Yorkshire 2019 : Du titre mondial U23 à la disqualification, l'imbroglio Nils Eekhoff continue de faire parler
Les images ont fait le tour des réseaux sociaux vendredi. Quelques minutes après une célébration rageuse sur la ligne d'arrivée, venue accueillir un titre de champion du monde espoirs, le jeune Nils Eekhoff a fondu en larmes. Alors qu'il avait déjà commencé à donner des interviews en zone mixte, le Néerlandais a fini par comprendre qu'il n'allait pas recevoir de médaille en voyant Thomas Pidcock, 4e de la course, être appelé pour monter sur le podium. Initialement deuxième, c'est l'Italien Samuele Battistella qui a été officiellement sacré champion du monde U23, devant le Suisse Stefan Bissegger et donc le Britannique Pidcock.
Sanctionné plusieurs heures après les faits
Il est en fait reproché à Eekhoff de s'être abrité derrière la voiture de son directeur sportif pendant 2 minutes, à plus de 120 km de l'arrivée. A ce moment de la course, le futur pensionnaire de la Sunweb tentait de faire son retour au sein du peloton après une lourde chute. "Je me suis disloqué l'épaule, je l'ai remise, mais j'ai aussi eu un ennui mécanique donc cela a pris plus de temps. Ensuite, je suis revenu, la voiture m'a ramené dans la file et à ce mom ent j'ai couru par moi-même jusqu'à réintégrer le peloton. Au moment de ma chute, il restait encore 125 km. La course était ouverte. Mon opinion, c'est que je me suis battu pour ça (...). Je n'avais aucune idée que je prenais un risque", s'est-il défendu auprès de Cyclingnews.
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L'affaire a suscité beaucoup de réactions sur les réseaux sociaux. Certains cyclistes n'ont pas caché leur indignation quant à la tournure des événements. Les Néerlandais Pascal Eenkhorn et David Dekker ont dit ne reconnaître qu'un seul champion du monde espoirs : leur compatriote. Du soutien est également venu de Belgique. Jasper Stuyven s'est demandé si l'Union cycliste internationale aurait disqualifié Eekhoff s'il avait terminé à la 4e place. Si les Pays-Bas ont accepté la décision du jury, l'agence SEG Cycling réfléchirait à engager une action légale pour défendre les droits de son coureur.
Face à la montée des critiques, l'UCI n'a pas reculé d'un centimètre. Au lendemain du début de l'affaire, l'instance internationale a décidé d'apporter des précisions quant à sa décision. "Le coureur a été disqualifié après s'être abrité derrière un véhicule pendant 2 minutes. La décision a été prise par le panel de commissaires après la course (...), après avoir entendu le coureur et son équipe", a-t-elle écrit dans un communiqué, s'appuyant sur l'alinéa 4.7 de l'article 2.12.007. Un extrait vidéo a même été publié pour justifier la décision. L'UCI a suivi le règlement à la lettre et fait un exemple du cas Eekhoff.
"Je suis désolé pour lui, mais c’est comme ça. C’est le vélo", Samuele Battistella
Ce dernier n'a pas du tout apprécié la manière de procéder. "Je suis dévasté, c'est dur. J'ai commencé à pleurer. Je me sentais démuni, je ne savais pas quoi faire. Ils m'ont juste laissé dans la tente. Ils sont partis et j'étais assis là. Je voulais juste rentrer chez moi", a-t-il regretté. Samuele Battistella en a donc profité pour revêtir le maillot arc-en-ciel. Pour l'Italien, la saveur n'a pas été altérée. "Je suis désolé pour lui. C’est lui le vainqueur, sur la ligne… Je ne sais pas pourquoi les commissaires ont pris cette décision. Tout ce que je sais, c’est que je suis Champion du Monde. Et puis, je me dis que s’il est disqualifié, c’est qu’il y a une raison. Encore une fois, je suis désolé pour lui, mais c’est comme ça. C’est le vélo", a déclaré à Direct Vélo celui qu'on verra en World Tour sous les couleurs du Team NTT en 2020.
Au-delà du cas individuel de Nils Eekhoff, une question se pose désormais. Les coureurs qui s'abritent dans la file des voitures seront-ils désormais disqualifiés ? Car, il ne se passe pas une seule course sans que pareille situation ne se passe. Pas sûr que l'UCI réussisse à faire avaler la pilule du tout répressif après des années d'indulgence.
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