Le Portugais Rui Costa champion du monde
Rui Faria Da Costa aime créer la surprise. Evoqué parmi les favoris à la victoire finale aux Championnats du monde en Toscane, le coureur portugais semblait manquer de poids face aux gros moteurs Cancellara, Sagan, Rodriguez ou Nibali. Pourtant, comme sur les routes du Tour de France cet été, le Lusitanien a tiré son épingle du jeu. A Gap puis au Grand Bornand sur la Grande Boucle, le grimpeur de 26 ans avait déjoué les pronostics. Sur le parcours italien, il a remis le couvert. Bien caché au sein du peloton toute la journée mais esseulé dans une équipe du Portugal de faible niveau, Rui Costa a dû la jouer fine pour se retrouver en position de disputer la victoire finale. Comme dans les deux étapes alpestres, le Portugais est parti en chasse-patate avant de déposer son rival dans le final. Malgré ses multiples attaques dans le final, Rodriguez ne pouvait que s'incliner face à son adversaire de la Péninsule ibérique.
L'Italie dynamite la course
Des conditions dantesques, 272 km de course, 10 tours d’un circuit final de 16,600 km offrant deux belles difficultés et de nombreux candidats à la victoire finale, ce Championnat du monde sur route promettait beaucoup. Sous une pluie battante entre Lucques et Florence, qui ne s’est arrêté qu’à 50 kilomètres de l’arrivée, la course a été à la hauteur de ces attentes. Dès le départ, cinq hommes se portent en tête : Huzarski, Chtioui, Barta, Godoy et Brandle. En tête du peloton, les Italiens durcissent le ton dès la première descente du Fiesole, une des deux montées au programme du circuit avec la Via Salviati. Alors que 150 km restent à courir, l’accélération de Pozzato et Santaromita provoque du dégât. Wiggins, Froome, Phinney, Van Garderen, Roche, Sanchez ou Martin, autant de gros bras distancés loin de la ligne d’arrivée.
Quand ce ne sont pas les Transalpins, la pluie se charge d’opérer la sélection. Cadel Evans et la jeune révélation française Warren Barguil tombent et jettent l’éponge. Néanmoins, les Cancellara, Nibali, Gilbert, Valverde, Boasson-Hagen, Sagan ou Rodriguez, favoris au départ, sont bien au rendez-vous. A domicile, les Italiens poursuivent leur effort pour décramponner les Espagnols mais n’y parviennent pas. Ils étaient plus de 200 au départ. A 100 km de l’arrivée, ils ne sont plus que 70 ou 80 à être dans le coup. Des trombes d’eau s’abattent sur le peloton et les abandons se multiplient. Cinq Français sont présents aux avant-postes : Gautier, Voeckler, Pinot, Vichot et Bardet, bientôt rejoints par Roux et Moinard. Barta et Huzarski sont les derniers fuyards de la première heure à résister. Preidler, Kelderman, Visconti et le Tricolore Cyril Gautier reviennent sur le duo. Visconti et Huzarski lâchent leurs compagnons d’échappée mais ne peuvent résister au retour de la meute.
Rui Costa le malin
A 35 bornes de l’arrivée, tous les meilleurs sont réunis. L’Allemagne et l’Espagne prennent les commandes d’un groupe où figure encore Vichot et Bardet côté Français. Ce dernier tente de prendre la poudre d’escampette mais c’est encore un membre de la sélection italienne qui crée le déséquilibre. Scarponi fait tout exploser, suivi par son compatriote Vincenzo Nibali et l’Espagnol Joaquim Rodriguez. Dans l’ultime ascension de Fiesole, l’Ibère pose une mine et lâche le "Requin de Messine". Sortis du peloton Valverde et Rui Costa font la jonction avec le Transalpin. Dans cette course folle, le trio revient sur Rodriguez. L'Espagnol insiste et repart. Mais il n'a pas les jambes pour conclure. Accroché au groupe de poursuivants sans y apporter une grande contribution, le Portugais Rui Costa fond sur Rodriguez. La victoire se jouera au sprint entre les deux hommes. Le vainqueur de la Flèche Wallonne et du Tour de Lombardie la saison dernière est trop léger et doit s'incliner devant son voisin lusitanien. "Cela aurait été la course de ma vie... Et finalement, mon nom est associé à des deuxièmes places. J'ai déjà perdu d'un souffle le Giro et la Vuelta, et maintenant le Championnat du monde", avouait un Purito désabusé à la fin de la course. Pour la première fois de l'histoire, un Portugais monte sur le podium d'un Championnat du monde. Et en sus, sur la plus belle des marches...
Classement de la course
1. Rui Costa (POR), les 272,2 km en 7 h 25:44
2. Joaquim Rodriguez (ESP) m.t.
3. Alejandro Valverde (ESP) à 15.
4. Vincenzo Nibali (ITA) 15.
5. Andriy Grivko (UKR) 31.
6. Peter Sagan (SVK) 34.
7. Simon Clarke (AUS) 34.
8. Maxim Iglinskiy (KAZ) 34.
9. Philippe Gilbert (BEL) 34.
10. Fabian Cancellara (SUI) 34.
11. Bauke Mollema (NED) 34.
12. Lars-Petter Nordhaug (NOR) 34.
13. Dani Moreno (ESP) 34.
14. Simon Geschke (GER) 34.
15. Sergio Henao (COL) 34.
16. Michele Scarponi (ITA) 34.
17. Filippo Pozzato (ITA) 1:05.
18. Arthur Vichot (FRA) 1:05.
19. Maciej Paterski (POL) 1:05.
20. Edvald Boasson Hagen (NOR) 1:05.
21. Jakob Fuglsang (DEN) 1:05.
Vidéo: La lutte pour la victoire entre Rui Costa et Rodriguez
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