Covid-19 : dans le cyclisme professionnel, "il n'y a plus de plaisir" pour les coureurs et leurs équipes
Alors que le calendrier des courses cyclistes françaises de la saison 2022 débute fin janvier avec le Grand prix de la Marseillaise, les coureurs en préparation se sentent déjà épuisés par le protocole sanitaire et les restrictions liées à l'épidémie.
"Le département performance se gratte la tête en permanence. Il y a une logique pour la performance et le Covid-19 supprime toute cette logique." Les mots de Cédric Vasseur, manageur de l'équipe cycliste professionnelle Cofidis, sont forts et traduisent les difficultés rencontrées par les formations françaises. En effet, alors que la plupart d'entre elles sont en stage à l'étranger en cette mi-janvier pour préparer le début de saison, l'usure se fait déjà sentir alors que le calendrier n'a pas commencé.
La saison sera effectivement – à nouveau – marquée par le Covid-19 et les contraintes qui lui sont liées : des journées rythmées par les tests de dépistage, des courses annulées... Tout cela complique la préparation et pèse sur le quotidien des coureurs, voire sur leur moral. "Il n'y a plus de plaisir", résume Cédric Vasseur.
Une organisation dictée par la crainte du virus
Le manageur décrit le stress qui gagne l'encadrement des équipes, avec la crainte que le virus s'infiltre au sein de l'équipe alors que la période est cruciale pour la suite de l'année. "Le programme change toujours. On avait prévu un seul stage mais on a dû en créer trois, parce qu'on souhaite vraiment diviser l'équipe et minimiser le nombre de personnes potentiellement contaminées."
La même inquiétude règne dans la formation B&B Hôtels, dont quatre coureurs n'ont pas pu rejoindre le deuxième stage de l'équipe, justement parce qu'ils étaient touchés par le Covid-19. Cela pourrait avoir déjà des conséquences pour le prochain Paris-Nice, redoute Jérôme Pineau.
"C'est compliqué : est-ce que je vais voir le copain alors que dans deux jours je vois le coureur, et que si le coureur est positif il ne fera pas le départ de la course ? Tout cela joue beaucoup sur le mental."
Jérôme Pineau, manageur de l'équipe B&B Hôtelsà franceinfo
Pour tenter de se préserver au mieux du virus, les coureurs multiplient les tests durant les stages. Ils réalisent ainsi un PCR avant de se retrouver, puis un antigénique tous les trois jours. Cela donne régulièrement des scènes cocasses pour se rendre dans les laboratoires : "Cela impose parfois de jongler avec son entraînement", raconte le Normand Guillaume Martin, huitième du dernier Tour de France. "Cela m'est arrivé de devoir faire deux heures d'entraînement, d'aller avec mon vélo au laboratoire et de repartir pour les deux dernières heures d'entraînement." Mais "pas question de se plaindre", ajoute-t-il, car "cela fait désormais partie de la vie de tous les Français".
"Une accumulation qui rend le métier de cycliste difficile"
S'il garde le sourire, son coéquipier Anthony Perez reconnaît que cette contrainte supplémentaire commence à peser sur le moral de certains. "On fait 20 à 35 heures d'entraînement par semaine, il y a [les tests] en plus, les plateformes anti dopage à remplir, les plateformes d'entraînement... C'est une accumulation de choses à faire qui rend le métier de cycliste difficile", raconte-t-il. Face au désarroi de certains collègues, il a alerté la ligue nationale de cyclisme, l'instance professionnelle.
"Beaucoup de coureurs commencent à faire des burn-out avec tout ça. Il faut que ça s'assouplisse ! On te demande 50 fois ton pass et tu te dis : 'Mais on est où ?'"
Anthony Perez, cycliste de l'équipe Cofidisà franceinfo
Le seul point qui rassure le peloton est que, pour le moment, le calendrier des courses françaises tient bon face au Covid-19. Beaucoup espèrent ainsi lancer leur saison au Grand Prix de la Marseillaise, le dimanche 30 janvier.
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