Côté technique: L'amortie de Paire
"C'est un cas à part dans le tennis français. Benoît Paire n'a pas connu dans un système classique d'entraînement et de discipline. Son jeu a donc toujours été très inspiré, très naturel, et quelque part pas construit, même si en apparence, avec ses accélérations de revers et ses amorties, cela ressemble à un système de jeu. Il a surtout joué sur le don. Mais comme le disait Brassens, le talent sans le travail est une sale manie. Il est arrivé à temps dans un système qui l'a cadré pour développer le reste de son jeu, d'autres facettes de son adresse.
C'est un joueur naturel, spontané, à fleur de peau, et son système reposait sur un équilibre très précaire. Du coup, dès qu'il y avait un pépin, cela débouchait sur de la frustration et d'une folie incontrôlable sur le terrain. Il s'est construit tardivement, et il arrivera à maturité dans un an ou deux. Il y a peu de temps, c'était encore un joueur en kit. Et il n'avait pas confiance en lui, alors qu'il était très doué. C'était un diamant, mais brut, et on est en train de polir ses facettes. Son spectre de progression s'est ouvert à nouveau cette année. Il a un bon coach. Et le physique va être très important car il n'est pas parti, jeune, avec une base suffisante. Mais il est tellement dans le rythme, qu'il ne dépense pas d'énergie dans la douleur, ce qui protège son corps.
L'amortie, une arme à double tranchant
Très peu de joueurs ont une telle habilité. Pour faire ses amorties, il faut une main, du talent, et de l'inconscience. Il faut voir comment mettre à profit cette main et sa technique dans la conscience. Il a un sens du rythme, une aisance rythmique. L'amortie est un coup très spécial et une arme à double tranchant. D'une part, la moindre erreur est fatale, avec le filet ou un contre, d'autre part car l'amortie en quantité exagérée peut gâcher la main, et enfin parce que l'amortie est souvent un cache-misère lorsqu'elle est trop présente. Si c'est pour se débarrasser de la balle, ce n'est jamais très bon. Rosewall disait: "Quand je vois dans un match beaucoup de demi-volées et trop d'amorties, j'en déduis que j'ai assisté à un match de qualité moyenne." Cela reste vrai. Mais sur certaines surfaces, et notamment la terre-battue, l'amortie reste une arme, surtout après avoir fait reculer son adversaire. Mais c'est 10-15 dans un match, pas 40 comme Benoît Paire le faisait."
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