Mondiaux sur piste - Keirin: Pervis, champion fragile
"On dit que je suis une machine mais, il y a des limites". Après sa course victorieuse, François Pervis a fendu l'armure. Lui le colosse, le triple champion du monde en 2014, le détenteur de deux records du monde (200m lancé et kilomètre) a lâché quelques larmes en évoquant les derniers mois difficiles qu'il a vécus. Ces mois qui l'ont conduit à conserver son titre sur le keirin, ce qu'aucun coureur n'avait fait depuis la légende Chris Hoy en 2007-2008. Malgré trois courses parfaites, impressionnantes de facilité, François Pervis était friable. Il ne l'a pas montré. Ce que ses adversaires ont vu, c'est un Pervis imbattable. Un Pervis bien aidé, il est vrai par une foule en délire qui a accompagné sa finale d'un bruit phénoménal et sa victoire d'une "ola" communicative.
"Pas sûr de participer au Mondiaux il y a une semaine"
Que se cache derrière "ces derniers mois difficiles" ? Des "failles physiques et mentales" selon les propres mots de François Pervis à son arrivée sur l'aire centrale. L'hiver a été ô combien compliqué pour celui qui avait remporté trois titres en 2014 à Cali (Colombie). Est venue se rajouter, en plus, une chute sur ce même vélodrome de Cali: "Je suis tombé il y a exactement un mois et un jour, raconte le Mayennais. Ma saison a failli être foutue" ajoute-t-il.
Est-ce tous ces moments qui ont fait douter Pervis sur le bien fondé d'une participation aux Mondiaux ? Car oui, le désormais double champion du monde de keirin a hésité. "Il y a une semaine, il évoquait la possibilité de ne pas participer aux Mondiaux" raconte Laurent Gané son entraîneur. "On a fait une réunion (entraîneurs, DTN et François Pervis) et on a discuté pendant une heure. On lui a expliqué qu'il n'avait pas le droit de ne pas participer aux Mondiaux".
Vidéo : la réaction de François Pervis
Un plaisir partagé
Il y a fort à parier ce jeudi soir que François Pervis ne regrette pas d'avoir changé de décision: "Être champion du monde devant sa famille, ses amis, mon fan club qui est venu en masse et puis son public, c'est super" lâche le Mayennais dans un sourire. La joie qu'il a communiquée au public, celui-ci la lui a bien rendue. De la "ola" d'après-finale à une Marseillaise sublime au moment du podium, la foule n'a pas boudé son plaisir.
Tout ne fut pas facile, loin de là pour Pervis: "Gagner une finale du keirin comme ça, ça a l'air d'être facile mais je vous garantis que c'est loin de l'être" dit-il. Pour une analyse plus poussée de sa course, il faut se tourner vers son compatriote, Michaël D'Almeida: "Il a fait avec le peu d'armes qu'il avait aujourd'hui. Comme quoi, sans être le plus fort on peut gagner sur la piste". Mais encore ? "Tactiquement, il a été parfait !" explique Gané avant d'ajouter: "Ses adversaires ont cru qu'il allait les emmener mais quand il a accéléré, il était tout seul". Tout seul, François Pervis l'a été aussi pour surmonter ces épreuves qu'il appelle des "défis". C'est, en revanche accompagné de 5 000 spectateurs qu'il est de nouveau sur le toit du monde.
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