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Coronavirus : Supporters confinés, ils devaient assister… au Tour de France (3/3)

Cette fois, promis : cet été plus que jamais leurs vacances allaient être sportives. Ou du moins, dédiées au sport. Depuis des mois, ils économisaient et avaient tout planifié pour vivre une compétition internationale au plus près. Mais ça, c’était avant les annulations en cascade. Depuis, ces vacanciers du sport naviguent entre déception, demandes de remboursements et interrogations. Pour le dernier épisode de cette série, place aux suiveurs du Tour de France, pas encore annulé, mais de plus en plus menacé.
Article rédigé par Adrien Hémard Dohain
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 4 min
 

Le 2 avril, Christian Prudhomme l’assurait : le Tour de France 2020 n’aura pas lieu à huis clos. Prévue du 27 juin au 19 juillet, l’édition 2020 de la Grande Boucle est pour l’instant maintenue, mais de plus en plus en suspend. D’autant que ce même jour, Prudhomme affirmait vouloir laisser "deux mois de visibilité aux coureurs". Dès lors, difficile d’imaginer un départ du Tour le 27 juin à Nice. En attendant d’en savoir plus sur le report ou l’annulation, les vacanciers qui devaient suivre le Tour de France rongent leur frein. 

Pas le même véhicule, mais la même passion

Chaque année, ils sont des centaines à emprunter la route du Tour, mais pas en vélo. Eux, ce sont les campings-cars, venus de toute l’Europe, et surtout de Belgique. L’un des plus emblématiques, c’est celui d’Eric Coppin. A 56 ans, Eric fait partie des meubles sur la Grande Boucle, qu’il suit avec son camping-car depuis 1984. "Comme tous les ans, avec ma femme on devait suivre le Tour cet été. L’itinéraire était prêt, le camping-car aussi", témoigne Eric. En vérité, il l’est depuis plusieurs mois : "Dès que le parcours est dévoilé en octobre, on prépare notre route. Ca me prend des semaines, parce qu’il faut tout optimiser". Et pour cause : son trésor motorisé consomme 15L au 100 km. Quand même. Cette année, Eric et sa femme avaient prévu de prendre le départ à Nice, comme le peloton : "Pour nous, cela fait déjà une sacrée trotte depuis la Belgique".

Employé dans la grande distribution, Fabien Dupent avait lui aussi établi son plan. Pas de camping car pour ce Ch’ti, mais une caravane. Et même LA caravane : "Cela allait être ma cinquième participation à la caravane du Tour, dans la voiture de mon syndicat. J’étais très content d’y revenir, parce que je n’avais pas pu la faire l’année dernière. Et en général, quand on loupe son tour… ", se réjouissait l’homme de 47 ans. Pour tenir sa place de bénévole dans le cortège publicitaire, il avait posé trois semaines de congés : "C’est un rythme intense, mais pour du bénévolat, c’est royal : on est nourri, logé, blanchi et on vit le Tour au plus près". Sauf que pour le moment, la caravane a autant de chance de prendre le départ que le camping-car d’Eric.

A Clermont-Ferrand, Mikael Buffard pilote lui des drones dans la vie de tous les jours. Mais en juillet, il pose systématiquement sa semaine de congés pour se rendre sur la Grande Boucle : "Je m'occupe d'un journal participatif. Tous les étés je pars dix jours pour couvrir les coulisses du Tour". Accompagné d’un journaliste professionnel, Mikael suit bénévolement la Grande Boucle une grosse semaine par an. "On peut quand même parler de vacances", assure-t-il, "Parce que je vois autre chose, je retrouve des vieilles connaissances". Mais cette année, pour Mikael comme pour Eric et Fabien : les vacances sur la route du Tour sont en suspend.

La peur du vide

Les trois hommes ne se connaissent pas, mais ils ont tous les trois la même question sur le bout des lèvres : le Tour sera-t-il annulé, ou reporté ? Si oui, quand ? "Pour moi, de toute façon, ce ne sera pas un problème parce que je suis invalide donc je ne travaille plus", se rassure Eric. De toute façon, le Belge ne croit "absolument pas à l’annulation du Tour", qui sera pour lui reporté à l’automne. D’un point de vue financier, Eric n’est pas beaucoup plus inquiet : l’avantage de suivre la Grande Boucle en camping-car, c’est que cela ne demande aucune réservation : "Le trajet est prêt de toute façon. On sait où on s’arrêtera, les quelques étapes qu’on sautera pour faire des raccourcis et des économies de carburants. Quant au budget : qu’on mange dans le camping-car ou à la maison, c’est pareil !"

Pour le caravanier Fabien, la situation est beaucoup plus compliquée. D’ailleurs, le Ch’ti l’avoue : "C’est un peu l’angoisse en ce moment, parce que qu’il soit annulé ou reporté, ce sera pareil pour moi : j’aurai du mal à décaler mes congés, même si j’essaierai… D’un point de vue très personnel, je préférerais qu’il soit annulé que reporté, ce serait plus facile à encaisser". A 47 ans, Fabien ne veut pas manquer un deuxième Tour d’affilée. "Je scrute tous les sites de sports chaque jour". Mais il relativise : "Après, ma seule perte ce sera les trois semaines de congés posées pour rien. Je vais tourner en rond. Sauf si d’autres courses sont reprogrammées à ce moment-là, j’irai les voir"

Mikael, lui, est plus serein. D’abord parce que son travail le concerne surtout le week-end, et parce qu’il pourra ajuster ses congés. Mais aussi parce qu’il ne croit absolument pas à l’annulation de Tour : "Une année sans Tour, c’est impossible. Ca tuerait le cyclisme. Il y a trop d’enjeux économiques. Et puis j’ai entendu des rumeurs qui disent que le Tour sera décalé en juillet/août", croit savoir le pilote de drones. Au pire des cas, Mikael rentrera dans ses frais de bénévoles, puisque ces hébergements sont remboursables : "J’avais tout prévu depuis octobre. Si c’est décalé, je serai remboursé ou je décalerai mes réservations". S’ils avaient chacun prévu de suivre le tour à leur façon, Eric, Fabien et Mikael sont aujourd’hui dans le même peloton : celui qui pédale à vue, avec l’espoir que l’horizon s’éclaircisse pour pouvoir prendre la traditionnelle échappée de l’été, celle sur les routes du Tour. 

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