Collectif, budget, mécanique: Chris Froome et la Sky ont régné sur le Tour et c'est parti pour durer
Une dream team dédiée à son leader
La Sky possède certainement la plus belle armada du peloton. Difficile de trouver un «porte-bidon» parmi les neuf coureurs alignés sur le Tour. Cette année, Geraint Thomas s'est imposé sur Paris-Nice, quand Wout Poels triomphait lors de Liège-Bastogne-Liège. Michal Kwiatkowski était sacré champion du monde en 2014 avant de rejoindre leurs rangs. L'an passé, Richie Porte remportait Paris-Nice et le Tour de Catalogne. Ce même Porte, passé à la BMC cette année et dont il est devenu leader. Comprenez : les lieutenants de Christopher Froome pourraient prétendre à des places de leaders dans les autres formations du peloton. Pour distancer le Kényan blanc, il faut donc déjà réussir à faire sauter chacun des verrous qui le protègent. Une mission impossible qui annihile souvent les envies d'attaquer. Avec de tels remparts autour de lui, le champion britannique - déjà le meilleur du peloton intrinsèquement - ne risque rien.
Un budget sans égal
Il faut bien sûr avoir les moyens de ses ambitions. De ce côté-là, la Sky fait mieux que n'importe quelle autre équipe. Les équipes et les coureurs de David Brailsford disposent d'un budget de 35 millions d'euros. C'est 10 millions de plus que la Tinkoff d'Alberto Contador, 20 de plus que la Movistar de Nairo Quintana, 31,5 (!) millions de plus que Fortuneo, Petit Poucet de cette édition 2016… La Sky, c'est un peu le PSG en Ligue 1. Difficile de rivaliser.
Une technologie supérieure
Qui dit plus de budget, dit forcément développement mécanique supérieur. L'exemple le plus flagrant de cette domination technique s'est vu lors du contre-la-montre individuel de la 18e étape entre Sallanches et Megève. Pour l'occasion, les ingénieurs de la Sky avaient mis au point un vélo exclusif au profil de l'étape. «Une bonne partie de ma réussite aujourd’hui vient du choix de mon matériel, reconnaissait Froome à l'arrivée. Quand j’ai vu le parcours, je pensais prendre un vélo de route, mais nous avons opté pour le vélo de chrono, qui ne pèse plus 9 kg comme c’était le cas avant». Un vélo de chrono pour le même poids qu'un vélo de course, la machine parfaite pour permettre à Froomey de devancer Tom Dumoulin dans l'exercice.
Les gains marginaux
Voilà un concept qui est sur toutes les lèvres en ce moment lorsqu'il s'agit d'expliquer le succès de la Sky. Les gains marginaux sont ces petits riens, qui font de grandes différences. Cette recherche de l'excellence sur chaque point de la préparation qui peut mener à de grands gains. Certains sont évidents : se refroidir sur un home trainer après une étape, ce que les équipes ne faisaient pas systématiquement avant 2010. Certains prêtent à sourire. Par exemple, l'équipe se déplace avec ses propres oreillers et sur-matelas pour offrir un confort régulier à ses coureurs dans n'importe quel hôtel. Les bidons des coureurs se différencient grâce à leur bouchon. Blanc pour de l'eau, bleu pour une boisson énergisante… Difficile de mesurer l'incidence réelle de ces gains marginaux. Mais on ne reprochera pas à la Sky de ne pas faire le nécessaire pour ses coureurs.
L'hygiène alimentaire
Les diététiciens de la Sky ne laissent rien au hasard. Il n'y a qu'à voir la silhouette de Christopher Froome pour s'en convaincre. Chaque coureur est soumis à un régime alimentaire des plus draconiens. Et le cuisinier de l'équipe a ses petites recettes à base d'huile de poisson, de sirop d'agave, de protéines dès le réveil ou de jus de légumes. Il y a aussi la suppression des fibres pour alléger l'intestin, et bien sûr les privations alimentaires. Difficiles à supporter parfois. L'an passé, le départ de Richie Porte s'expliquait - partiellement - par son refus de garder ce régime quasi-inhumain. Maintenir ce degré d'exigence a bien sûr un coût, humain. Mais tant que Chris Froome acceptera les exigences de son team, les hommes en noir et bleu risquent de briller sur les routes du Tour… et longtemps encore.
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