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Jumbo-Visma, l'autre géant prêt à régner

Face à l’armada d’Ineos, la formation Jumbo-Visma apparaît comme la seule équipe capable de contester collectivement un deuxième sacre d’Egan Bernal sur le Tour de France. Mais avec Primoz Roglic, Tom Dumoulin et Steven Kruijswijk, la formation néerlandaise devra d’abord répondre à ses questions internes avant d’être à l’unisson sur la Grande Boucle. Le Critérium du Dauphiné, qui s'élance mercredi de Clermont-Ferrand devrait faire office de répétition générale.
Article rédigé par Théo Gicquel
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 3 min
Steven Kruijswijk, Tom Dumoulin et Primoz Roglic. (VINCENT JANNINK / ANP)

D’ordinaire, le Critérium du Dauphiné fait figure de dernier réglage avant le Tour de France. Sa position de dernière course par étapes située avant la Grande Boucle la rend très prisée des futurs prétendants à la victoire. Cette année, elle s’est carrément muée en séminaire de favoris tant la densité qu’affiche la startlist fait tourner la tête des organisateurs. Il ne manque quasiment personne pour cette seule course par étapes World Tour avant le Tour de France, qui s’élancera de Nice le 29 août prochain.

L’équipe Ineos, avec sa densité vertigineuse (Egan Bernal, Geraint Thomas, Chris Froome, Pavel Sivakov, Michal Kwiatkowski) a naturellement les faveurs des pronostics, mais une autre équipe vient montrer les muscles et bomber le torse face à l’équipe du milliardaire Jim Ratcliffe : Jumbo-Visma. Les Néerlandais ont sorti l’artillerie lourde en vue de rôder les automatismes : Primoz Roglic, vainqueur de la dernière Vuelta et du récent Tour de l’Ain, Steven Kruijswijk, Tony Martin, Robert Gesink et le dernier arrivé, Tom Dumoulin. Niveau qualité, pas grand chose à envier à Ineos sur le papier.

Une hiérarchie à affiner

Mais sur les routes, l’ancienne équipe Rabobank vient sur le Dauphiné avec un enjeu supplémentaire. Là où Ineos a une hiérarchie définie avec Bernal en chef de file, Thomas en deuxième leader et une armée de soldats dévoués (en plus de Froome sur le Tour de France ?), Jumbo-Visma a une profusion de talents en main qu’elle n’a pas encore parfaitement réparti. Roglic, vainqueur du dernier Tour d’Espagne et récent champion de national de Slovénie, part avec un coup de pédale d’avance et a annoncé venir sur le Tour pour le gagner. "Mon ambition principale pour le Tour de France est de me mettre au plus haut niveau possible, et d'essayer de grandir ensemble avec l'équipe afin de faire le meilleur travail possible. C'est l'objectif principal", a-t-il annoncé dimanche.

  (GUILLAUME HORCAJUELO / EPA)

Steven Kruijswijk, très régulier en Grand Tour - en atteste sa troisième place sur le Tour 2019 - brigue une place de leader qu’il ne parvient pas lui-même ancrer dans le marbre. Enfin, reste l’énigme Tom Dumoulin. Le discret néerlandais a rejoint l’équipe cette année, et ses états de service (Tour d’Italie 2017) suffisent à lui octroyer plus qu’une place de lieutenant de luxe sur le Tour de France. Mais il n'a que trois jours de course au compteur depuis son abandon lors du Dauphiné le 14 juin 2019.

Un hydre à trois têtes qui utilisera le Critérium et son parcours très montagneux surtout pour dégager une hiérarchie claire à l’aube du Tour de France. La densité de talent n’est efficace que si elle organisée, Ineos (ex-Sky) l’a démontré depuis 2012. Imaginer Jumbo-Visma établir une (non) stratégie à l’instar de Movistar avec Valverde-Quintana-Landa serait étonnant dans l’optique de concurrencer la machine Ineos. "Nous pouvons tous revendiquer un statut de leader sur le Tour, mais ça se décidera entre nous et sur le terrain pendant la course.", expliquait récemment Kruijswijk.

Roglic déjà au-dessus ?

A ce titre, le récent Tour de l’Ain (7-9 août) a fait office de premier révélateur. Jumbo-Visma a fait preuve d’une effrayante domination collective, essorant ses concurrents et surtout les Ineos tout au long des trois jours. Egan Bernal s’est retrouvé seul au milieu de trois voire quatre Jumbo-Visma, et a dû céder à chaque fois, non sans se rebeller. Au milieu de cette démonstration, Primoz Roglic a semblé déjà une jambe au-dessus de ses frères d’armes et à vrai dire, du peloton tout entier. 

Dépassé de justesse par Andrea Bagioli lors de la première étape, il a remporté les deux suivantes facilement après avoir été mis sur orbite par ses coéquipiers. Lors de la deuxième étape, Dumoulin s’est mis à la planche pour faire exploser tout le monde, notamment Geraint Thomas, avant que Kruijswijk ne la joue stratégique pour forcer Ineos à rouler. "C'est vraiment agréable de voir que mes coéquipiers sont également forts. Nous sommes ici pour trouver les bonnes sensations et nous sommes concentrés là-dessus", expliquait Roglic à l'arrivée. Le lendemain, Dumoulin et George Bennett ont remis ça, laissant Bernal esseulé. Une image paradoxale tant la stratégie ressemble à celle de leur rival annoncé Ineos lors des années fastes du Team Sky.

La vérité établie lors d’un Tour de préparation peut se confronter aux désirs personnels de chacun à l’aube d’un Grand Tour. Roglic semble le leader désigné pour emmener la formation néerlandaise à sa première victoire sur le Tour de France, mais la hiérarchie d’une équipe peut parfois être chancelante. Deuxième et dernier élément de réponse sur le Critérium du Dauphiné avant de se jeter dans l’ivresse de la Grande Boucle.

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