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Coupe du monde 2018 : Les coups de pied arrêtés, l'arme fatale de l'Angleterre

Même si elle a dû s'incliner face à la Croatie en demi-finale (2-1), l'Angleterre a encore fait parler sa science des coups de pied arrêtés mercredi. Avec 75 % de leurs buts inscrits sur phase arrêtée, les Three Lions ont trouvé une arme létale et un problème insoluble pour les défenses. Un apport amené par Gareth Southgate, qui est allé puiser dans l'analyse de données et les systèmes des sports américains.
Article rédigé par Théo Gicquel
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 3min
 

Si elle ne peut résumer à elle seule le formidable Mondial de l'équipe d'Angleterre, la statistique est tellement cinglante qu'on ne peut passer à côté : les Three Lions ont marqué 9 de leurs 12 buts sur phase arrêtée (coup-franc ou corner) dans cette Coupe du monde.

Un chiffre ahurissant, que l'on peut voir de deux manières : les Anglais sont presque incapables de marquer dans le jeu. Ou bien, ils ont développé une arme presque imparable. Les deux ont forcément leur part de vérité. Il n'empêche : grâce à Gareth Southgate, arrivé en 2016 sur le banc anglais, la perfide Albion s'est doté d'une nouvelle arme chirurgicale.

Celle-ci peut prendre plusieurs formes. Sur coup-franc, le choix est laissé aux deux snipers Ashley Young et Kieran Trippier. Frapper directement, comme Trippier en a eu la bonne idée face à la Croatie, ou effectuer une combinaison pour mettre un partenaire en position de frappe, comme face au Panama sur le but du 4-0. 

Sur corner, les Anglais ont développé le désormais célèbre "love train". Le principe est simple : quatre joueurs se placent en file indienne dans la surface, et partent tous dans des direction différentes à la frappe. Presque impossibles à lire, les trajectoires perturbent le placement des défenseurs. Le but de Maguire contre la Suède en est le parfait exemple.

Des centaines de matchs analysés

Mais d'où cela vient-il ? C'est ici peut-être la marque la plus visible de l'empreinte du sélectionneur. Southgate a déniché, analysé et décortiqué des centaines de matchs pour observer les lacunes de son équipe et comment les combler. Il a notamment remarqué le nombre important de buts inscrits sur phase arrêtée au Mondial 2014. 

Il a principalement étudié les penaltys, exercice où les Anglais faisaient encore un complexe jusqu'à leur victoire en quart de finale face à la Colombie. Un hasard ? Southgate lui n'y croit pas un instant.

Les sports US, source d'inspiration

Début février, il s'envole pour les Minneapolis observer le Super Bowl, la finale du championnat du football américain (NFL). Sport tactique par excellence, le football américain, avec son "playbook" rempli de centaines de tracés et combinaisons possibles, est un réservoir inépuisable pour l'Anglais.

Il va encore plus loin. En observant les déplacements des joueurs NBA sur les remises en jeu et les "systèmes" (combinaisons de mouvements prévues pour démarquer un joueur), il observe qu'il est possible de mettre un joueur en position de shoot. Pourquoi ne pas tenter de la transposer au football ?


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"Si le foot et le basket sont deux sports bien différents, il existe des phases arrêtées au football où il est possible, à la manière du basket, de mettre en place des systèmes avec des déplacements précis du ballon et des joueurs", racontait le sélectionneur anglais.

Les résultats sont fulgurants : dans des rencontres parfois hachées face à des blocs bas, les combinaisons font merveille. Et le chiffre, énoncé plus haut : 75 % des buts anglais inscrits sur phase arrêtée.

Rajoutez-y l'efficacité d'Harry Kane, meilleur buteur de la compétition et intraitable sur penalty (6 buts dont 3 sur penalty) et vous avez une attaque diversifiée qui porte la marque de l'homme qui a révolutionné l'approche des coups de pied arrêtés : Gareth Southgate.

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