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Cyclisme : "On ne peut pas dire que Froome s'est réellement dopé tant que la procédure continue" souligne Jean-Pierre de Mondenard

Le médecin du sport Jean-Pierre de Mondenard reconnaît sur franceinfo que "le corticoïde et le salbutamol que [Chris Froome] prenait peuvent suffire à faire la différence" mais rappelle que l'on "ne connait pas sa densité urinaire. Il faut donc attendre ce résultat."

Article rédigé par franceinfo
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Christopher Froome, lors d'un contrôle anti-dopage, le 18 juillet 2013. (PASCAL GUYOT / AFP)

En course, "le corticoïde et le salbutamol que [Chris Froome] prenait peuvent suffire à faire la différence", a indiqué sur franceinfo, mercredi 13 décembre, Jean-Pierre de Mondenard, médecin du sport, spécialiste du dopage et auteur de Dictionnaire du dopage, aux éditions Masson.

Il regrette que le contrôle positif au bronchodilatateur salbutamol de Chris Froome, lors du Tour d'Espagne 2017, ait été divulgué alors qu'"on ne connaît pas sa densité urinaire" et donc "on ne peut dire que Froome s'est réellement dopé tant que la procédure continue".

franceinfo : Est-ce que le salbutamol est un produit dopant ?

Jean-Pierre de Mondenard : C'est un produit pour soigner l'asthme. Si on dépasse la dose autorisée, c'est un produit dopant. Depuis 2004, c'est la règle : si vous dépassez 1 000 nanogrammes dans les urines, vous êtes considéré comme étant positif. Ce produit est stimulant et anabolisant et c'est cet aspect anabolisant qui est pourchassé par les instances internationales de cyclisme. Là, il a le double de la dose autorisée.

Mais, ce qui me dérange, c'est qu'on annonce le cas positif avant que toute procédure soit terminée.

Jean-Pierre de Mondenard, médecin du sport

à franceinfo

Ce taux dépend de la concentration urinaire. Si vous faites du jeu de fléchettes ou du curling, vous n'allez pas beaucoup transpirer. Alors que si vous faites une étape du Tour d'Espagne avec plusieurs cols, la déshydratation sera plus importante et vous allez avoir une hyper concentration de produits dans les urines. C'est pour ça qu'il faut mettre en relation ce chiffre avec la densité urinaire et cela n'a pas été donné ni par Froome, ni par l'UCI [Union cycliste internationale], ni par personne. Donc, on ne peut pas dire que Froome s'est réellement dopé tant que la procédure continue.

Chris Froome dit avoir augmenté sa prise de salbutamol sur les conseils de son médecin. Cela vous surprend-il ?

Cela paraît étonnant. En plus, il prenait un autre produit, de la fluticasone, qui est un corticoïde. Pour la fluticasone, il n'a pas dépassé le seuil. Ce qui n'est pas le cas pour le salbutamol. Mais, plus on transpire, plus la concentration de salbutamol va être élevée dans les urines. Donc soit l'asthme s'aggrave et il faut qu'il s'arrête, soit il outrepasse les doses et il s'expose à un contrôle positif.

Est-ce que cela peut améliorer ses performances au point de le faire gagner ?

Oui, car les coureurs sont très proches dans le Top 10. Le corticoïde et le salbutamol que [Chris Froome] prenait peuvent suffire à faire la différence. Mais l'affaire n'est pas terminée, on ne connait pas sa densité urinaire. Il faut donc attendre ce résultat.

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