel Macron pour contenir la propagation du Covid-19 en France, les clubs de football amateurs ont imité les professionnels en cessant leurs activités de manière temporaire, le temps que la pandémie se termine. Pour ces structures aux budgets limités, cette interruption des compétitions et les conséquences économiques du virus provoquent de fortes incertitudes sur la fin de la saison en cours, et surtout sur la saison prochaine.
Article rédigé par Denis Ménétrier
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 4 min
  (SEBASTIEN BOZON / AFP)

"On ne sait rien, tout le monde dit tout et n’importe quoi. Même les instances ne savent pas pour le moment." Les propos de Jean-Paul Simon, président de l’ASM Belfort, club de National 2, révèlent la période de doutes que traversent actuellement les clubs de football amateurs français. Alors que des rencontres de National 2 ou de National 3 se sont tenues quelques jours avant la première intervention télévisée du président de la République Emmanuel Macron, ces équipes ont depuis appliqué les mesures de confinement.

Les joueurs ne viennent plus aux entraînements, doivent suivre un programme physique à domicile et les championnats ont été suspendus jusqu’à nouvel ordre. Comme les équipes professionnelles, certains clubs amateurs ont d’ailleurs placé leurs joueurs - ceux possédant un contrat - en chômage partiel. Des démarches longues et fastidieuses que ne s’attendaient pas à affronter les présidents de clubs concernés. Pour ces derniers, le futur est incertain et les prochains mois pourraient être un véritable casse-tête, à l'instar de tous les secteurs de l’économie française touchés par l’épidémie de Covid-19.

Des sponsors gravement touchés par la réduction d'activités

La plus grosse incertitude pour les clubs amateurs réside dans la constitution de leur budget. Comme l’explique Claude Ferrandi, président du SC Bastia en N2, "le financement d’un club amateur repose sur les fonds propres que peuvent amener les dirigeants, et ensuite le sponsoring." Ce dernier, au niveau amateur, est généralement garanti par des entreprises locales, qui seront forcément touchées par l’arrêt ou la réduction de leurs activités en raison de la propagation du Covid-19 dans le pays.

Une inquiétude qui touche l’ensemble des présidents de clubs amateurs, comme François Jacob, président du Blois Football 41, pensionnaire de N2 : "On sait que quand l’économie va bien, les entreprises sont plutôt donatrices. Mais leur priorité, ce n’est pas le sponsoring sportif, et j’ai peur des recettes de la saison prochaine alors qu’une grosse partie de notre budget vient de multiples sponsors privés." Pour le dirigeant, l’impact ne sera cependant pas immédiat sur les clubs de football amateurs, mais devrait toucher ces derniers la saison prochaine : "En mettant les joueurs en chômage partiel, on ne paie pas une partie des charges que l'on devrait financer. Et si le budget est bien réalisé, la fin de saison devrait se faire sans problème. Ce que je crains le plus, pour un club intermédiaire comme le nôtre, c’est un impact important pour la saison prochaine."

Au sein de son club, tous les salariés ont été placés en chômage partiel, sauf "le jeune qui s’occupe du commercial pour qu’il prépare les partenariats de la saison prochaine dès maintenant." Le sponsoring, une donnée essentielle pour ces clubs amateurs qui ne peuvent pas toujours compter sur la fidélité de leurs partenaires, au contraire des clubs professionnels. "Aujourd’hui, je ne vois pas un sponsor de l’Olympique Lyonnais le quitter, ce serait trop mal vu", souligne Jacques Aubry, président du TA Rennes, club évoluant en N3.

Des ambitions sportives à la baisse

Certains peuvent compter sur de bons parcours en Coupe de France pour voir venir les prochains mois difficiles. C’est le cas de l’ASM Belfort, éliminé en quarts de finale de la compétition cette saison. "On a cette chance d’avoir fait ce beau parcours, donc on a une bonne trésorerie. Pour les autres, ça risque d’être la catastrophe", précise le président Jean-Paul Simon. À défaut d’être trop alarmiste, certains revoient leurs ambitions à la baisse. Actuellement 3e du groupe K en N3 et toujours en course pour la montée, le TA Rennes et son président verraient d'un bon œil le fait de rester à ce niveau-là pour le moment : "On ne sait pas si c’est une très bonne chose de monter en N2 avec les conséquences économiques que cela pourrait avoir. La sagesse veut qu’on soit bien là où on est aujourd’hui."

Pour d’autres, comme le SC Bastia, impossible de ne pas envisager la montée en National. "Les exigences de nos supporters sont fortes, explique Claude Ferrandi. Un club amateur, même s’il a des ambitions, il n’a pas d’impératif. Nous, la montée est un objectif ferme et vital, même si la priorité reste la résolution de cette crise sanitaire". Premier du groupe A en N2 et en course pour l’accession au championnat National, le SC Bastia aurait donc tout intérêt à ce que la saison aille à son terme.

Le principe d'une "saison blanche" envisagé ?

Car c’est là l’autre incertitude à laquelle font face les dirigeants de clubs : le maintien ou non des dernières rencontres de championnat, ou le fait de considérer cette année comme une "saison blanche". "Cela permettrait de mieux démarrer la saison prochaine et de mettre de côté celle-ci qui est faussée", juge Serge Lefort, président de Dinan, club de N3. Et d’éviter un autre casse-tête, alors que le président de la FFF Noël Le Graët a évoqué la possibilité d'achever la saison de Ligue 1 aux alentours du 15 juillet : celui des joueurs dont les contrats se terminent en juin, alors que certains ont déjà prévu de partir en vacances en juillet.

Alors que chaque président souligne que la priorité reste bien évidemment de stopper l’épidémie de Covid-19 dans le pays, les clubs amateurs n’ont toujours pas de visibilité sur la reprise des entraînements et des compétitions. Et tandis que le confinement pourrait être prolongé au-delà des quinze jours initialement prévus, les dirigeants de ces structures se retrouvent confrontés à ces nombreuses questions qui sont loin d’être résolues.

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