Coupe du monde 2018 : Défense de fer et contre-attaque, les grands gagnants en Russie
• Matches "spectaculaires"
"Jouer, être beau... De temps en temps, il faut savoir être vilain !", plaidait auprès de l'AFP l'entraîneur champion de France 2012 avec Montpellier, René Girard, pendant la phase de poules. Le précepte vaut d'autant plus quand il y a au bout une consécration mondiale, dans une compétition qui n'a lieu qu'une fois tous les quatre ans.
Au détriment du spectacle ? "On a vu des matches spectaculaires", a défendu le triple Ballon d'Or Marco Van Basten, membre du groupe d'études techniques (TSG) de la Fifa, lors d'une conférence de presse jeudi à Moscou.
"Il n'y a eu qu'un seul match sans but, France-Danemark, parce que le résultat était prévisible. Mais on a aussi eu des matches spectaculaires jusqu'au bout, ça a encore été le cas mercredi" avec la demi-finale remportée in extremis par la Croatie contre l'Angleterre (2-1 a.p.), a poursuivi l'ancien attaquant.
• Organisation défensive
La compétition a quand même laissé la part belle à l'organisation défensive... Y compris pour les "petites" nations présentes. "C'est frappant cette année, toutes ces petites nations qui ont mis l'état d'esprit, l'abnégation au-dessus de tout", avait observé pendant la phase de poules l'ancien entraîneur du PSG Guy Lacombe.
L'organisation défensive de l'Iran, du Maroc, du Mexique ou de la Russie ont ainsi causé des maux de tête à leurs prestigieux adversaires respectifs, Espagne, Portugal, Brésil ou Allemagne. Aucun de ces grands noms du foot mondial n'a d'ailleurs atteint le dernier carré de la compétition.
"On a vu des matches avec des défenseurs très proches de leurs six mètres", analyse encore Van Basten. "C'est assez significatif, les défenses sont vraiment serrées, à tel point que même des joueurs comme Lionel Messi ou Neymar ont des problèmes pour passer à travers..."
• "Abnégation"
"Pour les équipes qui ont des limites techniques, le respect de l'organisation défensive peut permettre de réussir à obtenir un résultat", analysait fin juin l'ancien entraîneur de Nantes Raynald Denoueix, auprès de l'AFP. "Bien sûr, il faut une certaine intelligence, une certaine technicité aussi, mais il entre aussi en compte cette volonté, cette abnégation".
Un symbole ? La Croatie bien sûr, qui a certes des cracks dans son effectif, comme le capitaine Luka Modric, mais aussi un "mental" de fer: "ce sont des battants qui jouent collectif", salue Van Basten. Et pour Bora Milutinovic, sélectionneur qui a participé à cinq Coupes du monde, elle détient carrément "toutes les vertus". "Il y a eu des prolongations et tout le monde a cru qu'ils seraient fatigués mais grâce à leur état d'esprit, leur motivation, les voilà en finale!", observe cet autre membre du groupe d'études techniques de la Fifa.
Au-delà de l'état d'esprit, il y a aussi la qualité du jeu et toutes les sélections n'ont pas la chance d'avoir en leur sein Modric, N.10 chevelu des "Vatreni", qui "guide son équipe, dirige le jeu", a encore salué Van Basten. "Avoir un joueur comme lui vous mène très loin".
• Possession n'est pas raison
Les principes de jeu en revanche, pas toujours. Exit, dès les huitièmes, l'Espagne et son jeu de possession à outrance. A la porte, dès les poules, l'Allemagne championne du monde et sa défense très haute.
"L'Allemagne a pris des risques et joué avec un gros tempo, mais le problème de l'Allemagne a été la finition. Ils ont créé beaucoup d'occasions mais pas marqué les buts", note encore Van Basten. Et se sont laissé piéger en contre-attaque, pendant que la France de Didier Deschamps abandonnait volontiers la maitrise du ballon, restait bien bas et concrétisait plus régulièrement ses occasions, pourtant moins nombreuses.
"Deschamps ou Simeone (coach de l'Atlético Madrid) sont d'une autre école que Löw (sélectionneur allemand). Deschamps (...) s'en fiche d'être dominé car il accorde plus d'importance à son organisation défensive qu'offensive. Son équipe n'en est pas moins compétitive", avait décrypté en juin Xavi, l'ex-joueur du Barça, dans le Journal du Dimanche.
Après avoir tenu en échec l'Argentine de Lionel Messi (1-1), l'entraîneur de l'Islande Heimir Halgrimsson avait lui défendu son plan de jeu très défensif : "c'est bien mieux de jouer de cette manière et réussir des choses plutôt que de jouer d'une autre façon et de ne rien accomplir".
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