ENTRETIEN. Paris 2024 : "Je sais que je suis très attendu aux JO", assume Anthony Jeanjean, star du BMX Freestyle
En BMX freestyle, savoir se relever est indispensable. Alors, après la déception lors des Mondiaux de Glasgow 2023, Anthony Jeanjean est remonté en selle. À 25 ans, le natif de Béziers vient de terminer troisième de la coupe du monde 2023, après avoir fini deuxième en 2022. De quoi reprendre de la confiance avant de venir remettre sa couronne de champion de France en jeu, dimanche, à Saint-Quentin-en-Yvelines. Avant ce rendez-vous, celui qui vise l'or olympique à Paris, l'été prochain, a pris le temps de revenir sur ses dernières semaines, et sur celles à venir.
Franceinfo: sport : Comment allez-vous depuis l’échec des Mondiaux de Glasgow ?
Anthony Jeanjean : Ça va très bien. Je m’entraîne beaucoup, j’ai eu un bon résultat à la dernière étape de Coupe du monde avec une troisième place au général. Je suis content. Ce n’était pas facile après la déception des Mondiaux, mais j’ai réussi à me remobiliser très vite, à me remotiver. J’ai identifié ce qu’il n'allait pas. J’ai réussi à optimiser mes entraînements depuis pour me sentir le mieux possible sur mon vélo.
Qu’est-ce qui n’allait pas ?
À Glasgow, il y avait beaucoup d’éléments hors de ma volonté, comme le vent, le froid, la durée de la finale et les interruptions. C’était long et fatigant. Je ne me cache pas derrière ça, car c’était la même chose pour tout le monde, mais ça n’a pas aidé. J’ai revu mon organisation générale, mes entraînements. J’ai une équipe plus structurée avec un suivi plus poussé, personnalisé, un préparateur mental, un nutritionniste. Je me sens beaucoup mieux aujourd’hui. J’ai de la chance que mon club de Sérignan soit proche du pôle France de Montpellier, ça me permet d’alterner pendant la semaine. C’est important de garder le lien avec les autres Français, et d’avoir aussi ma bulle. Ca fait du bien de partager des moments ensemble en dehors des compétitions, on se tire tous vers le haut. On progresse toujours plus à plusieurs que seul en BMX.
Malgré cet aspect, le BMX freestyle reste un sport individuel. Ce week-end, c’est chacun pour soi aux championnats de France...
Exactement : là on sera tous concurrents, mais c’est l’essence du BMX. On n’est pas en confrontation directe avec les autres en freestyle. L’important c’est de faire ce qu’on a prévu, les autres n’y changeront rien, même si des fois on s’adapte à la concurrence. Mais le BMX, c’est d’abord une compétition avec soi-même. C’est pour ça qu’on s’entend tous entre nous, et même avec les autres pays.
Ces championnats de France, vous les prenez comme une répétition générale à domicile avant les Jeux ?
C’est important d’être devant le public français. On roule souvent à Montpellier, à chaque fois on sent le soutien du public. Les compétitions où je suis le meilleur, ce sont celles où le public me pousse, donc en France. L’été prochain, à la Concorde, ça va être quelque chose… J’ai hâte de découvrir cette arène olympique. J’ai vu les plans du site, avec le break, le skate... Ça va être sympa. Le public pourra passer d’une discipline à l’autre, c’est une bonne chose. Il va apprécier cet espace urbain des JO.
La Commission d'enrichissement de la langue française dit qu'on doit maintenant parler de "planchodrome". Ça vous convient ?
Déjà, nous on parle de BMX Park, pas de skatepark ! (rires) Mais le mot skatepark reste emblématique. Le planchodrome de la Concorde, ça claque moins…
On sait que vous préparez des nouveaux tricks pour les JO. En verra-t-on dès ce week-end ?
Pas toute de suite ! Déjà parce que je ne suis pas prêt à les sortir en compétition. Aussi parce que je continue à les travailler pour me sentir le mieux possible dessus, et pour voir à quel moment il faut les sortir en compétition. J’en peaufine d’autres aussi. Le but est d’impressionner le public et les juges. Certains sont en place, mais vous ne les verrez pas ce week-end. Mais venez quand même parce que j’en ai plein d’autres en stock !
Les JO sont encore loin. Quel est le programme d'ici là ?
Encore loin, mais j’ai commencé à me préparer début août, depuis les Mondiaux de Glasgow. J’aurai quelques compétitions avant les Jeux, dont deux manches de Coupe du monde à Montpellier et au Japon. Ensuite il y a deux compétitions qualificatives pour les Jeux, fin mai et début juin. Même si je sais déjà que je suis qualifié, on peut aller chercher une deuxième place pour un autre Français, donc on va tout faire pour. Et c’est important de répondre présent pour se rassurer, tester des nouveautés et voir la concurrence.
Même si le BMX reste méconnu, votre nom circule beaucoup, et notamment pour une possible médaille d'or à Paris. Vous subissez cette pression ?
C’est beaucoup de pression, je la sens. Mais je sens surtout que je suis soutenu, ça parle beaucoup de moi, mais toujours dans un état d’esprit positif. Je sais que je suis très attendu aux JO, les gens s’attendent à ce que je fasse un résultat. Je fais tout pour. Cette pression est différente, on est beaucoup plus attendu, soutenu, médiatisé. Je me prépare aussi à ça mentalement. Je sais que pour arriver aux JO, je dois progresser sur le vélo, mais pas que. Faire une médaille d’or aux Jeux, ça change une vie, une carrière, mais ça changerait aussi beaucoup de choses pour le BMX français. Et ça serait un beau remerciement pour tous ceux qui me soutiennent. J’espère rendre tout le monde fier et heureux à Paris.
Comment faites-vous pour vous vider la tête ?
J’ai des trucs pour me divertir et me sentir bien. Dans un premier temps, il faut surtout aimer ce qu’on fait. Je fais beaucoup de préparation mentale, tout tourne autour de Paris 2024, mais je reste avant tout passionné par mon sport. Je suis heureux à l’entraînement, mon travail c’est ce que j’ai toujours voulu faire de ma vie. Je suis épanoui, je prends du plaisir tous les jours, et c’est la meilleure préparation possible.
Vous avez aussi la chance de pouvoir vous consacrer pleinement à votre sport, grâce à l'armée. Ça change tout ?
Oui, surtout qu'on se retrouve avec d’autres athlètes pour partager des moments. On galère tous ensemble sur des épreuves de l'armée, ça nous aide à créer des liens. On discute énormément sur nos disciplines, nos entraînements. On prend de l’expérience de chacun dans cette grande famille. On est soutenu quoi qu’il arrive, même dans les mauvais moments, et ça nous permet d’être épanouis dans nos vies de sportifs. En plus, ils n’imposent pas la coupe de cheveux militaire. On est très bien reçus ! Malheureusement je n’ai pas pu défiler sur les Champs-Elysées le 14 juillet dernier, mais j’espère le faire un jour.
Vous pourriez vous rattraper en chantant la Marseillaise en bas des Champs-Elysées l’été prochain ?
J’espère le faire oui ! Ça voudrait dire que ça s’est bien passé sur le park de la Concorde et que j’aurais quelque chose autour du cou...
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