Coupe du monde 2018 - Deschamps: "Sur le toit du monde pendant quatre ans"
Quel souvenir voulez-vous que votre équipe laisse ?
Didier Deschamps : "La France est championne du monde, c'est qu'on a fait les choses mieux que les autres. J'avais une groupe très jeune, 14 découvraient la Coupe du monde, mais malgré cela, la qualité est là. Ma plus grosse fierté, avec ce groupe, c'est qu'ils ont réussi à avoir l'état d'esprit pour une telle compétition. Le mot que je leur ai rabâché, c'est: ne rien lâcher, ne jamais rien lâcher. On a des imperfections, aujourd'hui (dimanche) aussi, mais il y a ces qualités mentales qui ont été déterminantes dans cette Coupe du monde, où les équipes qui avaient la plus grande maîtrise, eh bien ça n'a pas suffi. Nous, on n'en a pas eu assez, en première mi-temps pas beaucoup, mais malgré tout on menait 2-1. Est-ce que la France est un beau champion? On est champion du monde, la France sera sur le toit du monde pendant quatre ans, c'est ça qu'on va retenir avant tout".
Qu'est-ce que ça fait de l'être pour la deuxième fois?
D.D : "Mon histoire et cette aventure sont liées aux joueurs. J'ai eu l'immense bonheur de connaître ça comme joueur, il y a 20 ans, en plus c'était en France, ça restera gravé à vie. Mais ce qu'ils ont fait là est aussi beau, aussi fort. J'ai un garçon qui a 22 ans, il n'avait pas âge de comprendre. La génération qui a 10, 15, 20 ans, qui a vécu ça a eu le bonheur de le vivre avec nous. On se rendra compte vraiment demain et dans les jours à venir ce qu'on a réalisé. Mes joueurs ne savent pas ce que c'est qu'être champion du monde. Je leur ai dit deux choses importantes après le match: ces 23 joueurs seront liés à vie, quoi qu'il se passe, ils prendront des routes différentes mais ils seront liés à vie par cet événement. Et je leur ai dit qu'à partir de ce (dimanche soir), et j'étais désolé pour eux, mais ils ne seront plus les mêmes, parce qu'ils sont champions du monde, parce qu'il n'y a rien qui est au dessus".
Titré comme joueur puis sélectionneur, vous rejoignez Mario Zagallo et Franz Beckenbauer...
D.D : "Oui, ça me fait très plaisir, c'est un cercle très fermé. Ils étaient deux meilleurs techniciens que moi, sur le terrain, c'étaient de beaux joueurs, moi moins, mais j'ai quand même gagné des titres. C'est une fierté personnelle mais sincèrement ça passe après, je suis plus heureux de voir le bonheur de mes joueurs".
Antoine Griezmann évacue l'expression "génération Griezmann" au profit du collectif: c'est une fierté ?
D.D : "Le foot a évolué. Antoine a des qualités et beaucoup d'humilité. Il sait très bien qu'il existe à travers le collectif. Le collectif est primordial, mais des individualités ont fait la différence, on peut parler d'Antoine, de Kylian, de Paul (Pogba), les buteurs, il y a eu aussi Raphaël Varane et Samuel Umtiti. Ils ont vraiment tout fait ensemble, sur le terrain et en dehors. Je suis convaincu que ça passe par collectif. Que des individualités ressortent, il n'y a pas de souci, mais toujours à travers un collectif, et les entendre parler de ça à tour de rôle, on est dans le vrai. Après, il faut concrétiser cela sur le terrain, et le terrain leur donne raison aujourd'hui" (dimanche).
Une question de mentalité...
D.D : "On a eu un match très difficile contre le Pérou, très important. Contre le Danemark, j'avais décidé de faire tourner et reposer, les Danois n'ont pas cherché à gagner ce match. OK, on a joué gagne-petit, mais ça nous assurait la première place. Après, une autre compétition commence. On avait une grande nation, l'Argentine, et passer ce tour là, ça a changé beaucoup de choses, en terme de capital confiance. Les joueurs le disent entre eux, ce sont des guerriers. Le talent ne suffit pas au haut niveau, il y en a autant en face, c'est plus le mental. Avec cet état d'esprit, n'importe quelle équipe est capable de renverser des montagnes".
Vous y avez cru à partir de l'Argentine?
D.D : "C'est un élément déclencheur, parce que l'Argentine est une grande nation, avec Lionel Messi. Avoir renversé cette situation donnait plus de force. Oui, j'y croyais; après savoir comment ça va se passer... on n'était que qualifié pour les quarts. Il y avait tellement d'euphorie, heureusement il y avait assez de jours d'écart pour apprécier et s'y remettre: si c'était pour se planter contre l'Uruguay, ç'aurait été bien mais sans grande signification... Cet appétit de victoire est venu progressivement pour arriver à cette apothéose".
Vous être dans le panthéon sportif français...
D.D : "Je regarde toujours devant moi. Je fais tout mon possible pour atteindre les objectifs. Il y a deux ans, c'était tellement douloureux de laisser passer cette opportunité d'être champion d'Europe, mais peut-être que si on l'avait été on n'aurait pas été champions du monde. J'ai appris beaucoup à travers cette finale, j'avais certainement trop accentué sur le côté émotionnel. Je suis fier d'eux, mais je suis fier de moi aussi, un peu, en toute humilité".
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