Cyclisme : six mois ferme requis contre Bernard Sainz, alias docteur Mabuse
Six mois de prison et 20.000 euros d'amende ont été requis mardi en correctionnelle à Caen contre Bernard Sainz, alias Dr Mabuse, pour incitation au dopage. "Les témoignages, trois directs et cinq indirects, disent tous la même chose. Le rôle de Bernard Sainz, c'est de la rédaction de protocoles de dopage qu'il dicte" au coureur, a estimé Joséphine Lecardeur, vice-procureur de la République. Et "c'est une activité très rémunératrice", a ajouté la magistrate citant un dépôt d'espèces de 70.000 euros sur le compte de l'ex-épouse de celui qui se présente comme un "spécialiste des médecines douces".
Bernard Sainz, 73 ans, est poursuivi pour incitation au dopage dans cette affaire qui concerne le cyclisme amateur et dans laquelle comparaissent onze personnes au total. "J'ai cette caricature diabolique de dopeur. Mais qu'est ce qu'il y a de concret ? Rien", s'est défendu à la barre le principal prévenu, qui n'a pas de compte en banque. "Soit vous n'avez rien fait, soit vous êtes très malin", a résumé le président du tribunal Christophe Subts.
"Si on parle sur Sainz, on est grillé"
Le prévenu Fabien Taillefer, cycliste dopé repenti, est à la barre lui aussi catégorique. Il "confirme" que Bernard Sainz a selon lui conseillé son père Fabrice Taillefer, ex-coureur et prévenu lui aussi, pour la prise d'hormones de croissance. Pourquoi l'ancien coureur n'a-t-il pas dénoncé Sainz dès le début de l'enquête ? "Je ne savais pas si je referais du vélo. Beaucoup de présidents de clubs connaissent Sainz. C'est la même génération. Si on parle sur Sainz, on est grillé", poursuit Fabien Tailler vainqueur en 2007 du Paris-Roubaix juniors, avant de se doper.
Bernard Sainz n'en est pas à sa première condamnation. En 2014, il a été condamné par la cour d'appel de Paris à deux ans de prison dont vingt mois avec sursis, notamment pour incitation au dopage et exercice illégal de la médecine en 1998. En 2013, la cour d'appel de Caen l'a elle condamné à 3.000 euros d'amendes pour exercice illégal de la médecine et travail dissimulé dans une affaire liée à des pratiques de dopage de chevaux.
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