Coupe du monde 2018 : les recettes d’un succès tactique
"On ne va pas se le cacher : le style et l'identité ultraréalistes des Français sont assez moches, assure l'ancien international Hatem Ben Arfa. Et je n'ai pas envie que ce style-là devienne désormais la norme dans les centres de formation ou les clubs." Malgré la victoire, des critiques naissent et deux écoles s’opposent : les fervents défenseurs du beau jeu, déçus des choix d’un sélectionneur riche de talents offensifs face aux militants de "la gagne".
Ce procès fait au sélectionneur s’avère injuste. D’abord, contrairement à ce que Thibaut Courtois affirme, la France n’a pas joué à "11 joueurs devant le but". Elle a évolué avec un bloc compact, prêt à contrer en s’appuyant sur un jeu direct. Résultat, une moyenne élevée de deux buts par match.
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France - Etats-Unis, le grand virage ?
Guy Stéphan a expliqué en conférence de presse qu’il y avait eu "un moment de rupture" pendant lequel Didier Deschamps a réorienté son plan en vue du mondial. Une semaine avant la compétition, les Bleus sortent d’un match nul inquiétant sur le plan défensif à de modestes Américains (1-1). Lloris, Mendy et Sidibé sont coupables sur un but largement évitable. Une contre-performance qui a fortement déplu au sélectionneur.
Les deux matches de préparation, abordés en 4-3-3 offensif, auront servi à ça : revoir le plan de jeu pour solidifier le bloc défensif. Si Didier Deschamps possède l’image d’un afficionado du jeu défensif, il a pourtant tenté de mettre le feu devant. Lors du premier match de préparation, il aligne une attaque Mbappé-Griezmann-Dembélé soutenu par un milieu Tolisso-Kanté-Pogba. Rebelote pour l’ouverture du mondial face à l’Australie (2-1).
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Le malheur des uns fait le bonheur des autres
L’expérience du 4-3-3 tourne court, trois petits matches et puis s’en va. Depuis l’Euro 2016, le 4-2-3-1 avec Giroud en pointe semble trop ancré dans l’ADN des Bleus pour tout bouleverser. Et Didier Deschamps le sait plus que quiconque depuis son sacre en 1998, l’assise défensive est indispensable pour aller chercher un titre mondial.
Conséquence, même si elle était amoindrie physiquement, la paire de latéraux Sidibé-Mendy sort au profit du duo Pavard-Hernandez. Les deux surprises des 23 offrent un profil nettement plus défensif. En difficulté cette saison à Monaco, Thomas Lemar perd sa place. Pourtant protégé par Deschamps pendant les qualifications, le gaucher se fait devancer au poste d’ailier gauche par… Blaise Matuidi.
Combat et intensité physique priment sur le talent et la qualité balle au pied. Les amoureux du beau jeu, de la possession et des combinaisons express auront peut-être un goût amer après les prestations des Français. Qu’ils se rassurent, la saveur d’une deuxième étoile adouci la moindre contrariété.
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